By Poussin [bitterlym@yahoo.fr]
Rated PG
Submitted June 2015
Summary: Superman vient d’annoncer son mariage… mais pas avec Lois Lane ! Comment Lois va-t-elle réagir ? Lisez et découvrez-le. Une fanfic écrite en français.
Story Size: 35,590 words (207Kb as text)
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CHAPITRE 1 : Le message
Comme chaque soir, Andrea rentra chez elle, seule. Elle n’avait personne avec qui partager sa vie. Elle avait décidé il y a longtemps que son travail était plus important que sa vie sociale. Et puisque son travail était dangereux, cela aurait été irresponsable de sa part de fonder une famille de toute façon.
Mais parfois, comme ce soir-là, elle pensait que ce serait génial d’avoir un petit-ami qui attendrait qu’elle rentre à la maison. Quelqu’un à qui parler de sa journée au travail. Quelqu’un qui l’aiderait à décompresser.
Elle y avait pensé toute la journée. Peut-être avait-elle tort de considérer sa carrière plus importante que sa vie personnelle. Et lorsqu’elle rentra finalement chez elle, elle se sentit déprimée à la vue de son appartement vide.
La plupart du temps, ça allait, mais certains jours, elle ne voulait plus être seule, et elle se mit à douter que son travail en valait la peine.
Elle mit une pizza dans le micro-onde et s’assit dans la cuisine en attendant la sonnerie qui lui signalerait qu’elle peut manger. Tandis qu’elle attendait, elle pensa que peut-être elle se sentait comme ça parce que rien n’était arrivé au travail depuis un bon moment. Elle était devenue officier de police parce qu’elle voulait attraper les « mauvais garçons », alors quand il n’y en avait pas à attraper, après quelques jours, elle commençait à penser que son travail ne valait pas le sacrifice de sa vie privée.
Elle était une jeune et jolie fille, et elle pourrait se trouver un petit-ami facilement si elle le voulait, alors quand le taux de criminalité était aussi bas à Metropolis, elle avait vraiment du mal à se souvenir pourquoi son travail était plus important.
La sonnerie de son téléphone interrompit ses pensées.
« Andrea Flynn », dit-elle d’une voix fatiguée lorsqu’elle décrocha le combiné.
« Andrea, c’est Murray. »
Aussitôt, Andrea oublia sa mauvaise humeur et sentit une montée d’adrénaline. Son cœur battit plus vite. Elle connaissait Murray depuis des mois. Il vivait dans la rue, et il entendait toujours des choses très intéressantes. Quand il l’appelait, c’était toujours parce qu’il se passait quelque chose. Peut-être que la ville n’était pas si calme après tout…
« Oui, Murray. Que se passe-t-il ? »
« J’ai entendu quelque chose qui devrait t’intéresser. Mais c’est vraiment gros, alors j’ peux pas t’dire au téléphone. Viens me voir, tu vas pas le regretter. J’suis pratiquement sûr q’tu vas l’avoir cette promotion q’tu voulais après ça. »
« Je serai là dans une demi-heure. Attends-moi. »
Oubliant la pizza dans le micro-ondes, elle enfila son manteau et ses chaussures et sortit avec le sourire. Elle se souvenait très bien maintenant pourquoi son travail était important. Même si les criminels pouvaient se faire discrets parfois, ils étaient toujours là.
Et de toute façon, si elle avait un petit-ami, il serait plutôt chagriné là tout de suite de la voir ressortir à cette heure-là de la nuit pour son travail, ajouta-t-elle mentalement pour elle-même. C’était définitivement mieux comme ça.
Sur la route, elle sourit de nouveau, en se souvenant du commentaire de Murray sur la promotion qu’elle attendait.
Elle était juste un officier de police qui avait terminé ses classes un peu plus d’un an plus tôt, juste avant que Superman arrive en ville. Elle était la meilleure étudiante de l’académie de police, donc elle avait été envoyée directement au commissariat central de Metropolis après les examens. Depuis lors, elle travaillait pour l’inspecteur Henderson. Elle l’aimait bien, il était son ami et un bon détective. C’était génial de travailler avec lui.
Mais depuis l’enfance, elle rêvait de devenir inspecteur de police, elle aussi, et de faire toutes ces choses qu’elle voyait dans les films policiers : travailler sous couverture, préparer un piège pour les criminels…
En grandissant, elle comprit que le travail d’un détective de police n’était en rien comme dans les films, mais elle voulait toujours devenir inspectrice. Elle espérait que son patron, l’inspecteur Henderson l’aiderait à obtenir la promotion qu’elle voulait. Et pour le convaincre qu’elle ferait une bonne inspectrice, elle décida de l’aider dans son travail de toutes les façons qu’elle pouvait.
Elle commença à développer des amitiés, ou au moins à fréquenter des gens qui connaissaient des gens… pour savoir ce qui se passait dans la rue. Murray était l’un d’eux. Il était une source très fiable. Il ne lui avait jamais raconté quoi que ce soit qui ne soit pas vrai. C’était un type bien, et s’il lui disait qu’il savait quelque chose d’important, elle pouvait lui faire confiance.
Elle n’avait pas le moindre indice de ce que ce serait, mais elle était sûre qu’Henderson serait content quand elle lui raconterait ce que Murray allait lui dire ce soir. Et peut-être que bientôt, elle deviendrait inspectrice.
***
La sonnerie du téléphone réveilla Clark au beau milieu d’un rêve très plaisant à propos de Loïs. Il regarda son réveil. 3h18 du matin. Il soupira mais décrocha tout de même le téléphone. Qui d’autre à part Loïs pourrait bien lui téléphoner à 3h18 du matin. Et sûrement qu’entendre réellement sa voix est mieux que de rêver de… euh… ou peut-être pas.
« Oui ? »
« Clark Kent ? » demanda une voix masculine. La voix lui était familière, mais n’appartenait définitivement pas à Lois.
« Oui. Qui êtes-vous ? »
« Inspecteur Henderson. »
Clark était incrédule.
« Inspecteur Henderson ? Il est 3h18. »
« Vraiment, Kent ? Désolé, c’est important. Pouvez-vous contacter Superman rapidement et discrètement ? »
« Superman ? Pourquoi ? Qu’est-ce qui se passe, Inspecteur ? »
« Désolé, Kent. Je ne peux pas vous le dire. Pouvez-vous contacter Superman ? »
« Oui. Il sera au commissariat dans quelques minutes. Je le contacte tout de suite. »
« Merc… Non, Kent, attendez. Patientez une seconde, s’il-vous-plait. »
Pendant que Clark attendait, il pouvait entendre Henderson parler à quelqu’un d’autre, une femme, mais il ne comprenait pas ce qu’ils disaient, même avec sa super-écoute. Il devint anxieux. Henderson ne lui avait jamais téléphoné avant pour demander après Superman. Apparemment, il se passait quelque chose de vraiment sérieux.
« Kent ? Vous êtes toujours là ? »
« Oui, Inspecteur. »
« Désolé de vous avoir réveillé à cette heure-là. Finalement, je ne vais pas avoir besoin que Superman vienne tout de suite. Pourriez-vous lui dire de venir ce soir au commissariat ? À vingt heures, ce serait parfait. »
« Vous êtes sûr ? Il peut être là dans une minute. »
« Oui, je suis sûr. J’ai besoin de faire certaines choses avant qu’il vienne. »
« D’accord, Inspecteur. Je lui passerai le message. »
« Merci, Kent. Oh, et… Ne dites rien à Lane. Ne dites rien à personne, mais encore moins à votre partenaire. Je peux compter sur vous ? »
« Oui. »
« Encore merci. Bonne nuit, Kent. »
Alors que le policier raccrocha, Clark était vraiment perplexe. Quelque chose allait mal, vraiment mal. Et il ne saurait pas quoi avant de nombreuses heures. Pourquoi Henderson veut-il voir Superman ? Et pourquoi autant de discrétion ? Le commentaire à propos de ne rien dire à Lois l’inquiéta encore plus. Mais que se passe-il ?
Clark se leva de son lit, et enfila son costume de Superman. Il savait qu’il ne serait pas capable de dormir davantage cette nuit-là. Il avait besoin de faire une patrouille au-dessus de la ville pour s’assurer que tout était toujours aussi calme. Et peut-être vérifier l’appartement de Lois également. Juste pour être sûr qu’elle allait bien.
Il s’élança vers le ciel, tendu, tous les souvenirs de ses beaux rêves sur Lois oubliés.
***
Clark arriva très tôt au Planet. Jimmy et quelques autres collègues parurent surpris de le voir. Il avait l’habitude d’être en retard. Et même quand il arrivait à l’heure, il arrivait toujours après Lois, sauf quand elle venait à son appartement le chercher en voiture pour aller au travail ensemble. Mais ce jour-là, il était là avant elle, et c’était vraiment la toute première fois.
Il était tellement absorbé par ses pensées qu’il ne remarqua même pas la surprise de ses collègues.
Sa patrouille au-dessus de la ville n’avait rien révélé. Tout était très calme à Metropolis, mais de toute évidence il se tramait quelque chose. Henderson ne lui aurait pas téléphoné au milieu de la nuit pour rien. Mais il ne parvenait pas à trouver ce qui n’allait pas.
Il a parlé à ses sources, mais personne ne savait quoi que ce soit. Apparemment, tout était aussi calme que ce qu’il paraissait, mais de toute évidence ce n’était pas le cas. Lorsqu’il avait vérifié l’appartement de Lois durant sa patrouille, il a vu deux types attendant dans une voiture devant son immeuble. Il connaissait ces types. C’était des policiers, ils travaillaient pour Henderson, et ils étaient en train de surveiller l’appartement de Lois habillés en civil.
Voir cela n’avait pas calmé son anxiété. Henderson ne ferait pas une chose pareille sans une vraie raison. Alors pourquoi faisait-il espionner Lois ?
Il regarda l’heure. Seulement 8h04. Il avait encore douze heures à attendre avant de savoir.
***
Lorsqu’il vit Lois sortir de l’ascenseur, il se donna mentalement un coup. Il devait agir normalement ou Lois devinerait que quelque chose n’allait pas, et Henderson avait été très clair à ce sujet. Lois ne devait rien savoir.
Il resta tout de même en alerte tout le temps, prêt à la protéger en cas de danger. Mais la journée de travail s’écoula plutôt bien. Rien ne se produisit, et Clark commençait à devenir fou. Il se méfiait de tout, puisqu’il ne savait pas quel était le danger. Et pourtant, il devait bien y en avoir un. Quand Lois et lui sortirent du bureau du maire après l’interview que celui-ci leur avait donné, il remarqua deux autres hommes qui les suivaient.
Il les connaissait aussi. C’était encore des hommes d’Henderson. Il les avait déjà rencontrés plusieurs fois alors qu’il était sur des scènes d’urgence en tant que Superman.
Juste… Mais qu’est-ce qui pouvait bien se passer ?
***
CHAPITRE 2 : La petite-amie de Superman
Clark marchait de long en large dans son appartement, repensant encore et encore à la conversation téléphonique qu’il avait eu avec Henderson la nuit précédente. Le détective n’avait pas dit grand chose, mais le peu qu’il avait laissé passer était en train de rendre Clark complètement fou. Il se sentait inutile. Il savait que quelque chose allait sérieusement mal. Quelque chose qui concernait Lois. Quelque chose qui requérait la présence de Superman. Si l’année écoulée était la moindre indication, elle était encore en danger.
Et ce danger devait être très réel. Henderson n’avait jamais essayé de contacter Superman par le biais de Clark avant ça. Il n’avait jamais téléphoné à Clark au milieu de la nuit non plus. Et, par-dessus tout, il n’avait jamais fait suivre Lois par des policiers toute la journée, ni fait surveiller son bâtiment.
Il était donc plus que probable que Lois courait un danger très sérieux. Il devait faire quelque chose, l’aider ! Il ne pouvait pas rester dans son appartement à s’inquiéter. Mais il n’avait pas le moindre indice sur ce qui se passait. Il avait besoin de parler à Henderson.
Il décida d’aller au commissariat discuter avec le détective, et se changea en Superman à toute vitesse avant de réaliser qu’il n’était que 18h27. Henderson voulait lui parler à 20h. Il avait dit qu’il avait des choses à faire d’abord. Peut-être que c’était important de le laisser finir ces choses avant d’y aller… donc, encore une heure et demi à attendre.
Se changeant de nouveau en Clark, il s’assit devant l’écran de télévision et essaya de se concentrer sur le match de basket qui était rediffusé, mais il ne pouvait penser à rien d’autre. Il avait besoin d’aider Lois. Il regarda l’heure une fois de plus. 18h33.
« Oh bon dieu ! Pas plus tard que ça ? »
Il grogna.
Il ne pouvait plus le supporter. Il prit sa décision et se changea en Superman une fois de plus. Même s’il devait attendre avant de pouvoir parler à Henderson, il pouvait toujours aller vérifier que Lois allait bien. Il en avait besoin. Il avait besoin de voir qu’elle était saine et sauve.
Depuis son balcon, il se lança dans le ciel de Metropolis, vers l’immeuble de sa partenaire.
***
Assis sur le toit du bâtiment en face de celui de Lois, Superman regardait à travers les murs de l’appartement de Lois. Lorsqu’il était arrivé, elle était assise sur son canapé, travaillant sur son ordinateur portable. Probablement faisant des recherches pour l’une de leurs futures investigations. Puis il la vit éteindre son ordinateur et regarder la télévision. Un soap insipide, La tour d’ivoire.
Ça l’avait fait sourire. Mais il avait un peu honte de l’espionner comme ça. Elle ne voulait probablement pas que qui que ce soit sache qu’elle regardait une chose pareille. Alors, il arrêta de regarder à travers ses murs et remarqua les deux policiers qui étaient encore là, dans leur voiture dans la rue. Perdre le contact visuel avec Lois, ajouté au rappel de la présence des policiers, le rendit nerveux de nouveau.
Pour se réassurer une fois de plus, il regarda encore dans l’appartement de Lois. Elle allait toujours bien. La voir comme ça le calma un peu, mais il ne pouvait pas s’empêcher d’être anxieux.
Il vérifia l’heure une fois de plus. 19h51. Bientôt. Bientôt, il saurait. Il regarda Lois de nouveau, toujours tranquillement assise devant la télévision, totalement inconsciente du trouble qui agitait son esprit, ou du danger qui la menaçait. 19h52. Peut-être qu’avoir huit minutes d’avance était acceptable. De toute façon, Henderson avait probablement fini ce qu’il devait faire.
Impatient de parler au détective, Superman s’envola en direction du commissariat central.
***
Superman atterrit près du poste de police, et entra dans le bâtiment, impatient d’entendre ce qu’Henderson avait à dire.
Le policier derrière le bureau d’accueil leva les yeux des mots croisés qu’il faisait dans le journal ouvert devant lui, et sursauta presque lorsqu’il vit Superman se dresser juste devant le comptoir. Mais avant qu’il ne puisse dire quoi que ce soit, le super héro se mit à parler.
« Bonsoir. Pourrais-je voir l’inspecteur William Henderson, s’il-vous-plait ? Je crois qu’il m’attend. »
Le jeune homme regagna rapidement sa contenance.
« Vraiment ? Je ne sais pas. Il n’a rien dit. Mais je suis sûr qu’il acceptera de vous voir. En fait, il est toujours dans son bureau. Je vais le prévenir que vous êtes là. Attendez s’il-vous-plaît. »
« Merci. »
Il regarda le jeune policier s’éloigner, et attendit qu’il revienne. Il ne fut pas long. Henderson l’accompagnait, et après avoir salué Superman, lui demanda de le suivre dans son bureau.
Lorsque Superman entra dans la pièce, il vit une jeune femme assise sur une chaise qui attendait. Il était surpris. Henderson lui avait demandé de la discrétion, et une femme était là qui en savait probablement plus que lui sur ce qui se passait. Il la connaissait. Il l’avait déjà vue à de nombreux sauvetages. C’était un officier de police qui travaillait avec Henderson. Encore un.
Le bruit du verrou le fit se retourner vers Henderson qui était entré dans le bureau derrière lui et qui venait de verrouiller la porte. L’inspecteur s’assit sur la chaise de son bureau, en face de la jeune femme, et désigna l’autre siège à Superman, l’invitant à s’asseoir.
Il s’assît, et le policier fit les présentations.
« Superman. Andrea Flynn… »
Superman la salua d’un mouvement de la tête, mais son impatience devenait trop forte, et il l’interrompit.
« Qu’est-ce qui se passe, Inspecteur ? Pourquoi vos hommes ont-ils suivi mademoiselle Lane toute la journée, et pourquoi surveillent-ils son immeuble ? »
« Vous les avez vus ? » demanda Henderson.
« Evidemment, Inspecteur. Que se passe-t-il ? Elle a des ennuis ? »
« Oui, et non. Elle n’a pas d’ennuis dans le sens ‘suspecte d’un crime’. Là-dessus, je peux vous rassurer. Mais elle a des ennuis. Elle est en danger. Mes hommes la suivent pour la protéger. C’est un peu de ça dont je voulais vous parler. Avez-vous déjà entendu parler d’Intergang, Superman ? »
Là, la conversation devenait intéressante, et le policier avait toute l’attention de Superman. Le super héro fronça les sourcils et répondit :
« Non. Jamais. Qui sont-ils ? »
« C’est le problème. Nous ne le savons pas. Personne ne sait qui est derrière Intergang. C’est une très puissante organisation criminelle qui mène des affaires illégales partout dans le monde. Interpol et toutes les polices de la planète travaillent sur eux, mais sans aucun résultat jusque là. »
« Et… vous voulez mon aide. Quel est le lien avec mademoiselle Lane ? »
« Intergang était miraculeusement absent de Metropolis jusque très récemment. Bien sûr, nous savons maintenant que c’était Luthor qui les empêchait de faire leurs affaires ici, mais depuis qu’il est mort il y a cinq mois de ça, ils essaient de s’installer. Leur seul problème, c’est vous, Superman. Même sans le savoir, vous avez arrêté plusieurs des activités criminelles qu’ils essayaient de développer. C’est là que Lois entre en scène. »
L’inspecteur de police fit une pause dans ses explications, réfléchissant à un moyen de dire au super héro la suite, mais Superman était vraiment trop impatient de savoir ce qu’Intergang voulait à Lois.
« Inspecteur ? » insista Superman impatiemment.
« Oui, Superman. J’arrive au sujet. L’agent Flynn a une source, très fiable, qui l’a contactée la nuit dernière et lui a dit qu’Intergang en avait marre de vos interventions, et souhaitait les empêcher. »
À ça, Superman ne put s’empêcher de glousser. Le vieil inspecteur, ainsi que la jeune policière le regardèrent, surpris.
« Désolé. Mais je crois que c’est le vœu de tous les criminels de Metropolis, et de quelques autres pays aussi. » répliqua Superman.
« Oui, mais Intergang a un plan pour y parvenir », le coupa Henderson.
Immédiatement, Superman redevint sérieux. Lentement, il parla.
« Un plan… concernant mademoiselle Lane. Ils pensent à la mettre en danger à chaque fois qu’ils ne me veulent pas dans les parages, ou quelque chose comme ça ? Inspecteur, plusieurs criminels ont déjà essayé ça. J’ai toujours été capable de les arrêter. Pourquoi pensez-vous que ça sera différent cette fois-ci ? »
« Parce que ce n’est pas exactement ce qu’ils veulent faire. Ils veulent kidnapper Lane, et la retenir quelque part pour toujours. Et ils ne veulent pas que vous vous fondiez dans le décor pour les laisser faire ce qu’ils désirent. Ils veulent que vous travailliez pour eux. Et donc contre la ville, les Etats-Unis, et le Monde dans son ensemble. C’est de cette façon qu’Intergang fonctionne. Ils sont puissants parce qu’ils trouvent toujours un moyen d’obliger les gens puissants à travailler pour eux. Vous êtes leur nouvelle cible. »
Tout le temps qu’Henderson avait passé à lui expliquer le plan d’Intergang, Superman réfléchissait à la situation. Il n’accepterait jamais de travailler pour une organisation criminelle, à n’importe quel prix. Le fait même qu’Intergang puisse l’envisager le faisait douter de leur efficacité. Et le fait que la police considérait sérieusement cette possibilité le mettait légèrement en colère. Il avait prouvé déjà ce qu’il pensait du chantage des criminels.
Mais dans le silence qui suivit la fin de l’explication, Superman repensa encore à la situation. Si Lois était entre leurs mains, et qu’il ne puisse rien faire pour la retrouver et la sauver — et ils s’assureront probablement que ce ne soit pas le cas — il savait qu’il ferait n’importe quoi pour la garder saine et sauve. Evidemment, il essaierait tout et n’importe quoi pour la retrouver et la sauver, jusqu’à ce qu’il y parvienne, mais entre temps, il savait qu’il ferait ce qu’ils voudraient.
<Mais c’est parce que c’est Lois ! Je ne suis plus rien sans elle ! > argumenta-t-il avec sa conscience.
Finalement, résigné, Superman brisa le silence.
« Pourquoi faut-il toujours que ce soit Lois ? »
La question était purement rhétorique, mais Henderson parut presque embarrassé de l’avoir entendu. Après quelques secondes, Andrea prit la parole pour la première fois depuis le début de la conversation. Doucement, elle répondit à la question comme si elle énonçait une évidence.
« Parce qu’elle est votre petite-amie. »
***
Chapitre 3: Ce n’est pas ce qu’il paraît…
Dans le silence du bureau, cette affirmation tranquille sembla faire écho. C’était l’impression que Superman avait, comme si les mots n’arrêtaient pas de se répéter dans sa tête. Il resta stupéfié un moment avant de réaliser les implications qu’entraînerait le fait d’être lié de la sorte à Lois.
Après quelques secondes d’un silence choqué, il retrouva suffisamment ses esprits pour nier.
“Non, ce n’est pas le cas. Mademoiselle Lane n’est pas ma petite-amie.”
Il se détestait. Il n’était même pas capable de nier en gardant sa voix stable. Pourtant c’était vrai, elle n’était pas sa petite-amie, alors pourquoi était-il aussi difficile d’avoir l’air convaincant? Et de toute évidence, il avait échoué à convaincre cette femme, qui le regardait en haussant les sourcils, le doute clairement écrit sur son visage. Même Henderson n’avait pas l’air de le croire.
Superman se sentit rougir, mais il persista.
“Vraiment. Nous ne sommes pas ensemble. Nous n’avons pas ce genre de relation. Ce n’est pas ma petite-amie. C’est juste une amie. C’est sur, elle est petite…”
<Oh génial! Je babille maintenant! Je passe beaucoup trop de temps avec Lois! >
Il s’arrêta au milieu de sa phrase, ne voulant pas dire des choses qu’il regretterait ensuite, et rougit encore plus lorsqu’il réalisa qu’Henderson était maintenant franchement amusé par ses tentatives de dénégation. Il pensa que son visage était probablement assorti à sa cape maintenant.
Un peu exaspérée, Andrea soupira et reprit la discussion, clairement prête à ruiner son démenti. Sur un ton faussement patient, elle commença à exposer ses arguments.
“Superman, je travaille ici depuis un an et demi. Je suis arrivée ici un peu avant vous. La première fois que je vous ai vu, il y avait un braquage à la banque, fait par des “hommes invisibles”. Vous les avez rendus visibles, pour que nous puissions les arrêter. Vous voulez savoir ce que j’ai vu d’autre ce jour-là? Je vous ai vu détruire l’un des murs de la banque pour entrer dans le coffre-fort. Il y avait des otages à l’intérieur, qui étaient en train de suffoquer. Vous leur avez sauvé la vie en explosant ce mur. Certains collègues et moi-même sommes entrés dans la pièce juste après vous pour aider les victimes à sortir. Et vous ne sembliez même pas conscient du fait qu’il y avait des gens là, à part la femme que vous teniez dans vos bras. Vous la serriez dans vos bras comme si votre vie en dépendait. Elle était de toute évidence très spéciale pour vous. Je l’avais déjà vue souvent auparavant sur plusieurs lieux de crimes mais à ce moment-là, je ne savais pas encore qui elle était. Plus tard, j’ai su que c’était Lois Lane, une célèbre journaliste du Daily Planet. Vous n’avez jamais regardé ceux qui étaient prisonniers avec elle. Vous l’avez juste prise dans vos bras, et vous l’avez portée à l’extérieur comme si elle était ce que vous avez de plus précieux dans la vie.”
Superman se rappelait très bien la scène. Il avait eu tellement peur qu’elle ne meure qu’il avait peut-être été un peu négligent avec les autres, mais pas à ce point-là! Il était parfaitement conscient qu’il y avait d’autres personnes dans la pièce; ça avait été assez difficile comme ça de se retenir de l’embrasser devant eux tellement il était soulagé de ne pas l’avoir perdue.
Mais Andrea ne lui laissa pas le temps de protester et de se défendre. Sans lui donner le temps de parler, elle continua à exposer ses arguments.
“J’étais là aussi, lorsque le juge vous a ordonné de quitté Metropolis parce que tout le monde pensait que vous étiez la cause de la vague de chaleur. J’étais là pour contenir la foule. Et je vous ai vu vous arrêter juste devant Lois Lane. Elle était sur le point de pleurer. Vous avez pris son visage dans votre main et vous lui avez caressé la joue. Un geste très tendre. Le geste d’un homme amoureux, vous ne pouvez pas le nier.”
Superman se souvenait de ce jour-là très clairement aussi. Oui, c’était le geste d’un homme amoureux, tout comme le baiser qu’il lui avait donné plus tard au Planet, mais… est-ce qu’il était aussi évident que ça qu’il était amoureux? Zut, il y avait beaucoup de journalistes qui étaient là, en plus de la foule de manifestants. Waouh. Peut-être devrait-il faire un peu plus attention à l’avenir.
“Superman, j’étais même assez proche de vous dans cette foule pour vous avoir entendu soupirer à ce moment-là.”
A ça, Superman se sentit rougir encore plus furieusement, mais Andrea continua de parler sans le laisser répondre.
“Et le jour suivant, j’étais à la centrale nucléaire de la LexCorp pour assurer la sécurité de tous les officiels présents pour l’inauguration. Et je vous ai vu arriver en volant avec Lois dans vos bras.”
Cette fois-ci, il l’interrompit.
“Mais c’est elle qui a découvert qu’il y avait une fuite!”
“Oui, Superman. Mais vous n’aviez pas besoin qu’elle soit là pour arrêter cette fuite. La prendre avec vous n’était pas nécessaire. En fait, je suis même pratiquement sûre que ça a dû vous ralentir. Vous ne pouvez pas voler aussi vite que vous le pouvez si vous avez un humain avec vous, pour sa sécurité. Alors pourquoi l’emmener avec vous si ce n’est pas parce que vous aimez l’avoir avec vous?”
Il resta silencieux. Il ne savait pas quoi dire. Elle avait marqué un point. Il n’avait pas besoin que Lois soit là. Il l’avait juste emmenée avec lui sans vraiment y penser. Ça semblait être la chose naturelle à faire quand elle lui avait expliqué ce qu’elle avait découvert. Et il aimait définitivement l’avoir avec lui.
Heureusement, Andrea n’attendit pas qu’il réponde à la question avant de continuer à parler.
“Plus ou moins une semaine plus tard, j’ai été envoyée à l’aéroport avec quelques-uns uns de mes collègues pour arrêter une femme dont le nom m’échappe. Lex Luthor avait prévenu la police que cette femme voulait asperger la ville entière avec un produit toxique. Et lorsque j’étais là-bas, je vous ai entendu, comme tous ceux qui étaient là, déclarer votre amour à Lois et l’embrasser passionnément.”
Superman l’interrompit une seconde fois.
“J’ai une explication pour ça!”
Il s’arrêta brusquement en entendant le gloussement qu’Henderson avait laissé échapper. Le vieil homme essaya immédiatement de le cacher en toussant.
<Génial! Maintenant j’ai l’air de ne pas avoir d’explications pour le reste! Réfléchis! >
Avant qu’il ne puisse s’expliquer davantage, Andrea reprit la parole.
“Oui, ce produit toxique rendait les gens fous amoureux…”
Heureux qu’au moins ce point-là soit clair, il s’exclama: “Oui, exactement!”
Mais il pensa qu’il s’était peut-être montré d’accord avec elle trop vite lorsqu’elle termina ce qu’elle disait.
“… en tout cas, ceux qui éprouvent déjà une attirance pour l’autre, si on en croit ce que nos experts scientifiques disent.”
Il sentit une vague de chaleur le submerger, et il sut qu’il était devenu encore plus rouge. Et le son du rire qu’Henderson essayait de cacher n’aidait pas. Etait-il possible d’être plus rouge que sa cape, se demanda-t-il brièvement avant qu’elle ne recommence de nouveau son témoignage chronologique sur sa relation avec Lois.
“En fait, ce n’est pas la seule fois que je vous ai vus vous embrasser, tous les deux. Vous vous souvenez bien sûr de ce météore que vous avez détruit. J’étais là aussi. Je faisais partie du cordon de police qui empêchait les journalistes et la foule d’approcher trop près.”
<Oh mon Dieu! Je l’ai vraiment embrassée devant des journalistes du monde entier? Oh mon Dieu! >
Apparemment inconsciente de l’esprit agité de Superman, Andrea continuait de parler.
“J’étais celle à qui vous avez dit de laisser passer Lois. Vous avez dit, et je cite, qu’”elle était avec vous”. Et vous l’avez embrassée juste avant de…”
“OK, ça suffit! J’ai compris où vous voulez en venir. Je sais ce qui s’est passé, j’étais là aussi. Et en fait, c’est ELLE qui m’a embrassé. Mais VRAIMENT, ce n’est PAS ma petite-amie. Ce n’est pas ce qu’il paraît…”
Même lui était capable de voir à quel point cette défense était faible après tout ce dont elle avait été témoin, et pourtant, c’était la vérité. Lois n’était pas sa petite-amie. Il aimerait bien… mais ce n’était pas le cas.
Andrea était toujours insistante.
“Superman, peut-être que vous n’êtes pas en couple, mais elle est amoureuse de vous, et vous êtes amoureux d’elle. C’est suffisant pour…”
Henderson entra dans la conversation, apaisant.
“Superman, peu importe ce que la police pense de votre relation avec Lois. Nous sommes du même côté. Nous ne voulons pas lui faire du mal pour vous contrôler, ne vous inquiétez pas. Ce qui importe ici, c’est qu’Intergang croit qu’elle EST votre petite-amie. Et je ne pense pas que votre démenti serait suffisant pour les convaincre de la laisser tranquille.”
Superman y réfléchit un instant et proposa:
“Je peux arrêter de me montrer amical avec elle en public comme je l’ai fait, et arrêter de lui donner des exclusivités aussi, mais elle transformera ma vie en cauchemar. Vous connaissez Lois, Inspecteur… Elle me chassera jusque la mort pour une exclusivité. Qu’est-ce que je peux faire?”
“Oui, je la connais. De toute façon, nous avons besoin que vous fassiez plus que seulement arrêter de lui donner des exclusivités. Pour convaincre les criminels que Lois n’est pas votre petite-amie, vous devrez faire beaucoup plus que ça. Mais vous avez de la chance, j’ai un plan.”
***
CHAPITRE 4: Le plan
D’accord, Henderson avait toute l’attention de Superman. Il se pencha en avant, voulant en entendre plus, mais l’inspecteur restait silencieux, regardant le super-héros dans les yeux.
“Un plan?” répéta Superman.
“Oui, Superman. Un plan qui protégerait Lois en convainquant Intergang qu’elle n’est pas votre petite-amie, et qui donnerait à la police une chance d’identifier les criminels derrière cette organisation, et de les arrêter. Pour la première fois, nous avons une chance de stopper Intergang.”
Superman était stupéfié. Si Henderson avait vraiment un plan pour faire tout ça, alors c’était une chance qu’ils ne pouvaient pas laisser passer. Arrêter une dangereuse organisation criminelle internationale, sans mettre la vie de Lois en danger, c’était un plan génial.
Mais quelque chose en lui le titillait toujours. Si le plan d’Henderson était aussi génial, pourquoi ne l’avait-il toujours pas annoncé? De toute évidence, il y avait un “mais” quelque part. Et Superman avait l’étrange impression qu’il n’allait pas l’apprécier. Henderson n’hésiterait pas autant à lui expliquer le plan si ce n’était pas le cas.
“Si vous êtes sûr que vous pouvez faire tout ça, c’est génial Inspecteur. Alors, à quoi pensez-vous?”
Superman remarqua qu’Henderson hésita une petite seconde avant de répondre, jetant un coup d’œil à Andréa, comme s’il ne savait pas exactement comment lui expliquer ce qu’il devait lui dire. Définitivement pas quelque chose qui lui plairait, pensa encore Superman.
“Je pensais à donner à un jeune officier de police qui rêve de travailler sous couverture une chance de réaliser son rêve.”
Henderson sourit à Andrea, qui lui sourit en retour, visiblement contente. Superman regarda d’un policier à l’autre. La réponse d’Henderson n’était pas exactement l’explication que Superman espérait. Mais quand même, il n’avait pas besoin d’être un génie pour comprendre que cette femme, Andrea Flynn, ferait partie de ce plan mystérieux.
Superman venait juste d’ouvrir la bouche pour demander à l’inspecteur quel était exactement le plan, quand Henderson se tourna vers lui et parla de nouveau. Son ton était habituel et amical, comme s’il avait tout oublié des affaires importantes dont ils étaient sensés discuter.
“Superman, avez-vous déjà pensé au mariage?”
Superman était vraiment pris au dépourvu par cette question, très surpris par l’abrupt changement de sujet dans la conversation. Et c’était une conversation qu’il ne voulait pas avoir, avec personne, et encore moins avec les deux policiers devant lui, mais maintenant que la question était posée, comment pouvait-il éviter d’y répondre et protéger l’image de Superman? Il ne voulait pas que les gens commencent à penser à Superman comme à un type ordinaire. S’ils commençaient à le voir de cette façon, ça ne leur prendrait pas longtemps avant de voir à travers son déguisement… Et il savait qu’il ne pourrait pas être crédible s’il mentait et disait qu’il n’y avait jamais pensé alors qu’il ne faisait que rêver du jour où il pourrait épouser la femme qu’il aimait…
Clark remua inconfortablement sur son siège, priant pour qu’Henderson revienne sur le sujet avant que la pause dans la conversation ne s’étende et qu’un silence embarrassant s’installe. Heureusement, il n’eut pas besoin de répondre. Henderson reprit la parole, comme s’il n’avait pas remarqué l’absence de réponse de la part de Superman. En fait, il semblait complètement oublieux de la présence du super héro, complètement perdu dans les souvenirs ramenés à la surface par ce nouveau sujet de conversation.
“J’ai été marié une fois. C’était une institutrice. Elle était géniale. Nous avons eu deux enfants, vous savez. Ma famille était la chose la plus importante de ma vie. Une fois, un type, un criminel a essayé de les tuer. J’avais mis son frère en prison, et il voulait se venger. Sa famille contre la mienne. J’ai eu de la chance, il a échoué. Mais vous savez comment est la vie pour un inspecteur de police. Vous n’êtes jamais sûr de l’heure à laquelle vous pourrez rentrer chez vous. Vous êtes appelé au milieu de la nuit. Vous vous faites menacer, tout comme votre famille, presque chaque jour. Ma femme en avait assez de tout ça, et il y avait des problèmes dans notre mariage. Alors quand ce type a essayé de la tuer, elle et les enfants, elle est arrivée à bout et elle a demandé le divorce.” expliqua Henderson d’une voix douloureuse. “Elle a la garde. C’était il y a longtemps. Les enfants vont à l’université maintenant”, ajouta-t-il plus sobrement, regardant de nouveau Superman, comme s’il venait de se souvenir qu’il n’était pas seul.
Superman pouvait comprendre pourquoi la menace contre Lois avait rappelé à Henderson les souvenirs de sa propre situation, mais il était quand même embarrassant de l’écouter raconter une histoire aussi personnelle, et il ne voulait pas vraiment en entendre davantage. C’était bien trop proche de tout ce qu’il redoutait lui-même pour ceux qu’il aimait. Ses parents. Ses amis. Lois…
Il ne voulait pas non plus que la conversation continue à ce niveau personnel où elle avait terminé, il ne savait trop comment. Il ne voulait pas répondre à la moindre question à propos de sa vie personnelle, pas quand il était là en tant que Superman. Et définitivement pas quand il avait échoué de façon aussi pathétique à convaincre les deux policiers qu’il n’était pas le petit-ami de Lois.
Et plus que tout, il ne voulait pas perdre de vue le fait que la vie de Lois était mise en danger par les menaces d’Intergang, et il n’avait toujours pas la moindre idée de ce que le plan d’Henderson pouvait être, sauf qu’Andrea y jouerait un rôle, et qu’il n’allait probablement pas l’apprécier.
Il avait vraiment besoin de ramener la conversation sur le sujet.
“Inspecteur, je suis désolé, vraiment. Je suis sûr que c’est quelque chose d’horrible à vivre, mais pouvons-nous revenir sur le sujet qui nous préoccupe, s’il-vous-plait. Quel est votre plan?”
Il essayait vraiment de ne pas paraitre sans cœur ou impatient, mais ils avaient vraiment des choses plus importantes à discuter, et il devait rendre ça clair.
“Le sujet qui nous préoccupe? Mais c’est exactement de ça dont nous parlons, Superman. Quel meilleur moyen d’empêcher Intergang d’attaquer votre petite-amie — je veux dire… votre “juste amie” Lois” gloussa-t-il, “que de leur donner une meilleure cible? Et pour vous faire chanter, quelle meilleure cible que votre bien-aimée épouse?”
Peut-être qu’il était bouché, ou peut-être qu’il avait juste manqué quelques indices, mais il ne comprenait pas un traître mot de ce qu’Henderson racontait.
“Ma bien-aimée épouse? Mais je ne suis pas marié! Et même si je l’étais, je n’irais certainement pas courir sur les toits pour l’annoncer à toutes les organisations criminelles!”
Superman commença à se sentir un peu en colère. Il n’était pas marié, mais s’il l’était, comment Henderson pouvait-il suggérer qu’il demande à sa femme de risquer sa vie et de devenir une cible pour les criminels pour sauver Lois? Est-ce qu’il était fou? Est-ce qu’il n’avait donc rien appris de sa propre expérience? Mais étonnamment, Henderson souriait en écoutant Superman.
“Et je suis totalement d’accord avec vous, Superman! Bien sûr que vous devez protéger votre femme en gardant le secret si jamais vous vous marriez. Je suis avec vous à 110%. Protéger la femme que vous aimez et votre famille des criminels doit absolument être la chose la plus importante à considérer. Le problème est que, là tout de suite, votre hypothétique femme n’est pas celle qui est en danger. C’est la vie de Lane qui est en jeu. Et vous voulez changer ça, n’est-ce pas Superman?”
Oh, il jouait salement! Bien sûr qu’il voulait changer ça. Il l’aimait! Et lui qui pensait qu’Henderson avait compris que Lois était la seule qu’il voulait épouser un jour. Après tout, il n’avait pas semblé le croire lorsqu’il avait nié qu’elle était sa petite-amie.
“Bien sûr, Inspecteur, que je veux sauver mademoiselle Lane.”
“Et bien, avez-vous une autre idée pour empêcher Intergang de l’attaquer? Parce que moi, je crois vraiment que le meilleur moyen de pousser Lane dans l’ombre, c’est de mettre une autre femme sous la lumière.”
Superman commença à voir une idée se dégager, mais il était juste horrifié par cette pensée. Sûrement qu’Henderson n’était pas en train de dire ce qu’il pensait qu’il était en train de dire? Non… ça ne pouvait pas être le cas. Il avait deviné qu’il n’aimerait pas le plan, mais… si Henderson était vraiment en train d’impliquait ce qu’il craignait, alors il devait rendre très clair qu’il ne ferait jamais une chose pareille.
“Vous voulez… que je prétende être marié à une femme innocente qui deviendrait un appât pour les criminels, de façon à ce que vous puissiez les arrêter lorsqu’ils essaieront de la kidnapper? “
Henderson sourit de nouveau, amusé par le ton horrifié du super héro. Oui, il avait bien deviné, Superman n’aimait pas l’idée. Il devait faire très attention à abattre convenablement ses cartes pour le convaincre d’accepter.
“Pas une innocente femme, Superman, mais un officier de police bien entrainé dont c’est le travail. Et elle sera bien couverte par nos services. Ce sera l’une des nôtres, et nous ne laissons pas tomber nos coéquipiers. Ne vous inquiétez pas, elle sera en sécurité.”
Superman fronça les sourcils. Il n’accepterait jamais de faire une telle chose, et Henderson devait savoir que c’était totalement hors de question. Mais avant qu’il ne puisse lui dire quoi que ce soit, l’inspecteur reprit la parole.
“Elle sera complètement en sécurité”, répéta-t-il. “Et Lois Lane aussi.”
Superman serra les dents. Henderson jouait vraiment salement.
“Superman, aidez la police à faire son travail. Laissez cet officier de police faire son travail et prétendre être votre femme. Et aidez-nous à assurer la sécurité de Lane.”
Un officier de police… Est-ce qu’Henderson n’avait pas sous-entendu un peu plus tôt qu’Andrea aurait un rôle à jouer dans cette farce? Effrayé d’avoir deviné juste, Superman regarda la jeune femme silencieuse qui l’avait cuisiné un peu plus tôt sur sa relation avec Lois.
Henderson fixa Superman tandis qu’il regardait, incertain, du vieil inspecteur à Andréa, et vers lui de nouveau. Il sourit. Le super héro avait finalement compris, et même si l’expression de son visage exprimait très clairement ce qu’il pensait du plan, il n’avait toujours rien dit contre.
“Superman. Andrea. Je vous déclare maintenant mari et femme. Vous pouvez présenter la mariée au monde.”
***
CHAPITRE 5 : Le choix
Oh non, non, non, non, non, non, non ! C’était totalement hors de question.
« Oh non, Henderson. Jamais. Je ne le ferais pas. »
Le ton de Superman était catégorique. Son choix était fait, et il n’était pas ouvert aux options. Son expression résolue le fit comprendre à Henderson. Mais l’inspecteur de police savait qu’il devait le convaincre de jouer le jeu. C’était la seule chance que la police avait de stopper Intergang. Ils devaient le faire ! Il devait convaincre Superman d’accepter. Calmement, il répliqua :
« Pourquoi pas, Superman ? Vous savez que c’est le seul moyen de les empêcher de s’attaquer à Lois. »
« En fait, je ne le sais pas, Henderson ! Je crois qu’il y a forcément une autre solution, quelque chose d’autre que je peux faire, mais pas *ça*. Je ne le ferais pas. »
Maintenant, le super héro était presque fâché. Comment Henderson pouvait-il lui demander de faire quelque chose de si moralement questionnable ? »
« S’il y a un autre moyen, s’il vous plait dites-moi lequel, parce que je n’en vois pas d’autres. » insista Henderson.
Quelque chose n’allait pas. Le plan n’était pas si génial de toute façon, alors pourquoi le vieux policier refusait-il si obstinément d’essayer de trouver une autre solution ? Il ne lui avait pas tout dit.
« Pourquoi insistez-vous comme ça ? Pourquoi refusez-vous de réfléchir à d’autres options ? » Superman plissa les yeux, soupçonneux. « Que se passe-t-il, Henderson ? »
Immédiatement, Henderson parut coupable, et Superman sut qu’il avait raison. Il y avait autre chose de plus derrière tout ça. Mais le policier se reprit rapidement, et resta silencieux.
« Je pensais que vous aviez dit que nous étions du même côté ? »
Superman prit sa pose de super héro, celle qu’il utilisait pour intimider les criminels, et fixa Henderson du regard avec une sévérité délibérée. Lois était en danger, il voulait tout savoir de ce qui se passait, et s’il devait adopter une attitude menaçante pour avoir des réponses, ça lui convenait. Henderson sembla prendre une décision et soupira.
« J’ai des ordres. »
Sa réponse était courte et dite avec calme, mais Superman n’était pas sûr de l’avoir comprise correctement.
« Désolé, vous pouvez répéter ça ? »
Cette fois-ci, la réponse d’Henderson se fit plus ferme. « J’ai des ordres. Je dois vous faire accepter. »
Superman était stupéfait. Mais qu’est-ce que ça voulait dire ? Quelqu’un avait ordonné à Henderson de le convaincre de jouer le jeu ? Prétendre être marié avec un officier de police ? Mais pourquoi ? Ça n’avait aucun sens ! Henderson, voyant l’incrédulité sur le visage de Superman, reprit ses explications.
« Superman, vous devez savoir que les officiels de cette ville, et de ce pays, sont très inquiets à l’idée qu’Intergang puisse kidnapper Lois Lane. Vous pouvez nier que vous êtes ensembles autant que vous voulez, mais les faits restent que tout le monde sait qu’elle *est* votre petite-amie. » insista le vieux policier.
<Encore ça !>
« Mais nous ne sommes vraiment pas… » commença Superman, fatigué d’avoir encore à nier.
« D’accord » le coupa Henderson. « Alors disons que les faits restent que tout le monde croit qu’elle est votre petite amie. Et tout le monde sait que vous feriez *n’importe quoi* pour la sauver. J’ai tort ? »
Lorsque Superman secoua la tête pour lui signifier qu’il avait raison, Henderson continua.
« Donc ça veut dire qu’elle *est* un moyen de vous faire chanter, petite-amie ou non. Et les autorités de ce pays sont tout à fait conscientes du risque que vous pourriez devenir si jamais des criminels parvenaient à vous forcer à travailler pour eux. N’avez-vous jamais remarqué, Superman, que le National Whisper, le Dirt Digger, l’Inquisitor, et aucun autre tabloïd n’ont jamais écrit un mot sur votre relation avec Lois ? Ça n’a jamais été le sujet de l’émission Top Copy non plus. »
Non, il n’avait jamais remarqué que toutes les histoires écrites sur lui dans ces journaux ne mentionnaient jamais Lois. Mais il ne s’était jamais rendu compte non plus à quel point il dissimulait mal ses sentiments pour elle en tant que Superman avant qu’Andrea ne le lui fasse remarquer. Henderson ne s’arrêta pas de parler.
« C’est facile pour eux de créer un scandale à partir de rien ; et en ce qui concerne votre relation avec Lois, quelle qu’elle soit, ce n’est pas rien. » Henderson haussa les sourcils pour accentuer son point. « Et ce n’est pas comme s’ils n’avaient pas le matériel nécessaire. Il y a ce baiser juste avant que vous ayez intercepté Nightfall par exemple. Il y avait des caméras venues du monde entier, et pourtant, après coup, c’est comme si ce baiser n’avait jamais eu lieu. C’est étrange, vous ne trouvez pas ? » demanda Henderson, sarcastique.
Henderson avait raison. Il aurait dû faire plus attention. Il l’avait déjà reconnu, et il se jura de nouveau d’être plus prudent à l’avenir.
« Juste pour votre information, les propriétaires de tous ces journaux que j’ai cités, et le producteur de Top Copy, sont des amis du Président Garner. Des amis proches depuis que vous êtes apparus sur la scène. »
Waouh. Est-ce que la Maison Blanche travaillait vraiment à cacher sa vie amoureuse au public comme s’il s’agissait d’un secret de Sécurité Nationale ? Faisant le ménage derrière lui, en quelque sorte ? Il gloussa presque tellement il trouvait cette idée incongrue, puis il se sentit coupable. Bien sûr qu’ils étaient inquiets qu’il puisse devenir une menace s’il répondait au chantage, alors il était naturel qu’ils fassent tout leur possible pour minimiser les risques que des criminels utilisent Lois contre lui. Il aurait vraiment dû se montrer plus circonspect. Il avait vraiment foiré ! Mais Henderson n’avait pas fini son discours.
« Et Intergang n’est pas juste n’importe quel groupe de truands. C’est une organisation criminelle internationale très puissante. Ils agissent toujours en faisant chanter les personnes puissantes dont ils ont besoin. Et là maintenant, vous êtes celui qu’ils veulent. C’est suffisant pour en faire un problème de Sécurité Nationale. Vous pourriez devenir extrêmement dangereux pour le Monde si des criminels pouvaient vous forcer à agir comme ils le veulent. Vous comprenez maintenant, pourquoi ils veulent tellement persuader tout le monde que vous n’êtes *pas* amoureux de Lois Lane ? »
Oh oui. Il comprenait maintenant. Et il devait faire quelque chose à propos de ça. Il était plus que temps qu’il prenne la responsabilité de ses actions.
« Et, Superman, pouvez-vous vraiment être sûr que vous ne feriez *jamais*, en *aucune* circonstance, ce qu’Intergang vous demanderait pour la sauver ? » demanda Henderson en conclusion.
Oui, il avait encore raison. Il avait même pensé plus tôt qu’il pourrait jouer le jeu avec Intergang pendant un moment pour gagner le temps nécessaire pour sauver Lois s’il n’avait vraiment aucun autre choix. Mais seulement s’il n’avait vraiment aucun autre choix, et il essaierait toujours de trouver une autre solution avant de considérer quelque chose comme ça.
« Je trouverais un autre moyen, Henderson. Il y a toujours un autre moyen. » répliqua-t-il.
« Et si vous n’en trouvez pas ? Que se passerait-il si votre choix était de leur obéir ou de la laisser mourir ? »
Superman ne répondit pas à la question. Il resta silencieux, mais son expression informa Henderson qu’il avait raison, et qu’il choisirait d’obéir si c’était le choix qui s’offrait à lui.
Ils restèrent tous trois silencieux. Henderson et Andrea attendaient que Superman parlent, et Superman réfléchissait à l’ensemble de la situation, et à tout ce que l’inspecteur de police lui avait dit. Il y avait beaucoup de choses auxquelles il devait penser.
Le silence devenait interminable quand Superman parla finalement.
« D’accord. »
Il parla si doucement qu’Henderson l’entendit à peine, mais il ne lui demanda pas de répéter et ne prétendit pas non plus ne pas comprendre à quelle question Superman avait finalement répondu, puisque ce n’était de toute évidence pas la dernière.
« D’accord. Alors voilà l’histoire pour votre couverture, Superman. Asseyez-vous, s’il vous plait. »
Superman remarqua pour la première fois qu’il se tenait debout. Il s’était levé plus tôt, lorsqu’il refusait la proposition d’Henderson. Il s’assit de nouveau et écouta l’inspecteur de police lui expliquer ce qu’il devrait dire à la presse.
« Puisqu’il y a de nombreux criminels qui peuvent identifier Andrea comme officier de police, nous ne voulons pas prétendre le contraire, parce que si Intergang apprend qu’elle travaille pour nous après qu’on ait donné une autre histoire aux media, ils sauront qu’on essaie de les piéger. Donc, Andrea garde son identité et son histoire. Elle est arrivée à Metropolis il y a un an et demi, après avoir terminé l’académie de police, et elle a commencé immédiatement à travailler au commissariat central sous mes ordres. Exactement ce qui s’est passé dans la réalité. Moins on change de choses, plus notre histoire sera crédible. Donc nous ne changeons pas non plus le fait que vous vous soyez rencontrés à de nombreuses scènes d’urgence partout en ville. D’accord, maintenant, la partie de l’histoire que nous altérons : à ces sauvetages, vous l’avez remarquée, Superman. Vous l’avez trouvée attirante, vous avez fait sa connaissance. Au fil du temps, vous avez commencé à sortir ensemble et vous êtes tombés amoureux. Et puis, il y a quelques semaines, vous l’avez demandée en mariage, et elle a accepté. L’histoire est plutôt simple. Ça la fera paraître possible. »
Superman avait écouté tout le discours sans interrompre Henderson. Mais il y avait toujours quelques petites choses qui nécessitaient plus d’explications.
« Oui, vous avez raison, une histoire simple, proche de ce qui s’est réellement produit, a plus de chances d’être crue, mais il y a certains détails qui compliquent tout. D’abord, comment aurais-je pu seulement l’épouser quand je n’ai même pas de papiers, ou rien de ce qui est requis pour légaliser un mariage ? Et puis, ce sera dur de cacher à la presse qu’elle et moi ne vivons pas ensemble… »
Henderson était sur le point de répliquer, mais Andréa répondit la première.
« Superman, votre seconde inquiétude est assez simple à résoudre. Comme Bill a dit, le mieux est de rester proche de la réalité. Tout le monde peut savoir où je vis, mais personne ne sait où vous vivez. Et si nous disions à la presse que vous emménagez dans mon appartement ? Mon immeuble sera encerclé de paparazzis qui voudront des photos de vous et moi, mais vous êtes assez rapide pour voler sans être vu, pas vrai ? Vous pouvez venir le soir en vous faisant voir, et repartir aussitôt sans être vu. Vous revenez discrètement le matin pour ressortir par la fenêtre pour le bénéfice des paparazzis. Un petit spectacle pour la presse qui les convaincra avec un peu de chance que nous vivons ensemble. Vous pensez que c’est possible ? »
« Oui. Je pense que ça pourrait marcher. Je peux effectivement voler assez vite pour être invisible à l’œil humain. Mais il y a toujours le problème de mon manque de papiers, et d’identité en fait. Je ne suis pas des Etats-Unis. Je ne suis même pas de la Terre… »
Cette fois, ce fut Henderson qui expliqua la solution.
« Superman, vous êtes conscient de l’importance de cette histoire pour les autorités publiques. Alors ne vous inquiétez pas du côté légal et administratif du plan. Ils nous aideront. En fait, ils s’en sont déjà chargés. J’ai déjà le certificat de mariage, ainsi que tous les trucs légaux nécessaires pour que vous puissiez prouver votre mariage au besoin. Ne vous inquiétez pas, vous n’êtes pas légalement mariés, mais les dossiers administratifs diront le contraire si quelqu’un essaie de vérifier. J’ai passé toute la journée à tout mettre au point. »
Il tendit quelques papiers à Andrea, puis en donna d’autres à Superman.
« Et pour vous, Superman. Le Président lui-même a signé cette lettre. Elle vous donne le droit d’épouser une citoyenne américaine sans besoin de vos papiers, puisqu’il est conscient que vous n’en avez pas. C’est légal, au fait. Vous pourrez l’utiliser plus tard si vous voulez vraiment vous marier un jour. »
« Merci. »
Henderson s’appuya contre le dossier de sa chaise, soulagé que le super héro ait finalement accepté le plan. « Alors… Vous avez d’autres questions, Superman ? »
« Euh… Non. Oui. Quand et comment annonçons-nous le ‘mariage’ ? »
« Quand et comme vous le souhaitez. Je pense que vous pourriez donner une conférence de presse. Et si vous n’avez aucune raison de retarder l’exécution du plan, je crois qu’on pourrait faire ça dès demain. Le plus tôt sera le mieux. Nous devons nous rappeler qu’il y a une menace contre la vie de Lois Lane. »
« Je crois que je peux faire ça. J’ai un agent, Murray Brown. Je vais lui dire d’envoyer la nouvelle de mon mariage à toutes les agences de presse demain matin, et d’organiser une conférence de presse au midi pour que je présente ma ‘femme’. »
« Très bien. Faites ça. Et s’il n’y a rien d’autre, je crois que nous pouvons rentrer chez nous. Il est tard, et Andrea et moi sommes debout depuis hier. Je ne sais pas pour vous, Superman, mais je pense qu’on peut en rester là. »
Superman consulta l’horloge sur le mur du bureau et vit qu’il était déjà 21h25.
« D’accord. Donc je vais parler à Mr Brown. Je reviendrai demain matin pour vous dire où et quand aura lieu la conférence de presse. Bonne nuit. »
Superman était sur le point d’ouvrir la porte et de quitter le bureau d’Henderson quand l’inspecteur le rappela. Il semblait hésitant.
« Euh… Superman ? Vous comprenez que vous ne devez dire à personne que le mariage n’est pas réel, n’est-ce pas ? Même pas à Lane… »
Superman semblait incrédule.
« Quoi ? Inspecteur, vous plaisantez ! Vous la connaissez ! Vous savez qu’elle garderait le secret. »
« Oui, je le sais, mais… »
Quand Henderson s’interrompit, à la recherche des mots dont il avait besoin pour expliquer la situation avec tact, Andrea reprit la parole, moins intéressée à traiter le super héro avec délicatesse qu’à lui faire comprendre pourquoi il ne devait pas parler à Lois.
« Superman, tous ceux qui ont déjà approché Lois Lane ou qui lui ont parlé, ou même qui ont juste lu ses articles dans le Planet savent qu’elle est folle amoureuse de vous. »
« Même si vous n’êtes pas ensemble » s’empressa d’ajouter Henderson, évitant un nouveau démenti de la part de Superman, avant de laisser Andréa continuer.
« Si elle n’est pas assez dévastée, si elle ne réagit pas de la bonne façon quand elle apprendra notre mariage, alors personne ne croira que ce mariage est réel, même si elle garde le secret. »
Superman ne voulait pas laisser Lois souffrir comme ça. Mais sa sécurité était encore plus importante pour lui, et ils avaient marqué un point. Lois devait être complètement détruite par la nouvelle pour convaincre Intergang… Il devait le faire, il le savait, mais ça ne l’aidait pas à calmer son sentiment de culpabilité à l’idée de mentir au monde entier. À l’idée de mentir à Lois.
« Elle va me tuer » soupira-t-il, presque pour lui-même.
Ce dernier commentaire, venu d’un Superman démoralisé, fit sourire Henderson.
« Oui. Je suis sûr qu’elle va essayer. »
***
CHAPITRE 6 : LE CŒUR BRISE
Au matin, lorsque Clark entra dans la salle de rédaction du Daily Planet, il vit Lois à son bureau, déjà au travail. Il s’arrêta pour la regarder. Il était 9 heures. Dans trois heures, il lui briserait le cœur.
Avant d’aller au travail, il était allé voir Murray Brown qui lui avait annoncé que la conférence de presse était organisée pour midi devant la mairie, et qu’il enverrait la nouvelle de son mariage à toutes les agences de presse vers 9 heures. Puis il s’était rendu au commissariat le dire à Henderson et Andrea et finaliser les derniers détails.
Donc, plus que quelques minutes avant que Lois ne sache que Superman était marié. Et trois heures avant qu’il ne présente sa femme aux media. Et il était plus que probable qu’il doive le faire juste devant Lois qui voudra sans doute couvrir l’événement.
Soupirant, il avança vers elle et la salua de la façon dont il le faisait chaque jour. Mais quelque chose dans son expression ou sur son visage devait le trahir car elle demanda immédiatement :
« Qu’est-ce qui ne va pas, Clark ? »
Un peu surpris qu’elle puisse le lire si facilement, il nia précipitamment que quelque chose n’allait pas. Peut-être même un peu trop rapidement.
« Rien du tout. Qu’est-ce qui vous fait penser que quelque chose ne va pas ? »
Elle ouvrit la bouche pour répondre quand Perry apparut à leurs côtés, l’air renfrogné.
« Lois. Est-ce que je peux vous voir deux minutes dans mon bureau, s’il-vous-plait ? »
Lois acquiesça, se leva et le suivit dans son bureau. Il ferma la porte derrière elle et lui désigna un siège en silence. Quelque chose semblait l’ennuyer profondément et il cherchait un moyen de le lui dire. Lois n’avait pas besoin d’être un génie pour deviner qu’il avait des mauvaises nouvelles à lui annoncer. Peut-être que son dernier scoop ne serait pas publié, ou qu’elle était poursuivi en justice, ou quelque chose du genre, mais elle était prête à se battre. Clark et elle avaient des preuves pour tout ce qu’ils écrivaient !
Finalement, il parla.
« Lois, je ne sais pas comment le dire, mais vous le saurez bientôt de toute façon, et je pense que ce serait mieux si je vous le disais moi-même. »
« Qu’est-ce qui se passe, Perry ? Il y a un problème avec mon article ? »
« Non, non. Votre article est très bien. Vraiment génial. Il vous vaudra probablement une autre nomination aux Kerths, ma chérie. Non, ce n’est pas ça… »
Lois était soulagée, et heureuse du compliment, mais Perry avait toujours quelque chose à lui dire, alors, plus hésitant, il reprit.
« Un communiqué de presse est arrivé il y a quelques minutes, de la part de Superman. »
« De Superman ? »
Elle était très surprise. Ce n’était pas du tout dans ses habitudes. Normalement, quand il voulait dire quelque chose à la presse, il donnait une interview exclusive, à elle, ou à Clark… Mais un communiqué de presse ? C’était une première.
Quand Perry acquiesça, elle demanda encore :
« Et qu’est-ce qu’il disait ? Qu’est-ce qui se passe ? »
« Il annonçait son mariage. »
Lois était stupéfaite. Elle fixa Perry, essayant de comprendre ce qu’il venait juste de dire. Une petite voix complètement folle dans sa tête, et qui ressemblait étrangement à celle de son éditeur avait dit quelque chose à propos de Superman annonçant son mariage, mais ça n’avait vraiment aucun sens. Elle ferma les yeux. Elle devait sûrement travailler trop dur. Ouvrant les yeux, elle sourit et dit :
« Désolée, vous pouvez répéter ça, Perry ? »
« Vous m’avez entendu, Lois, chérie. Il est marié. »
Oh ! Cette voix encore ! Elle avait vraiment besoin de vacances, elle devenait folle ! Ou alors Perry lui faisait une blague. Mais non. Un regard vers Perry, et elle savait qu’il était mortellement sérieux. Donc… elle perdait vraiment l’esprit. Il n’y avait pas d’autre explication, parce qu’il n’y avait aucun moyen que ce que Perry venait de lui dire puisse être vrai. Superman n’était pas marié ! Il ne pouvait pas être marié ! Elle l’aimait !
Perry était effrayé de voir Lois immobile et silencieuse comme ça. Ça faisait presque trois minutes qu’elle n’avait pas parlé ni bougé. Il savait que la nouvelle la choquerait, mais il n’avait pas imaginé que ça la paralyserait comme ça, qu’elle deviendrait catatonique. Il était vraiment très inquiet.
« Lois ? Chérie ? Vous allez bien ? »
Elle battit des paupières comme si elle venait de se réveiller.
« Il est marié ? »
Sa voix était à peine un murmure, mais au moins, elle parlait.
« Oui. »
Comme il détestait être celui qui devait lui annoncer ! Son manque de réaction l’inquiétait profondément. C’était tellement inhabituel de sa part. Il pensait qu’elle serait en colère, folle furieuse… Il n’était pas préparé à la voir complètement engourdie par la nouvelle.
« Chérie, peut-être que vous devriez prendre un jour de repos… ? »
Elle était comme une fille pour lui, et elle semblait vraiment avoir besoin de repos. Mais il avait à peine terminé de suggérer l’idée qu’elle revint à la vie, ses yeux lançant des flammes.
« Un jour de repos ?! Je vais bien, d’accord ! Je suis Lois Lane, je ne prends pas de jour de repos ! »
Perry ne put s’empêcher de sourire. Elle était en colère. Elle était toujours la femme qu’il connaissait et appréciait si chèrement. Elle souffrait, mais elle irait bien. Néanmoins, il était toujours inquiet pour elle. Il connaissait les sentiments qu’elle arborait pour Superman, et il savait à quel point les hommes l’avaient mal traitée dans le passé. Cette nouvelle devait la blesser profondément. Il pensait vraiment qu’elle devrait prendre un jour de repos.
Mais avant qu’il ne puisse exprimer à haute voix ses pensées, elle parla de nouveau, insistant sur le fait que tout allait bien, qu’il n’y avait aucun moyen qu’elle rentre chez elle sans aucune raison.
Elle semblait tellement fâchée que finalement, il abandonna. Elle sortit de son bureau pour retourner au sien et reprendre son travail comme si rien ne s’était passé. Seuls ses mouvements tendus et la pâleur de son visage trahissait son effondrement intérieur.
Lorsque Clark la vit de retour à son bureau, il se dirigea vers elle. Il avait écouté sa conversation avec Perry. Il savait qu’elle avait besoin de son meilleur ami à cet instant, même si elle semblait nier à quel point elle se sentait mal.
« Lois ? »
« Je vais bien, Clark. »
Sa réponse était rapide et abrupte. Le message était clair. Elle ne voulait pas parler de ce qui la tracassait. Quand elle vit son partenaire ouvrir la bouche pour parler de nouveau, elle l’interrompit.
« Ecoutez, c’est l’heure de la réunion. Allez, venez. »
Sans attendre sa réponse, elle se dirigea vers la salle de conférence où leurs collègues se rassemblaient, certaine qu’il la suivait.
Elle s’assit à la table, Clark à ses côtés, et resta silencieuse, plongée dans ses pensées. Pour tous ceux qui ne savaient pas ce qui venait de se passer, elle semblait juste être en train d’attendre que la réunion commence.
Mais Clark savait.
Perry entra dans la pièce, et tous les employés prirent place autour de la table, arrêtant leurs conversations pour écouter leur rédacteur en chef.
« Avant que nous ne discutions de vos articles, j’ai quelque chose à dire. Un communiqué est arrivé il y a quelques minutes, de Superman, pour annoncer son mariage. »
Après un bref instant de silence choqué, tout le monde se mit à parler en même temps. Superman était marié ? C’était énorme ! Tous les yeux se dirigèrent vers Lois, qui restait assise droite sur sa chaise, apparemment concentrée sur Perry. Elle ne semblait pas remarquer l’attention que ses collègues lui portaient. La vérité était qu’elle avait décidé de tous les ignorer, et d’agir comme si tout était normal, mais sa posture, juste un peu trop droite, trahissait ses sentiments réels. Elle comptait juste sur sa colère pour la soutenir.
Voir leurs collègues regarder Lois comme ça, attendant de la voir s’effondrer, comme s’ils regardaient un film, rendit Clark furieux. Il était impressionné par son calme apparent, mais il savait comment elle se sentait, et il se sentit mal de la laisser souffrir. Dans un geste réconfortant, il mit son bras autour de ses épaules. Et même si elle l’ignora de la même façon dont elle ignorait les réactions de leurs collègues, Clark savait qu’elle était reconnaissante pour le soutien. Le fait qu’elle n’ait pas rejeté son geste le lui disait.
Perry restaura le silence parmi les reporters et reprit ce qu’il disait.
« Il va présenter sa femme à midi aujourd’hui, lors d’une conférence de presse en face de la mairie. J’aurais préféré envoyé un reporter senior, mais puisque depuis la réouverture du Planet il y a quelques semaines, nous sommes toujours en manque d’employés… Ralph, vous êtes encore nouveau ici, alors faites attention. Je veux un BON article sur celui-là, compris? »
Avant que Ralph ne puisse répondre, Lois prit la parole.
« Nous pouvons le faire, Chef. Cette histoire est trop importante pour un petit nouveau. Clark et moi allons le faire. »
Elle paraissait très calme et raisonnable, mais Perry hésita. Comment pouvait-il demander à Lois décrire l’article sur le mariage de Superman ? C’était une mauvaise idée. Une très mauvaise idée.
« Lois, je ne suis pas sûr que vous devriez écrire cette histoire… »
« Perry, nous écrivons presque tous les articles du Planet sur Superman. Quel est le problème ? » l’interrompit-elle.
Que pouvait-il répondre à ça ? Il ne pouvait définitivement pas dire devant tous les employés réunis qu’elle ne devrait pas l’écrire parce qu’elle est amoureuse de lui. Mince. Ça ne serait même pas facile à lui dire dans une conversation privée. Mais il était sûr qu’il ne pouvait pas la laisser faire ça. Il chercha une excuse mais n’en trouva aucune qui soit bonne.
« Lois, ce n’est pas un article pour la rubrique des faits divers. C’est plutôt pour la rubrique mondaine. »
Il savait que son excuse était pitoyable. Il savait que même les excuses de Clark étaient meilleures que la sienne. Et lorsqu’il vit Lois rouler des yeux, il sut qu’elle était sur le point de contre-attaquer. Alors quand il vit Clark acquiescer dans sa direction, comme pour l’assurer qu’il pouvait leur confier l’article, il sut que Clark veillerait sur Lois, et s’assurerait qu’elle aille bien. Il continua de parler avant que Lois ne puisse insister.
« Mais si vous êtes sûre que vous voulez l’écrire, faites-le. Lois, Clark, vous allez à la conférence. »
***
Lorsque la réunion du matin prit fin, Lois et Clark retournèrent au bureau de Lois. Elle s’assit sur sa chaise, et il s’assit sur le coin de son bureau, lui faisant face, la regardant d’un air inquiet. Après quelques secondes de silence, elle le regarda, semblant ennuyée par toute cette attention.
« Ecoutez, Clark. Je vais bien ! Pourquoi est-ce que personne ne voit ça ? Vous n’avez pas besoin de vous occuper de moi comme ça, comme si j’étais sur le point de m’effondrer, ou je ne sais pas quoi… Ce n’est pas le cas ! »
« Lois, je vous connais mieux que ça. Je sais à quel point vous devez vous sentir choquée par la nouvelle à propos de Superman. Je sais ce que vous ressentez pour lui, vous vous souvenez ? Vous n’avez pas besoin de prétendre avec moi. »
Vraiment ennuyée maintenant, Lois se leva et se dirigea vers la machine à café. Clark la suivit.
« Clark. Je sais ce que vous pensez, mais vraiment, je vais bien. »
Clark semblait douter, et Lois reprit, articulant chaque mot comme si elle parlait à un jeune enfant.
« *Je — vais — bien !* Quel mot dans cette phrase est-ce que vous ne comprenez pas ? »
« Si vous le dites… »
« Je vais vraiment bien, Clark. Sauf que je commence à en avoir marre de devoir répéter ça. »
Il resta silencieux, mais Lois pouvait voir qu’il ne la croyait pas.
« Je n’ai aucune raison de m’effondrer. Je ne crois pas que Superman soit réellement marié. C’est un canular, et je le prouverais. »
« Quoi ? »
Le cœur de Clark commença à s’emballer. Il savait qu’elle était un grand reporter, mais comment pouvait-elle savoir que c’était un canular ? C’en était un, bien sûr, mais comment pouvait-elle le savoir ? Avait-elle vraiment une preuve qu’il mentait ?
« Je sais ce que vous pensez, Clark, mais je ne suis pas folle ni en dénégation. *C’est* un canular. »
« Et comment le savez-vous ? »
« Il ne peut pas être marié. Agir comme ça, ce n’est pas lui… Il ne peut pas l’être, donc il ne l’est pas. » affirma Lois calmement, sûre que sa logique était suffisamment claire pour que tout le monde puisse voir la vérité cachée derrière ses mots.
Clark commença à se détendre. Elle ne savait rien. Elle était juste en dénégation, même si elle avait raison de l’être dans ce cas particulier.
« Lois, vous ne pensez pas que Superman a le droit d’avoir une vie privée aussi ? Et le droit d’épouser la femme qu’il aime comme tout le monde ? »
« Ne soyez pas ridicule, Clark. Ce n’est pas ce que je veux dire quand je dis qu’il ne peut pas être marié. Bien sûr que je pense qu’il a le droit à une vie privée, et le droit de se marier. »
« Alors que voulez-vous dire ? »
« Je veux dire qu’il n’a pas pu l’épouser, ELLE, donc il n’est pas marié. Ecoutez Clark, dans ma vie, toutes mes relations ont été des désastres parce que les hommes avec qui j’étais étaient des bâtards. Et j’ai pensé pendant longtemps que tous les hommes étaient des bâtards ou des idiots, vous le savez. Mais durant l’année qui vient de s’écouler, j’ai changé d’avis parce que je connais maintenant deux hommes qui ne sont pas comme ça. Vous et Superman. Alors dites-moi, Clark : pourriez-vous flirter avec une femme et passer vos soirées avec elle quand vous êtes sur le point d’en épouser une autre, le « grand amour » de votre vie ? »
« Non, je ne pourrais pas faire ça. »
« Et bien je suis presque sûre que Superman non plus. Donc, il ne peut pas être marié. »
« Lois, Superman ne voit aucune autre femme. Pour autant que nous sachions. Et vous ne pouvez pas être sûre que Superman n’est pas marié juste parce qu’il se montre amical avec vous. Je suis amical avec vous, moi aussi, et ça ne veut pas dire que je ne tomberai jamais amoureux, et que je ne demanderai jamais personne en mariage. »
C’était moins que probable, Clark amenda mentalement, puisqu’il était déjà profondément amoureux d’elle, mais Lois n’avait pas besoin de le savoir.
« Ce n’est pas pareil, Clark. Superman est plus que juste amical avec moi. Je sais que je vous ai dit l’été dernier qu’il m’avait rejeté lorsque je lui ai avoué ce que je ressentais pour lui, mais il n’y a plus jamais fait référence. Et son attitude envers moi a changé depuis. On passe plus de temps ensemble qu’avant. On a passé des soirées sympas ensemble, Clark. Rien ne s’est jamais passé, mais ce n’étaient pas non plus des soirées juste entre amis, et je ne suis pas en train de m’imaginer des choses, Clark. »
Ils s’assirent sur le divan à côté de la machine à café, et Lois reprit son discours.
« Quand je suis revenue de ma croisière aux Bermudes, Superman est venu à mon appartement pour me remercier de… euh… de quelque chose de personnel que j’ai fait pour l’aider. Je l’ai invité à diner. Il a accepté, mais il a insisté sur le fait que c’était lui qui m’invitait en remerciement. On a diné ensemble, juste tous les deux, Clark ! »
Clark se souvenait de la soirée aussi. Elle lui avait sauvé la vie lorsqu’Arianna Carlin lui avait tiré dessus avec une balle en kryptonite, et puis elle s’était débarrassée de la météorite aux Bermudes. Après les semaines embarrassantes de l’été dernier qui avaient suivi la déclaration d’amour de Lois que Superman avait dû rejeter, il voulait la remercier et essayer d’être de nouveau amis avec elle en tant que l’homme d’acier. Alors il lui avait ramené son plat favori, et ils avaient diné chez elle. Ils avaient tous les deux passé une bonne soirée. Clark fut ramené à la réalité par la voix de Lois.
« La semaine suivante, il est revenu. C’était la nuit des Kerths. Après la cérémonie, il est revenu à mon appartement. Il n’est resté que quelques minutes. Il a dit qu’il voulait me remercier de l’avoir aidé à arrêter Lenny Stoke. Ça n’a aucun sens, Clark. Nous faisons toujours de notre mieux pour aider Superman à arrêter les criminels. Il ne s’est jamais arrêté pour dire merci avant. Et pourquoi seulement me remercier, moi, et pas nous deux ? Non, je suis presque sûre qu’il voulait juste me voir. Me remercier, c’était une excuse. Et si vous aviez vu la façon dont il m’a regardée ce soir-là, vous en seriez convaincu aussi. »
Clark était abasourdi. Oui, elle avait raison. C’était juste une excuse, mais il pensait que c’était une *bonne* excuse… Apparemment, Lois n’y avait pas cru une seconde. Est-ce que ses sentiments pour elle étaient aussi évidents que ça quand il portait le costume ? Il se souvint de toutes les choses qu’Andrea lui avait dites la nuit précédente, lorsqu’il niait avoir la moindre relation avec Lois. Oui, apparemment, c’était très évident, et même Lois l’avait remarqué. Mince ! Dans quel bordel il était ! Mais Lois n’avait pas encore terminé.
« Et la semaine dernière, il est revenu. La nuit du bal des Church. Pour me remercier de notre aide avec notre enquête, encore. Et encore, c’était juste une excuse. »
« Comment pouvez-vous en être si sûre ? Peut-être a-t-il réalisé qu’il ne nous avait jamais remerciés avant, et il veut être poli maintenant. »
Même lui pouvait entendre à quel point ça sonnait faux, et le regard que lui lança Lois lui démontra clairement ce qu’elle en pensait.
« Comment je peux être aussi sûre ? Et bien, je l’ai invité à danser. Il a accepté, et il a fermé la fenêtre derrière lui pendant que nous dansions. Dites-moi, est-ce que c’est la façon d’agir d’un type qui n’a pas envie de passer la soirée avec vous ? »
Clark entendit le sarcasme dans la voix de Lois et grimaça. Avait-il vraiment fait ça ? Oui, il l’avait fait. Ils avaient dansé et parlé jusque tard dans la nuit. Il devrait se rappeler de tout ça la prochaine fois qu’il se demanderait pourquoi Lois était amoureuse de Superman et ne remarquait pas Clark.
« Et même, il y a deux jours de ça, quand la ville était plongée dans le noir pendant le blackout. J’ai été poussée par ma fenêtre. Il m’a sauvée, puis il a entendu un accident, et il a hésité à partir. Il voulait rester avec moi. J’ai dû lui *dire* d’aller aider. »
« Ça va, Lois. J’ai compris le tableau. Mais quand même… Vous devez admettre que c’est possible qu’il soit marié. »
« Non. Il ne l’est pas. Il n’aurait jamais agi comme ça avec moi s’il était amoureux de cette femme. C’est un canular, et je le prouverai. » répéta-t-elle.
« Et comment ferez vous ça ? »
« Je ne sais pas encore, mais je trouverais un moyen. Je sais que j’ai raison. »
Clark pouvait entendre à sa voix qu’elle était moins assurée qu’elle voulait le laisser voir, moins sûre de sa théorie maintenant que lorsqu’elle se remémorait les bons moments qu’elle avait passé avec Superman durant ces dernières semaines.
« Peut-être qu’il me donnera une interview exclusive, ou sa femme le fera. Et là, je sais que je serais capable de le prouver. »
Clark pouvait maintenant détecter un ton presque désespéré dans sa voix. L’espoir de prouver que le mariage n’était qu’une farce était la seule chose qui l’empêchait de s’écrouler, mais au plus profond d’elle-même, elle n’était pas entièrement convaincue que c’était un mensonge.
« Lois, et si c’était vrai ? »
Clark ne voulait pas demander, mais une petite voix sadique dans son esprit l’y avait poussé. Il avait besoin de lui demander, de savoir vraiment, et pas seulement de deviner, comment elle se sentait.
Après quelques secondes de silence, elle se mit soudainement à pleurer. C’étaient des larmes de désespoir. Elle était complètement démolie, et elle ne pouvait plus le cacher. Clark la prit dans ses bras pour la réconforter.
« Ça ne peut pas… ça ne peut pas être… vrai. » répondit-elle, toujours en pleurant, dans les bras de Clark.
Il voulait lui dire la vérité, et il ouvrit même la bouche pour parler, mais il savait qu’il ne pouvait pas. Il savait, la nuit précédente, lorsqu’il avait donné son accord à Henderson, que ce serait difficile de voir Lois comme ça et continuer à lui mentir, à lui laisser croire qu’il avait épousé quelqu’un d’autre. Et pourtant, il avait accepté de le faire. Alors il résista à son envie de tout confesser, et la serra plus étroitement contre lui.
Il vit quelques-uns de leurs collègues regarder dans leur direction, et ça le mit en colère. Ils étaient tous en train de se réjouir en voyant Lois souffrir et pleurer, comme s’il ne s’était agi que d’un bon spectacle. Et il ne pouvait rien faire contre ça. C’était pour ça qu’il ne pouvait pas dire la vérité à Lois. Les gens devaient la voir comme ça pour croire à la réalité de ce mariage. Mais il ne put s’empêcher de penser qu’il était trop cruel envers elle.
Il ne pouvait pas la laisser continuer comme ça. Elle pleurait toute son âme dans ses bras, et il voulait juste l’aider à se sentir mieux.
« Chut. Peut-être que vous avez raison, Lois. Peut-être qu’il ne l’a pas épousée. Chut. »
« Je dois juste le prouver au Monde. » répondit doucement Lois, toujours en larmes.
***
CHAPITRE 7: LA CONFERENCE DE PRESSE
Il était presque midi, l’heure d’aller à la mairie assister à la conférence de presse. Lois regarda vers son partenaire, assis à son bureau tapant ses notes, et se dirigea vers lui.
“Clark, il est temps d’y aller.”
“Oui. J’arrive.”
Il éteignit son ordinateur, mit ses notes dans son tiroir, et alla aider Lois à enfiler son manteau. Tandis qu’ils attendaient l’ascenseur, Clark la regarda. Il était évident qu’elle était toujours peinée, bien qu’elle essayait de le cacher. Il détestait ce qu’il lui faisait subir. Et il détestait ce qu’il s’apprêtait à faire.
Les portes de l’ascenseur s’ouvrirent, et Lois pénétra à l’intérieur. Clark s’arrêta et lui dit:
“Euh… Désolé, Lois, j’ai oublié quelque chose. Allez devant, je vous rejoins là-bas.”
Lois était sur le point de protester, mais les portes se refermèrent. Elle soupira. Elle ne voulait pas aller seule à la conférence de presse de Superman. Elle avait besoin que Clark soit là, avec elle, lorsqu’il présenterait sa femme au Monde. Comment pourrait-elle l’endurer sans son meilleur ami pour la supporter ? Mais non. Clark était toujours en train d’oublier quelque chose, et il n’était jamais là quand elle avait besoin de lui. Elle soupira.
Clark détestait cette situation. Non seulement, il devait briser le cœur de Lois en tant que Superman, mais il ne pouvait même pas être là pour elle en tant que Clark. Il soupira et se dirigea vers la cage d’escaliers. Il était temps d’aller chercher Andréa avant la conférence de presse.
***
Lois arriva à la mairie. Ce n’était pas encore l’heure de la conférence mais il y avait déjà beaucoup de monde. Des reporters du Monde entier étaient là à attendre. La plupart avait des appareils photos ou des caméras avec eux.
La police était là aussi. Ils avaient placé des barrières pour empêcher les centaines de personnes de la foule de trop s’approcher. Tout le monde voulait voir Madame Superman.
Lois eut des difficultés à avancer dans la foule, mais elle arriva finalement juste devant les barrières. Un policier lui bloqua le chemin. Lois dut lui montrer sa carte de presse pour qu’il la laisse passer, mais alors, elle se retrouva dans la foule des journalistes, et il lui fut aussi difficile qu’avant d’avancer.
Elle atteignit finalement son but. Elle se trouvait juste devant le podium qui avait été dressé pour la conférence de presse. Et ce n’était pas trop tôt; Superman venait d’apparaître dans le ciel, avec une femme blonde.
<Oh génial ! Une blonde ! Superman devient fou d’une blonde, maintenant ! Humph! >
Lois était jalouse. Elle sut dès la première seconde où elle avait vu sa femme qu’elle la haïssait. Elle pensait que la voir allait la chagriner, et elle s’était préparée à faire face à ce sentiment. Mais elle se sentait plus en colère que chagrinée. Voir Superman avec cette… *blonde* la mettait vraiment en colère. Elle était définitivement jalouse.
Superman commença à parler face aux micros.
“Bonjour tout le monde. Je pense que vous savez tous pourquoi j’ai organisé cette conférence, alors j’irais droit au but. Je suis marié. Le mariage a eu lieu il y a quelques jours, en fait. J’aimerais tous vous présenter ma femme bien-aimée Andréa Flynn.”
A ça, la femme blonde s’approcha des micros en souriant à la foule.
“Bonjour.”
Un millier de flashs d’appareils photos l’aveuglèrent quelques instants, mais elle continua à sourire. Superman se remit à parler.
“Nous avons le temps de répondre à quelques questions.”
Toujours en souriant, Andréa rajouta sur un ton plein d’humour:
“Excepté les questions trop personnelles, bien sûr.”
Superman reprit de nouveau la parole.
“Bien sûr. D’accord, alors… première question…”
Immédiatement, les journalistes se mirent à parler tous à la fois. Superman en désigna un, et tout le monde devint silencieux pour écouter la question.
“Comment vous êtes-vous rencontrés?”
“Andréa travaille pour la police. Nous nous sommes rencontrés à de nombreuses occasions, lors de divers sauvetages ou arrestations…”
Il paraissait plutôt évident à tous que Superman était mal à l’aise de répondre à la question, mais Andréa prit rapidement la relève.
“Oui. Je crois qu’on peut dire que nous nous sommes rencontrés au travail. C’était difficile pour moi de ne pas le remarquer. Les filles savent ce que je veux dire, mais je n’avais jamais pensé qu’il me remarquerait aussi…”
Tout en parlant, elle se tourna vers son époux et son sourire joyeux devint plus tendre tandis qu’elle le regardait pendant de longues secondes. Lois se sentit encore plus jalouse. <Bon Dieu ! Mais il rend son sourire à cette femme !>
“Et pourtant si ! Et ensuite… vous savez… on a commencé à se voir… et puis… et bien… en passant les détails, disons qu’aujourd’hui je suis une femme mariée vraiment comblée !”
Elle sourit de nouveau à la foule, paraissant définitivement heureuse, et Lois sentit sa jalousie croitre encore plus. Une voix dans la foule de journalistes répondit amicalement:
“Oh, allez ! En passant les détails ? Mais nos téléspectateurs ADORERAIENT connaitre les détails…”
Ce commentaire fit rire Andréa.
“Définitivement sans les détails ! Je suis sûr que vous avez des téléspectateurs âgés de moins de 18 ans…”
La foule siffla à cette réponse, et rit à l’expression embarrassé de Superman.
“Et bien… Ce que ma femme essaie de dire, c’est que les détails entre notre première rencontre et notre mariage sont un peu trop personnel.”
“Oui, chéri. C’est ce que j’ai dit, et je suis sûre qu’ils m’ont très bien comprise…”
Elle lui fit un clin d’œil en souriant très largement, et Superman sourit en retour. Il commença à se détendre. Elle avait de toute évidence la situation sous contrôle, et elle était sans aucun doute mieux préparée que lui à faire face à la foule de journalistes. Il ferait tout aussi bien de la laisser faire, et d’entrer dans son jeu.
Lois vit cet échange de sourires, et elle sentit la rage l’envahir.
<Bon Dieu, je la hais !>
Lois n’écouta pas réellement le reste de la conférence. Elle était vaguement consciente que des questions leur étaient posées, auxquelles le couple répondait avec bonne humeur et humour. Elle était vaguement consciente de la foule autour d’elle riant parfois aux blagues de sa femme. Mais rien ne s’enregistrait vraiment dans son esprit.
Elle ne faisait que regarder le couple. La souriante et joyeuse jeune femme — et même en colère et jalouse, Lois devait s’avouer qu’elle semblait être une gentille fille, et qu’elle était plutôt belle — et le super héro réservé se tenant à ses côtés. Même s’il était un peu tendu au départ, il paraissait maintenant complètement à l’aise, et il plaisanta même quelque fois lui-même avec la foule.
<Je ne l’avais jamais vu se détendre comme ça, à part quand on était que tous les deux. Et je ne l’ai jamais entendu plaisanter...>
Cette pensée déprima Lois plus encore. Elle réalisa qu’elle était passée à côté de presque toute la conférence, et puisque Clark n’était pas là avec elle, elle avait besoin de se concentrer sur les questions que ses collègues posaient, ou le Daily Planet n’aurait rien à imprimer.
“Superman, pensez-vous fonder une famille?”
Le sourire du super héro s’effaça un peu, et Andréa fut rapide à répondre.
“Nous n’en avons pas encore discuté. Je serais heureuse un jour de porter les enfants de l’homme que j’aime, mais… plus tard. Je crois que c’est un peu trop tôt pour moi. Je préfère profiter de ma vie de femme mariée d’abord.”
“De toute façon,” ajouta Superman, “je ne sais pas si je peux… Je suis extra-terrestre. Je ne sais pas si je suis… biologiquement compatible avec les humains. Nous verrons ça en temps voulu.”
***
Dans les sous-sols de CostMart, Billy Church regarda de la télévision à son père. Il ne pouvait pas croire à ce qu’il voyait.
<Superman… marié.>
C’était tellement surprenant. Il ne pouvait pas y croire. Et il ne pouvait pas croire non plus à quel point son père restait calme. Ça brisait tous leurs plans pour le super héro, mais son père ne réagissait en aucune façon. Il continuait de regarder tranquillement la conférence sur l’écran.
Depuis les haut-parleurs, Billy entendit les journalistes reprendre en chœur les cris de la foule de curieux. “Un baiser ! Un baiser ! Un baiser ! “
***
“Un baiser ! Un baiser ! Un baiser ! “
Lois en avait marre d’entendre ça. Tout le monde le criait, et ça ne faisait qu’ajouter à sa misère. La seule bonne chose dans tout ça était que Superman répondait négativement.
“Oh ! Allez, chéri ! Ne sois pas si timide ! Nous n’avons plus besoin de nous cacher…”
La voix de sa rivale lui donna la chair de poule.
<Quoi ? Elle ne comprend pas qu’il ne veut pas l’embrasser ? Fous-lui un peu la paix !>
Superman était toujours hésitant, alors sa femme prit les choses en main elle-même. Lui caressant la joue, elle l’embrassa.
La foule siffla, heureuse, mais le cœur de Lois était en miettes. Elle avait envie de mourir. Elle voulait juste pleurer, et pleurer encore, mais elle ne pouvait pas. Pas ici, devant tout le monde. Devant Superman. Devant les caméras du Monde entier. Devant sa rivale. Elle se briserait quand elle serait seule.
Sa colère était son alliée. Elle lui donnerait la force de tenir jusqu’à la fin de la conférence. Elle se força à faire monter de nouveau sa colère à travers son désespoir. Elle repensa à sa certitude précédente que le mariage était un canular. A toutes les soirées qu’elle avait passé avec Superman, même juste quelques jours plus tôt… Et maintenant, il embrassait une autre femme !
Elle était furieuse.
Le baiser se termina, sous les applaudissements de la foule.
Elle dut crier pour se faire entendre.
“Superman, une question s’il-vous-plait ! Lois Lane, Daily Planet.”
Superman la regarda en lui souriant amicalement. Il espérait que ce sourire la rassurerait un peu quant à ses vrais sentiments. Il avait vu ses expressions tout au long de la conférence, et il se haïssait lui-même pour l’avoir fait passer par autant de peine.
“Oui, Lois. Je sais qui vous êtes.” répondit-il doucement.
<le culot de ce bâtard ! Il l’embrasse, et maintenant il me regarde dans les yeux et me sourit ?! >
“Pourquoi avez-vous décidé de révéler votre mariage au Monde?”
Superman parut perplexe, et la foule s’intéressait maintenant à elle. Son ton glacial, et la réaction de Superman, tendu de nouveau, attira leur attention.
“C’est une question simple, Superman. Pourquoi avez-vous révélé votre mariage au Monde ? Ça n’a pas de sens ! Vous dites que vous l’aimez, mais dire au Monde que vous l’avez épousée met sa vie en danger. Chaque criminel que vous avez arrêté va la vouloir morte. En présentant votre femme au Monde, vous avez fait d’elle une cible. Personne ne se doutait que vous étiez ensemble, alors pourquoi l’avoir dit ? Vous avez toujours gardé votre vie privée secrète, mais maintenant vous jouez les maris heureux devant le Monde entier ? Ça n’a aucun sens ! Que cachez-vous Superman?”
Elle avait parlé avec un peu plus de véhémence qu’elle n’avait voulue. Sa colère avait pris le meilleur d’elle, mais elle ne put se forcer à le regretter lorsqu’elle s’aperçut de la nouvelle curiosité de la foule pour sa question. Et elle fut fière d’elle lorsqu’elle vit Superman hésiter, et rester silencieux. De toute évidence, il ne savait pas quoi dire…
***
CHAPITRE 8: MME SUPERMAN
Lorsqu’il avait laissé Lois au Planet avant la conférence, Clark s’était senti très mal. Il savait que ce serait difficile pour elle, et tout ce qu’il voulait, c’était être avec elle et la soutenir, en tant que meilleur ami. Mais il ne pouvait pas. Même lui ne pouvait pas être à deux endroits différents à la fois. Il savait à quel point ce serait difficile pour elle d’assister à la conférence, mais il devait la laisser le faire seule. Et la connaissant comme il la connaissait, il savait que ça tournerait mal, mais il n’avait pas anticipé ça.
Il était vraiment surpris par sa question. C’était une attaque frontale, pas même déguisée. Elle n’avait jamais parlé à Superman sur ce ton plein de colère auparavant. Elle ne l’avait jamais accusé de rien. Mais elle venait juste de déclarer au Monde qu’elle ne lui faisait plus confiance.
“Que cachez-vous Superman?” avait-elle demandé.
Cacher.
Clark se sentit blessé lorsqu’il réalisa que Lois ne faisait plus confiance à Superman. Il savait, bien sûr, qu’elle croyait que le mariage était faux. Elle le lui avait dit. Sur le moment, il n’en avait simplement pas réalisé les implications. Elle pensait que Superman était un menteur. Elle avait raison, mais savoir qu’elle lui avait retiré la foi qu’elle lui portait le blessait davantage qu’il n’aurait cru.
Il avait perdu la foi qu’elle avait en lui. Il avait probablement perdu son amour pour lui en même temps. Elle ne regarderait plus jamais Superman amoureusement.
Il croyait que c’était ce qu’il voulait, qu’elle arrête de regarder Superman comme s’il était l’amour de sa vie, mais il savait maintenant que ça lui manquerait. Terriblement.
Comment avait-il même pu envisager qu’elle puisse continuer comme avant lorsque tout serait terminé ? Ce n’était même pas une lointaine possibilité. Il lui avait brisé le cœur. C’était une femme détruite qui se dressait devant lui, en colère, et qui le confrontait devant le Monde entier.
“Que cachez-vous Superman?” avait-elle demandé.
La voix en colère résonna encore dans son esprit.
Il aurait dû le voir venir. Au début de la conférence de presse, il se sentait vraiment mal. Evidemment, il l’avait vue au premier rang des journalistes, juste devant lui. Mais il avait mis ses sentiments de côté, et il avait accompli son devoir, s’efforçant de ne pas la regarder. Il avait peur que sinon, son regard trahirait ses vrais sentiments.
Il était juste tellement mal-à-l’aise. Mais il avait de la chance. Andrea était bien préparée pour son rôle. Sentant à quel point il était inconfortable, elle avait simplement pris la relève. Et elle avait fait un travail admirable pour convaincre tout le monde qu’ils étaient amoureux. Elle avait allégé l’atmosphère juste assez avec ses blagues et son sourire pour lui permettre de se détendre et de tenir son rôle.
Il était resté parfaitement conscient de chaque geste de Lois, mais il avait été capable de jouer les maris heureux. Jusqu’à ce que la foule réclame un baiser. Il ne voulait pas faire ça. Embrasser une autre femme devant Lois allait trop loin pour lui. Il l’avait déjà fait, par le passé, avec Toni Taylor, mais ce n’était pas la même chose. Embrasser Toni n’aurait jamais brisé le cœur de Lois. Embrasser Andréa le briserait définitivement.
Mais une fois de plus, Andrea prit les choses en main. Et il dut choisir entre briser le baiser, et laisser tout le monde savoir qu’il ne voulait pas embrasser ‘sa femme’, ou y répondre et continuer à faire semblant. Il avait fait le seul choix qu’il pouvait, mais l’expression sur le visage de Lois l’avait blessé douloureusement.
“Que cachez-vous Superman?”
Tandis que la question faisait de nouveau écho dans sa tête, il réalisa qu’il était resté silencieux un long moment, fixant Lois sans répondre. Que pouvait-il répondre à ça ? Mais les journalistes, et la foule, le regardaient maintenant avec curiosité.
Il semblait évident que la question de Lois, ainsi que sa propre réaction les avait tous convaincus qu’il dissimulait réellement quelque chose. Ils devenaient suspicieux. Il devait faire quelque chose, dire quelque chose, n’importe quoi… mais il ne savait vraiment pas quoi. Et il ne voulait pas non plus dire quelque chose qui la blesserait davantage encore.
Tandis qu’il hésitait entre le besoin de convaincre tout le monde que le mariage était bien ce qu’il semblait être et le désir d’effacer la douleur du visage de Lois, Andrea prit de nouveau les choses en mains, et répondit à la question elle-même.
“Mademoiselle Lane, ma vie est déjà en danger. Je suis un officier de police. Tous les criminels que j’ai mis en prison veulent me voir morte. Dire à tout le monde que nous sommes mariés ne me met pas en danger. Ça ne fait qu’allonger la liste des criminels qui veulent se débarrasser de moi. Pourquoi avons-nous choisi d’annoncer notre mariage au Monde quand nous aurions pu le garder secret ? C’est simple. Mademoiselle Lane, avez-vous jamais eu une liaison avec quelqu’un, une relation que vous deviez garder secrète ? C’est destructeur. Vous ne pouvez jamais parler à quiconque de la personne la plus importante de votre vie. Vous ne pouvez jamais avoir un geste tendre pour celui que vous aimez s’il y a du monde autour de vous… Et vous vous faites ignorée par lui à chaque fois que vous vous retrouvez sur la même scène d’urgences… Nous avons vécu ça et ce n’était pas facile. Oui, il sera difficile de vivre notre amour avec les yeux du monde entier braqués sur nous, sur notre couple, mais il nous aurait été impossible de vivre notre amour dans le secret indéfiniment. Je ne me serais jamais sentie comme sa femme, mais comme sa maitresse. Je n’aurais pas pu le supporter.”
Elle fit une pause, et Lois put voir la logique derrière ses mots. Oui, bien sûr qu’ils devaient le dire au Monde. Elle n’avait jamais pensé à ce que ça avait dû être pour eux avant. Mais apparemment, ça n’avait pas été génial. Ils avaient dû surmonter de nombreux obstacles, et ils en avaient beaucoup d’autres devant eux, mais ils étaient prêts à y faire face.
<Ils s’aiment vraiment.> pensa Lois, désespérée, avant qu’Andrea ne se remette à parler.
“Ajoutez à tout ça que mon époux déteste mentir, et vous comprendrez qu’il aurait été incapable de garder le secret de toute façon. Cela aurait été trop dur pour lui.”
Elle continua en regardant Superman.
“Parce que tu détestes vraiment mentir, n’est-ce pas chéri?”
“Oh oui ! Ça c’est sûr. Je déteste mentir.” répondit Superman sur un ton étonnamment sérieux et presque dégouté. Andréa se tourna de nouveau vers la foule de journalistes pour finir son explication.
“Peut-être que notre décision vous parait folle, mais elle nous semble être le meilleur choix que nous pouvions faire pour notre avenir.”
La voix de Superman interrompit la foule bruyante de journalistes qui voulaient poser plus de questions.
“Cette conférence de presse est terminée. Merci de votre temps. Au revoir.” annonça-t-il avec une brusquerie inaccoutumée.
Toujours sous le choc de ce à quoi elle venait d’assister, Lois vit Superman, tendu de nouveau, prendre sa femme dans ses bras et s’envoler avec elle.
***
Superman ramena Andrea dans l’allée derrière le commissariat, où il l’avait rejointe avant la conférence. Henderson les y attendait en souriant.
“J’ai vu le spectacle à la télé. Bon travail, Andrea.”
“Merci, inspecteur.”
Le vieux policier se tourna vers Superman et remarqua son expression dégoutée.
“Superman, je sais que c’était difficile pour vous de convaincre Lane que vous aimez quelqu’un d’autre, mais il était important de…”
Superman parut encore plus écœuré qu’avant et l’interrompit avec colère.
“Je le sais, Henderson. Je n’aurais jamais fait une chose pareille si je ne pensais pas que c’était important. Maintenant, excusez-moi, je dois m’en aller.”
Henderson et Andrea parurent décontenancés de voir Superman montrer de la colère, mais ils n’eurent pas le temps d’ajouter quoi que ce soit. Le super héro était déjà parti, les laissant seuls.
***
Clark retourna à la mairie. La foule était en train de se disperser. Les curieux retournaient chez eux, et les journalistes dans leurs salles de rédaction respectives pour taper leurs articles. Il y avait encore beaucoup de monde, mais ça diminuait.
Il chercha Lois et vit qu’elle n’avait pas bougé d’un pouce depuis la fin de la conférence. Elle semblait avoir été frappée par la foudre. Cette vision d’elle lui fit mal au cœur.
Il l’avait blessée durement. Soupirant, il s’approcha d’elle par derrière.
“Tu es en retard, Clark.”
Les mots, prononcés doucement lorsqu’il l’avait rejointe, le prirent par surprise. Elle n’avait pas bougé, elle ne l’avait pas regardé, et elle semblait oublieuse du monde extérieur. Il ne pensait pas qu’elle remarquerait sa présence, et pourtant si.
Il s’attendait à la trouver en colère. C’était de cette façon qu’elle s’occupait habituellement des fortes émotions qu’elle ressentait, et là, elle était visiblement désespérée. Mais elle avait parlé sans aucune trace de colère. Elle réagissait comme un automate, et ça le fit souffrir pour elle encore plus. Mais il savait qu’elle ne lui serait pas reconnaissante de se montrer conscient de sa détresse.
“Non, je ne suis pas…”
“Tu as manqué la conférence de presse”, dit-elle sans le regarder ni bouger. C’était une simple constatation de sa part, sans aucune récrimination. Comme si elle ne s’en souciait pas du tout.
“Je ne l’ai pas manquée. J’étais là, du début à la fin. J’étais juste à l’arrière de la foule. Je n’ai pas réussi à te rejoindre devant le podium. Il y avait trop de monde, et je ne savais même pas où tu étais avant que tu ne parles.”
“Hum.”
Elle ne se souciait vraiment plus de rien. Il avait besoin qu’elle ait une réaction, n’importe quoi. Il ne pouvait pas supporter de la voir comme ça, comme un zombie. Il lui montra son carnet, plein de notes sur la conférence qu’il avait écrit rapidement avant de la rejoindre, ayant remarqué que Lois n’avait rien écrit durant la conférence.
“Tu vois ?”
Pour la première fois, elle bougea. Elle baissa les yeux sur son carnet, et puis sur celui qu’elle tenait dans sa main et remarqua qu’il était vierge. Elle se secoua mentalement. Consciente maintenant de l’inquiétude dans le regard de Clark, elle ressentit le besoin de lui parler.
“C’est fini, Clark. Tout est fini.”
Son ton n’était plus du tout neutre. Clark pouvait entendre à sa voix qu’elle retenait ses larmes, et ses yeux paraissaient trop brillants. Elle était sur le point de se briser complètement.
“C’est un vrai mariage.”
Elle fût à peine capable de prononcer le dernier mot avant de se mettre à pleurer.
Clark fut pris par surprise par la brutale éruption de larmes, si puissante que Lois pouvait à peine se tenir debout plus longtemps. Si Clark ne l’avait pas prise dans ses bras, elle se serait juste écroulée. Elle sanglota de façon répétée contre son épaule, cherchant à reprendre le souffle dont elle manquait.
Elle était tellement dévastée que Clark ne savait pas quoi faire pour l’aider, alors il ne fit que la serrer fort contre lui, en caressant ses cheveux et en murmurant quelques mots doux dans son oreille. Il savait qu’elle n’était pas capable de les entendre, ou de les comprendre, mais le doux son de sa voix combiné avec sa caresse dans ses cheveux sembla l’apaiser.
Gentiment, sans la relâcher, il la conduisit jusqu’au banc le plus proche. Assis avec Lois dans ses bras, Clark vit qu’ils avaient attirés l’attention de la plupart des journalistes encore présents et qui les regardaient avec intérêt.
Aucun doute que le désespoir de Lois serait l’objet de rumeurs dans toutes les salles de rédaction de Metropolis. « Lane chien méchant pleure dans la rue quand Superman révèle au Monde qu’il est marié ! »
Il savait que laisser les gens voir à quel point elle était affectée faisait partie du plan visant à convaincre Intergang que le mariage était réel. Il se souvenait encore d’Andréa lui disant: “Si elle n’est pas assez dévastée, si elle ne réagit pas de la bonne façon quand elle apprendra notre mariage, alors personne ne croira que ce mariage est réel.”
<Facile à dire pour vous Henderson ! Ce n’est pas vous qui devez regarder la femme que vous aimez pleurer de toute son âme parce qu’elle pense que vous ne vous souciez pas d’elle!> pensa Clark avec colère.
Il voulait tellement fort lui dire la vérité, mais il ne pouvait pas. Pas maintenant, pas avant que tout ne soit terminé. Alors il resta silencieux, et la serra plus fort.
Lorsqu’elle se calma un peu et arrêta de pleurer, Clark murmura doucement dans son oreille.
“Je te ramène chez toi. J’écrirais l’article moi-même. Perry comprendra.”
Sans un mot, elle acquiesça et se leva, prête à le suivre.
***
Lorsque la conférence de presse se termina, les Church éteignirent la télévision. Ils étaient abasourdis. Ils ne s’attendaient vraiment pas aux nouvelles qu’ils venaient juste de recevoir.
“Je crois que nous devons changer le plan, papa.”
Bill Church Senior se tourna vers son fils avec mépris.
“Ne sois pas ridicule, Billy. Nous devons juste changer la cible.”
***
CHAPITRE 9: LE MEILLEUR AMI
Clark était en train de finir d’écrire la dernière phrase de l’article sur la conférence de presse. Il avait eu du mal à l’écrire. Il ne pouvait pas se concentrer sur l’article. A chaque fois qu’il rapportait l’une des questions qui lui avaient été posées, ou les réponses que lui et Andrea avaient données, il revoyait l’expression hantée de Lois lorsque la conférence s’était terminée. Il ne pouvait penser à rien d’autre. Comme il détestait lui faire subir ça !
Mais il avait finalement terminé l’article. Ce n’était pas son meilleur travail, mais ça devrait suffire. Il soupira et envoya l’article à Perry pour qu’il l’édite. Il n’avait plus qu’à attendre que Perry l’autorise à partir et il pourrait aller vérifier comment Lois se portait. En attendant, il s’occupa en rangeant son bureau. Lois disait toujours qu’il était un peu maniaque, mais il savait dans quel état étaient les tiroirs de sa partenaire ! Il ne comprenait vraiment pas comment elle pouvait y retrouver quoi que ce soit sans l’aide de superpouvoirs.
Lois. Il était tellement inquiet pour elle. Combien de temps encore avant que Perry ne le laisse partir ?
Juste à ce moment, Perry sortit de son bureau.
“Kent ! Dans mon bureau ! “
Clark soupira. Si Perry n’était pas satisfait de l’article et qu’il lui demandait de le réécrire, il ne partirait jamais. Il n’était pas capable de faire mieux pour le moment. Il voulait juste voir comment allait Lois. Néanmoins, il se leva et rejoignit son rédacteur en chef dans son bureau.
“Vous avez signé Lane et Kent.”
C’était juste une observation, mais dans son état d’esprit, Clark le prit presque comme un reproche et il ressentit le besoin de défendre Lois.
“Bien sûr, Chef. Lois mérite d’avoir son nom sur l’article. Elle a couvert la conférence de presse aussi.”
“Non, fiston. Ne vous mettez pas sur la défensive. Je suis d’accord avec vous. En fait, si vous aviez signé l’article seulement avec votre nom, vous auriez entendu parler de moi. Non, ce que je voulais, je crois, c’était savoir où est Lois. Elle va bien?”
Clark se sentit contrit. Il savait, bien sûr, que Perry n’aurait pas ôté de l’article le nom de Lois. Il ne pensait plus très logiquement.
“Non, pas du tout. Elle va très mal, en fait. Elle a presque perdu la tête après la conférence. Elle pensait qu’elle devenait plus proche de Superman et elle espérait que… enfin… Elle se sent trahie.”
“Hum. Je ne suis pas surpris. Avec son passé, ça se comprend. Tous les hommes de sa vie l’ont trahie ! Je ne sais pas grand chose de ses relations passées, mais elle était déjà très méfiante envers les hommes quand elle a commencé à travailler au Planet. Mais elle s’est quand même laissée séduire par un connard qui travaillait ici. Il l’a utilisée pour avoir son article et il est parti. C’est là qu’elle est devenue si dure avec tout le monde. Vous savez, Lois est comme une fille pour moi, mais pendant des années, j’ai pensé qu’elle ne serait jamais capable d’avoir des amis. Elle était juste tellement…”
Les mots de Perry lui venaient droit du fond du cœur et Clark sourit.
“Oui. Je me souviens comment elle était quand j’ai été engagé.”
“Oui. Je l’aime bien, mais je dois admettre qu’elle n’est pas toujours très sympathique avec les gens. Elle n’a plus jamais fait confiance à personne après ce que cette ordure lui avait fait. Jamais. Jusqu’à l’arrivée de Superman”, expliqua Perry.
“Je crois qu’elle le voyait comme… un homme parfait, ou quelque chose comme ça”, dit Clark.
“Oui, c’est exactement ça. Mais aujourd’hui, elle a vu une fois de plus que l’homme parfait n’est qu’un mythe. Et j’ai peur pour elle, j’ai peur qu’elle ne fasse plus jamais confiance à personne de nouveau. Vous savez, même son père l’a quittée, quand elle était une petite fille…”
Clark put sentir dans ces mots le sentiment paternel que Perry avait pour la jeune femme, ainsi que son sentiment de culpabilité d’avoir été lui aussi un mauvais père pour ses propres enfants.
“Je sais”, répondit-il brièvement.
“Clark, Lois vous fait confiance, à vous aussi. Ça lui a pris du temps, mais elle a confiance en vous. Ne la laissez pas vous fermer la porte au nez. Allez la voir. Vous êtes probablement son seul ami, et elle en a besoin d’un maintenant. Ne la laissez pas seule ou elle se renfermera et elle ne laissera plus jamais personne l’approcher.”
“Je ne la laisserai pas, Perry. Je suis tellement inquiet pour elle. Elle allait vraiment mal, là-bas. Elle a fait une vraie crise de nerfs. Elle… Elle a pleuré… elle… s’est presque effondrée. Devant tout le monde. Et vous savez à quel point son image de journaliste dure à cuire est importante pour elle…”
“Allez la voir. Dites-lui qu’elle peut prendre autant de congés qu’elle veut.”
Clark acquiesça et se dirigea vers la porte, mais la voix de Perry le retint.
“Clark. Prenez soin d’elle, fiston.”
“Je le ferai, Perry.”
“Vous savez… Je sais ce que vous ressentez pour elle. Ne perdez pas espoir. Peut-être que le mariage de Superman lui ouvrira les yeux, et lui permettra de voir un type bien qui est toujours là pour elle quand elle a besoin de lui…”
Clark était un peu embarrassé. Son patron était en train de parler de sa vie amoureuse, ou de son manque de vie amoureuse plutôt. Mais le sourire rassurant sur le visage de Perry lui permit de se détendre et il sourit en retour.
“Merci, Perry.”
Il sortit du bureau. Entendre les mots d’encouragement de Perry lui avait fait du bien, mais Clark ne voulait pas que Lois se tourne vers lui juste parce qu’elle ne pouvait pas avoir Superman. Il voulait qu’elle l’aime, lui, tout simplement.
***
Bien qu’il aurait aimé allé directement chez Lois, il avait autre chose à faire d’abord. Il prit les escaliers vers le toit et s’envola dans le ciel, se dirigeant vers l’appartement d’Andrea. C’était ce qu’ils avaient décidé pour convaincre les journalistes qu’ils vivaient ensemble, comme ils l’avaient dit à la conférence de presse.
Tandis qu’il s’approchait de l’appartement, il remarqua qu’il y avait déjà de nombreux paparazzis qui essayaient de se cacher dans la rue en contrebas, surveillant les fenêtres d’Andrea.
Quel le spectacle commence ! Il ralentit un peu pour les laisser prendre toutes les photos qu’ils le souhaitaient de “Superman rentrant chez lui”, et il pénétra dans l’appartement par la fenêtre ouverte.
Il se sentait comme un intrus à entrer dans l’appartement sans frapper d’abord, mais il aurait paru suspect que Superman ne se sente pas le bienvenu dans sa propre demeure.
Andrea était assise sur le sofa, avec Henderson devant elle. Ils s’arrêtèrent de parler quand il apparut dans la pièce, et immédiatement, Superman ressentit le besoin de s’excuser d’avoir fait intrusion comme ça.
“Désolé. Je ne voulais pas vous déranger… Je suis à l’avance. Je sais que j’avais dit que je pourrais me montrer à 20h, mais j’a… enfin…”
Il s’arrêta, cherchant ses mots. Il était sur le point de dire qu’il avait autre chose de prévu ce soir, mais ce n’était pas sage de laisser quiconque savoir qu’il avait une vraie vie.
“Aucun problème, Superman’, le rassura Henderson.
“Oui. Vous êtes le bienvenu ici, Superman. Vous pouvez venir quand vous voulez, comme vous voulez”, ajouta Andrea.
“En fait, nous étions en train de parler de la mission”, reprit l’inspecteur. “J’étais juste en train d’expliquer à l’agent Flynn comment nous assurions sa sécurité.”
“Et comment le faites-vous?” s’enquit le super héro.
“J’ai six hommes tout autour du bâtiment qui surveillent les lieux.”
“Je ne les ai pas vus. J’ai regardé qui était là quand je suis arrivé, mais je n’ai vu personne d’autre que les paparazzis”, insista Superman.
L’une des raisons pour lesquelles il avait accepté le plan d’Henderson était qu’il lui avait garanti que la sécurité d’Andrea serait assurée.
“C’est parce mes hommes sont déguisés en paparazzis. De cette façon, ils sont plus discrets. Ils se fondent dans la masse autour du bâtiment”, répondit le vieux policier. “Eh bien, il est temps que j’y aille, maintenant. Il faut laisser les jeunes mariés en tête à tête.”
Les yeux d’Henderson pétillèrent et il haussa les sourcils de façon suggestive. Andrea sourit à la blague, mais Superman n’était pas d’humeur à l’apprécier. Il leva les yeux au ciel et soupira.
Andrea le conduisit à la porte et revint vers Superman.
“Alors. Peut-être que je devrais vérifier votre appartement pour voir si Intergang… ou des journalistes… n’ont pas posés de micros ou de caméras”, proposa le super héro.
“Allez-y”, répondit Andrea.
Il passa l’appartement aux rayons X et fut content de n’avoir rien trouvé. Il était rassuré.
“Rien. L’endroit est nickel. Pas de micros, et pas de caméras non plus.”
“Bien ! Je n’aurais pas aimé voir des photos de moi nue sous la douche dans le journal. Ma mère n’aurait pas apprécié non plus !” plaisanta Andrea.
Superman lui sourit.
“Eh bien, il faut que j’y aille. Je vous vois demain. Euh… A quelle heure je peux venir demain matin ?”
“7h30, ça va pour vous?”
“Très bien”, répondit Superman. “Et je promets de ne pas venir à l’avance cette fois-ci.”
“D’accord. A demain, donc, Superman.”
Elle le reconduisit à la fenêtre, mais il ne la suivit pas.
“Superman?”
“Je crois que je devrais partir par la porte… Il y a moins de chances que je sois vu si je m’envole depuis le toit. Je peux être très rapide, plus rapide que ce que l’œil humain peut voir, mais ça causerait beaucoup de vent ici, et votre appartement semblerait dévasté par une tornade…”
<Génial ! Je bafouille encore!>
“D’accord. Pas besoin de vous justifier, Superman. La porte, donc. Et je suppose que vous reviendrez par le toit demain ?”
“Oui. Bonne nuit.”
“Bonne nuit.”
Après le départ du super héro, Andrea alla dans sa cuisine, cherchant ce qu’elle allait manger pour diner. Regardant dans le frigo, elle décida de réchauffer des restes de pates au poulet. Elle ouvrit le micro-onde.
“Et merde !”
Elle retira du micro-onde la pizza qu’elle y avait oubliée la nuit précédente lorsque Murray l’avait appelée.
***
Clark était finalement en route pour aller voir Lois. Il était vraiment inquiet pour elle. Elle se sentait tellement mal quand il l’avait laissée dans son appartement plus tôt dans la journée, juste après la conférence de presse, pour aller écrire l’article dont Perry avait besoin.
Après avoir quitté Andrea, il avait pensé pendant une seconde aller directement voir Lois, mais il était parfaitement conscient qu’elle ne l’accueillerait pas à bras ouverts s’il venait juste parce qu’il était inquiet pour elle. Sa réaction le matin même quand Perry l’avait informée du mariage de Superman était encore vive dans sa mémoire. Elle avait réagi très mal au moindre signe d’inquiétude pour elle, insistant qu’elle allait bien. Il savait que ce n’était pas vrai, mais il savait aussi qu’elle préfèrerait sûrement éviter le sujet.
Alors il avait fait un nouveau détour, pour lui apporter des vidéos et des pizzas. C’était une excuse qu’elle pouvait accepter, même si elle était capable de voir que ce n’était qu’un prétexte.
Il frappa à la porte et attendit. Mais elle ne répondit pas. Il frappa de nouveau, mais la porte resta close.
Encore plus inquiet qu’avant, il regarda l’appartement à travers la porte. Elle était là, et physiquement elle allait bien. Mais elle pleurait.
Il pouvait la voir, prostrée sur son canapé, pleurant fort et serrant un coussin dans ses bras. Il avait mal au cœur pour elle. Il n’aimait vraiment pas la voir comme ça. Et savoir qu’il en était la cause rendait la situation pire encore. Il se sentait mal. Il voulait lui dire la vérité, mais ce n’était pas une option. Néanmoins il pouvait la réconforter, être là pour elle, en tant qu’ami.
Il frappa une troisième fois, mais elle refusait toujours de répondre.
“Lois. Je sais que tu es là”, dit Clark à travers la porte, en vain. Il insista.” Lois, je peux t’entendre pleurer. Je ne m’en irais pas.”
“Vas-t’en, Clark.”
Clark soupira, soulagé. Même si sa voix était pleine de larmes, elle semblait aller aussi bien qu’il était possible dans cette situation.
“Non. Je reste ici. Je ne te laisserai pas, Lois.”
Après un court silence, Clark entendit les verrous de Lois, puis la porte s’ouvrit. Il voulait lui demander si elle allait bien, mais elle se jeta dans ses bras dès que la porte fût ouverte, sanglotant doucement sur son épaule.
Il posa les pizzas et les vidéos qu’il transportait sur la petite table à côté de la porte, puis il la souleva dans ses bras et la porta jusqu’au canapé. Il s’assit avec Lois sur ses genoux et la laissa pleurer en silence. Il la serra fort, murmurant des mots apaisants dans son oreille, et caressa ses cheveux doucement.
Peu à peu, elle se calma et ses larmes séchèrent. Mais elle ne bougea pas. Elle se sentait si bien dans ses bras, comme ça. Elle se sentait protégée et chérie. Elle ne s’était jamais sentie aussi chérie de toute sa vie. C’était bon. Elle se sentait bien.
Elle prit lentement conscience du corps d’homme contre elle, dur et musclé. Il était fort et pourtant tendre aussi. Tellement tendre avec elle. Elle se sentait bien dans ces bras là.
Elle rougit un peu. Venait-elle vraiment de penser ces choses à propos du corps de Clark ? Son partenaire, son meilleur ami ? Avait-elle perdu l’esprit ? Non, si elle était honnête avec elle-même, elle devait admettre qu’elle avait toujours trouvé Clark attirant. Elle l’avait remarqué dès le premier jour. Elle n’avait simplement jamais voulu se l’avouer. Elle croyait que rêver de Superman était plus sûr.
Mais à la lumière de ce qui venait d’arriver, elle sût qu’elle avait tort. Superman n’était pas plus sûr. Il n’était qu’un homme, et il n’était pas meilleur que les autres. D’un autre côté, Clark s’était montré digne de confiance à de nombreuses reprises. Et maintenant, elle était capable d’admettre, au moins en son for intérieur, qu’il l’attirait.
Mais même si elle était blessée, en colère, et jalouse, et même si elle se sentait trahie, elle ne pouvait pas s’empêcher de continuer à aimer Superman. Clark méritait mieux que ça.
Mais à cet instant elle ne voulait pas bouger. Elle était assise sur ses genoux, avec sa tête sur son épaule, et il la serrait fort, caressant ses cheveux. Et ça paraissait juste. Elle en avait besoin, alors elle resta dans ses bras. Et finalement, elle s’endormit.
Clark étreignit Lois pendant un long moment après qu’elle se soit endormie sur lui. Quand il fut sûr qu’elle dormait profondément et ne risquait pas de se réveiller, il la souleva et la porta dans sa chambre. Gentiment, il la déposa sur le lit et la borda avant d’aller s’asseoir sur une chaise dans un coin de la pièce. Pendant des heures, il la regarda dormir. Elle paraissait si paisible.
Au matin, une migraine réveilla Lois. Bon Dieu, elle se sentait tellement mal ! Elle avait soif, elle avait une boule dans la gorge, et elle avait mal à la tête. Lentement, elle se souvint pourquoi. Elle avait pleuré toute la journée précédente.
Elle ouvrit lentement les paupières. La faible lumière blessa ses yeux, mais elle se força à les garder ouverts et consulta son réveil. 6h48. Il n’était pas encore l’heure de se lever, mais elle n’avait pas envie de rester au lit, de peur de se mettre à repenser à ce qui s’était passé. Elle avait besoin de s’occuper, et aller travailler était la meilleure chose à laquelle elle pouvait penser.
Elle s’assit, prête à se lever, et vit Clark assoupi sur une chaise dans un coin de sa chambre. Elle était plutôt surprise.
<Mon dieu. Il devait être vraiment inquiet pour moi. C’est trop mignon.>
Presque en dépit d’elle-même, elle se retrouva à sourire à son partenaire endormi. Il était si beau comme ça. Elle ne voulait pas le réveiller, mais elle ne pouvait pas le laisser dormir sur la chaise. Ça devait être plutôt inconfortable, et il aurait des problèmes avec Perry s’il manquait le travail. Alors elle le secoua gentiment.
“Bonjour, Clark.”
“Bonjour. Comment ça va?”
Qu’il montre autant de souci pour elle alors même qu’il venait à peine de se réveiller la toucha vraiment. Elle sentit de nouveau les larmes monter, mais elle se retint de pleurer, et se força à sourire.
“Pas trop mal. Ça va, je vais bien.”
Au regard plein de doute qu’il lui lança, Lois ressentit le besoin d’être honnête avec lui.
“D’accord, c’est dur, mais j’irais bien. Je… Je ne veux pas vraiment en parler, Clark, ou je… je me remettrai probablement à pleurer.”
En fait, il pouvait entendre à sa voix que les larmes étaient bien plus proches que ce qu’elle voulait lui montrer.
“Oh, avant que j’oublie… Perry m’a demandé de te dire que tu pouvais prendre autant de congés que tu en as besoin.”
“Merci, mais… non merci. Je préfère retourner travailler. Je ne veux pas me laisser aller.”
“D’accord. Si tu vas vraiment bien alors je rentre chez moi me préparer pour le travail.”
“D’accord”, répondit Lois. Clark pouvait entendre la déception dans son ton, et comprit qu’elle se sentait encore très mal, même si elle ne voulait pas en parler.
“Je… Je peux revenir ensuite te chercher pour aller travailler, si tu veux.”
Lois sourit, et cette fois-ci, son sourire était authentique.
“J’aimerais beaucoup, Clark.”
“A huit heures ?”
“Oui. D’accord.”
Il rentra chez lui, et elle alla dans la salle de bain se doucher et se préparer pour le travail.
***
Il y avait des jours où la super-vitesse pouvait vraiment être pratique. Clark rentra chez lui en volant. Il se préparait pour aller travailler quand son téléphone sonna. C’était ses parents. Les choses étaient arrivées si vite qu’il avait oublié de leur dire ce qui se passait. Recevoir les nouvelles de son “mariage” en regardant la télévision leur avait fait un vrai choc. Il dut tout leur expliquer, et le temps qu’il finisse, il était 7h30 passé depuis longtemps. Largement temps d’aller chez Andrea.
Il se changea en Superman et vola vers son bâtiment à pleine vitesse pour éviter que les paparazzis ne le voient. Il se posa sur le toit et descendit les escaliers vers son appartement.
Elle ouvrit la porte presque immédiatement après qu’il ait frappé.
“Bonjour. Je sais que vous avez dit que vous ne seriez pas à l’avance, Superman, mais je ne pensais pas ça voulait dire que vous seriez en retard”, dit Andrea en plaisantant.
“Bonjour. Très drôle. Je suis désolé d’être en retard, mais j’étais un peu occupé ce matin”, expliqua Superman.
“Vraiment ? Ils n’ont rien dit à la radio. Un sauvetage dont je devrais tout savoir ?”
A l’air perplexe du super héro, Andrea se hâta de s’expliquer:
“Vous savez, si vous faites des sauvetages durant la nuit, ou tôt le matin, quand vous êtes supposé être avec moi, eh bien… je devrais le savoir, pour le cas où quelqu’un me questionne.”
“Non, ce n’était pas un sauvetage”, répondit Superman, débattant avec lui-même de ce qu’il pouvait ou non lui dire. “J’ai juste oublié de dire à mes parents ce qui se passait et… enfin… ils ont vu les nouvelles à la télévision, et ils étaient plutôt choqués et attristés, vous pouvez imaginer.”
<Bon dieu ! Je ne peux pas croire que j’ai dit ça. Ce n’était probablement pas ma meilleure idée, mais je sais qu’elle ne le répétera pas. Si ?>
“Euh… Vous ne le direz à personne, que j’ai des parents, n’est-ce pas ?”
La question paraissait tellement idiote qu’elle était de nouveau franchement amusée. Avant de le rencontrer dans le bureau d’Henderson, elle n’aurait jamais cru que Superman puisse être aussi maladroit, timide et manquer autant de confiance en lui.
“Je promets. Mais maintenant, il faut que vous alliez vous donner en spectacle devant ma fenêtre. Il faut que je sois au travail dans dix minutes.”
“Oh mon Dieu ! Il est presque 8h00, je dois y aller. Je vous vois ce soir.”
Il s’envola par la fenêtre, laissant les paparazzis le prendre en photos et alla directement à l’appartement de Lois.
***
Sur la route pour aller au Planet, Lois se tourna vers Clark. Pour une fois, elle l’avait laissé conduire sa Jeep.
“Clark. J’ai vu les pizzas et les vidéos sur la table. Je… Je voulais vous dire… Je voulais vous remercier. C’était très gentil. C’est bon d’avoir un ami comme vous.”
Il pouvait entendre l’honnêteté derrière ses mots et en fut touché. Ce n’était pas si souvent que Lois lui ouvrait son cœur. Il lui sourit.
“De rien, Lois.”
“Est-ce que… Est-ce qu’on pourrait… avoir notre soirée vidéo-pizza ce soir?” demanda Lois d’une voix incertaine. Clark la regarda avec surprise. “Je… Je ne veux pas être seule”, ajouta t’elle.
“Bien sûr, Lois. Je serais ravi de venir pour une soirée vidéo-pizza”, répondit Clark avec un large sourire. Et il fut encore plus heureux d’en être récompensé par un vrai sourire, complètement authentique.
***
CHAPITRE 10: DANS LE CONFORT DE SES BRAS
Clark volait vers le commissariat. Cela faisait maintenant une semaine qu’il prétendait être marié à Andrea, et il en avait assez de devoir mentir… Rien ne s’était produit, et il était temps d’arrêter la mascarade. Il ne pouvait plus continuer.
Depuis le jour où il avait annoncé le mariage, il avait passé toutes ses nuits à l’appartement de Lois. La première nuit, elle avait pleuré jusqu’à épuisement. Après ça, elle l’avait invité tous les soirs. Soirées vidéo-pizzas, jeux de société, plats à emporter, ou même des soirées de travail. Et à chaque fois, la nuit tombée, elle lui demandait s’il pouvait rester dormir là, parce qu’elle ne voulait pas rester seule. C’était tellement inhabituel de sa part de se montrer si dépendante qu’il avait envie d’en pleurer.
Il pouvait supporter d’avoir passé six nuits sur ses inconfortables sofas. Ce qu’il ne supportait plus, c’était de la voir pleurer tout le temps. Il était content de pouvoir la réconforter, la serrer dans ses bras, mais il préfèrerait qu’elle n’en ait pas besoin. Il voulait qu’elle redevienne la femme forte qu’il connaissait. Il n’aimait pas la voir comme ça. Et le fait que tout était de sa faute ne l’aidait pas à faire face à Lois lorsqu’elle pleurait.
Néanmoins, il devait admettre qu’elle n’avait pas versé une seule larme durant les deux dernières nuits. Il sourit en se souvenant de la soirée qu’ils avaient passé ensemble deux jours plus tôt. Ils s’étaient tellement amusés.
Il cuisinait. Pour l’aider à oublier ses sombres pensées, il avait essayé de la faire participer. La soirée précédente, elle avait de nouveau pleuré sur son épaule lorsque quelque chose lui avait rappelé Superman alors qu’ils travaillaient sur un article. Et il ne voulait pas que cette soirée, ou toutes celles d’avant, ne se répète une fois de plus. Quand il avait commencé à lui demander de faire des petites choses pour l’aider dans la cuisine, elle avait râlé et protesté qu’elle ne savait pas cuisiner. Alors il avait essayé de lui expliquer. Et finalement, elle avait essayé Elle avait échoué, mais… au moins, elle avait essayé. Elle semblait heureuse qu’il ne se moque pas de ses efforts, et elle s’était mise à plaisanter elle-même à propos de ses talents culinaires. Et peu à peu, elle avait commencé à s’amuser vraiment. A la fin, ils avaient fait une bataille avec la nourriture gâchée par les essais de Lois. Elle avait même rit, et c’était Clark qui s’était presque mis à pleurer. C’était tellement bon de l’entendre rire. Heureusement, elle ne s’en était pas aperçue, et elle avait bien profité de la soirée. Lui aussi.
Et la nuit suivante, tandis qu’ils jouaient à des jeux de société, elle n’avait pas pleuré non plus. En fait, il l’avait même de nouveau entendu rire quelques fois. Il aimait ça. Son rire était devenu si rare depuis une semaine. Mais Clark n’était pas assez stupide pour s’imaginer qu’elle allait vraiment mieux, qu’elle ne se remettrait plus à pleurer.
Le fait même qu’elle ait toujours besoin qu’il reste dans son appartement était la preuve, si preuve était besoin, qu’elle se sentait toujours fragile.
Mais il voulait que tout soit terminé. Il ne voulait plus la voir pleurer. Comment pourrait-il le supporter, sachant que c’était sa faute? Sachant qu’il pouvait mettre un terme aux larmes et à la peine de cœur? Il était temps d’y mettre fin.
Clark se retrouva ainsi sur le chemin du commissariat pour mettre un terme à la misère de Lois, et à sa propre misère aussi.
Il en avait assez de mentir, surtout à Lois. Il en avait assez d’aller et venir, matin et soir, par la fenêtre d’Andrea. Il en avait assez de toute cette histoire, et il voulait juste y mettre fin.
Il ralentit en vue du commissariat, et se prépara à atterrir. Il était temps de prévenir Henderson que tout état fini.
***
“Mais vous ne *pouvez pas* arrêter, Superman!”
“Si, je peux. Et je vais le faire, Inspecteur Henderson ! Ça fait une semaine que je fais semblant d’être marié à Andrea, et Intergang ne s’est pas montré ! Regardez la vérité en face, votre tuyau était faux ! Ils ne vont pas bouger, et je ne veux plus mentir !”
Le super héro et le vieux policier se faisaient face, criant tous les deux. La conversation avait rapidement dégénérée en dispute quand Henderson avait commencé à exposer les raisons pour lesquelles le super héro devait continuer la mascarade. Superman avait mal réagi. C’était la première fois qu’Henderson voyait Superman suffisamment en colère pour crier. Et il n’avait jamais non plus entendu parler de personne ayant déjà eu une dispute avec lui. Ça le rendait parfaitement conscient d’à quel point le super héro pouvait devenir susceptible quand il s’agissait de mentir au monde et de décevoir Lois.
Mais l’inspecteur de police ne pouvait pas croire que Superman le menaçait vraiment d’arrêter une investigation aussi importante. Non. Il ne menaçait pas, se corrigea-t-il mentalement, il avait déjà pris sa décision. Maintenant, il était de la mission d’Henderson de le convaincre de changer de nouveau d’avis. Et se disputer à ce propos n’était pas le meilleur moyen d’y parvenir.
Soupirant, Henderson essaya de se calmer. Il prit quelques profondes inspirations et se remit à parler, essayant d’être la voix de la raison pour Superman, qui devenait de toute évidence trop émotif à propos de toute cette histoire.
“Superman, écoutez”, commença Henderson d’un ton apaisant.”Vous savez que j’ai des hommes qui suivent Lois pour la protéger au cas où quelque chose tournerait mal…”
“Quoi?!” vociféra le super héro furieux. “Etes-vous en train de me menacer d’arrêter de protéger sa vie si je ne vous obéis pas ?! Et vous pensez qu’un chantage pareil vous rend meilleur qu’Intergang ?!”
“Non ! Non, non ! Non, Superman, ce n’est pas ce que je suis en train de dire. Je n’y pense même pas ! Lane est mon amie aussi, vous savez, même si je l’admettrai jamais devant elle.”
Henderson vit un regard contrit sur le visage du super héro, même s’il ne s’excusa pas pour ses accusations. Le policier devrait s’en contenter puisqu’il était évident que le super héro était toujours trop fâché et mécontent pour s’excuser de ce qu’il avait dit.
“Donc. Ce que je disais, c’était que les policiers qui suivent Lois m’ont rapporté qu’ils avaient repéré un autre gars qui l’espionne depuis le jour de la conférence de presse. Nous l’avons identifié. Il a un casier très long, et nous le soupçonnons de travailler pour Intergang. S’il-vous-plait Superman, reconsidérez votre position.”
Au vu de l’expression bornée sur le visage du Super héro, Henderson sentit qu’il lui fallait insister.
“Vous savez ce que ça signifie, Superman? Vous savez pourquoi Intergang la fait suivre ? Ce type ne peut faire ça que pour deux raisons. Premièrement, si Intergang ne croit pas notre histoire, ça signifie qu’ils veulent toujours l’attaquer…”
“Alors ça ne changera rien si j’arrête !” l’interrompit Superman toujours en colère et clairement mécontent de la situation.
Pour se faire entendre, Henderson dût élever la voix.
“Seconde hypothèse. Intergang la suit pour être sûr que votre mariage est réel ! Et si c’est le cas, alors vous avez juste qu’à attendre qu’ils en soient convaincus et ils mordront à l’hameçon!”
Et là, Superman devint encore plus furieux. Il commença à arpenter la pièce de long en large, essayant vraisemblablement de contrôler sa rage. Henderson se sentit inquiet de voir qu’un homme aussi puissant pouvait être si près de perdre tout contrôle sur lui-même.
“S’ils veulent la voir pleurer sur mon mariage, ils devraient être heureux depuis le temps !! Elle est désespérée !!! Je ne veux plus la voir souffrir ! Je veux tout arrêter ! Tout lui dire !”
La façon dont Superman arpentait la pièce et la voix coléreuse avec laquelle il criait rendit Henderson furieux. Le super héro le traitait comme s’il était le méchant de l’histoire ! Il essayait juste d’aider Lois. Il essayait juste d’aider Superman à protéger ceux qu’il aimait. Il faisait juste son travail ! Et c’est contre lui que le super héro était en colère !
“Vous ne pouvez pas!” l’interrompit Henderson, criant maintenant aussi fort que Superman. “Vous détruiriez tout ce que nous avons fait!”
“Je m’en moque ! Je veux arrêter!”
“Vous voulez la mort de Lois ?! C’est ça que vous voulez ?!”
“Comment pouvez-vous dire une chose pareille !?! Je *l’aime* !!!”
Les répliques fusaient rapidement, les deux hommes s’interrompant l’un l’autre, chacun essayant de crier plus fort que son adversaire, mais cette dernière phrase jeta un froid dans la pièce. Elle eut l’effet d’une douche glacée et les calma tous deux immédiatement. Ils restèrent silencieux quelques secondes, récupérant leurs souffles.
Henderson ne pouvait pas croire que Superman venait juste d’admettre sous l’emprise de la colère ce qu’il s’évertuait à nier depuis le début. Il venait d’avouer son amour pour Lois.
Clark ne pouvait pas croire non plus ce qu’il venait juste de dire. Une semaine plus tôt, quand Andrea lui avait rapporté tout ce dont elle avait été témoin concernant sa relation avec Lois, il s’était juré de cacher plus attentivement ses sentiments pour elle devant les gens, surtout lorsqu’il portait le costume de Superman. Et maintenant, il hurlait son amour pour elle devant Henderson, juste parce qu’il était trop en colère pour penser raisonnablement.
“Euh… Je veux dire… Elle est… Elle est mon amie… et… et on aime tous nos amis… euh… amicalement. Je… Je l’aime… vous savez… amicalement…”
<Bon Dieu! Je bafouille encore! Qu’est-ce qui ne va pas chez moi? Je ne bafouille jamais d’habitude, et là, je bégaye presque.>
“Tout va bien, Superman”, intervint Henderson, apaisant. “Je sais que vous l’aimez. Vous n’avez pas besoin de vous justifier ou de nier vos sentiments. Tout va bien.”
Soupirant, Superman s’assit sur la chaise devant le bureau d’Henderson, et regarda l’inspecteur de police, défait.
“Mais vous savez, c’est vrai ce que je vous ai dit l’autre jour. Lois et moi… nous ne sommes pas ensemble”, dit Superman. Il savait que ça n’avait aucune importance, mais il ressentait le besoin de clarifier ce point. “Peu importe ce que je ressens, nous ne sommes pas ensemble. C’est la vérité.”
“C’est bon, Superman. Vous n’avez pas besoin de me convaincre. Je vous crois, si vous le dites”. Henderson sourit de façon rassurante au super héro triste mais maintenant calmé. “Mais vous savez”, ajouta-t-il plus sérieusement, “si vous l’aimez vraiment, vous continueriez à faire semblant jusqu’à ce qu’on stoppe Intergang. Autrement, elle aura souffert toute cette semaine pour rien du tout. Et sa vie sera de nouveau en danger…”
Superman soupira de nouveau, vaincu.
“Vous avez gagné. Mais, Henderson, je ne sais pas si je serais capable de continuer à mentir pendant longtemps. Si Intergang n’agit pas rapidement, je ne vais pas être capable de continuer… Je… Je ne peux plus supporter de la voir pleurer.”
“Je comprends, Superman, vraiment. Mais vous avez fait le bon choix. Et ne vous inquiétez pas trop pour Lois. Elle n’est pas seule. Mes hommes m’ont rapporté que Clark Kent restait tout le temps avec elle pour l’aider et la soutenir.”
Superman sourit amèrement au réconfort qu’Henderson tentait de lui donnait, mais il acquiesça tout de même.
***
<Et je suis de retour dans l’appartement de Lois pour une nouvelle nuit.> pensa Clark tristement.
Découragé, Clark s’appuya contre le comptoir de la cuisine où il était en train de s’occuper à préparer le dîner. Il ne voulait pas manger de nouveau des plats à emporter, alors Lois lui avait dit qu’il était libre de faire la cuisine. Il se souvint avec un sourire de ce qu’elle lui avait dit.
“Eh bien… Maintenant que tu m’as donné un cours de cuisine, je suis devenue tellement douée que je pourrais te donner un complexe si je faisais à manger, donc je crois qu’il va falloir que tu le fasses toi-même.”
Clark était content que Lois soit de nouveau capable de plaisanter quelque fois. Ça voulait dire qu’elle se sentait mieux. Mais bien qu’il soit heureux de la voir aller mieux, il craignait plus que jamais une rechute Ça avait été difficile de la voir brisée la première fois, mais il ne savait pas s’il pourrait supporter de voir ça une seconde fois après une semaine aussi éprouvante émotionnellement.
Cette situation était en train de le tuer. Il détestait lui mentir, surtout quand son mensonge lui faisait autant de peine. Et il se haïssait d’avoir accepté de continuer à la berner.
Il pourrait faire n’importe quoi pour que Lois continue à aller mieux. Il ne pourrait pas supporter de la voir dévastée de nouveau. En fait, c’était pour ça qu’il était devenu aussi en colère contre Henderson plus tôt dans la journée. Il avait juste tellement peur de la voir pleurer une nouvelle fois après ces deux jours sans larmes. Il voulait si fort qu’elle aille mieux…
<Enfin, pour l’instant elle va bien>, se rassura-t-il lui-même.
D’un air décidé, il se tourna vers le comptoir pour finir de préparer le repas.
Quelques minutes plus tard, il entendit du bruit dans la chambre. Lois avait terminé de prendre sa douche, et elle ne mettrait pas longtemps à revenir dans la salle de séjour. Il se secoua mentalement pour qu’elle ne voie pas à quel point il était perturbé.
“Hum. Ça sent bon ! Qu’est-ce que tu nous prépares ?”
Clark se retourna vers la voix de Lois. Elle avançait vers la cuisine en souriant, clairement intéressée par les casseroles sur la cuisinière électrique. Clark lui rendit son sourire mais secoua la tête.
‘Huh-huh. C’est une surprise.”
Lois le regarda en faisant la moue, et il ne put s’empêcher de sourire encore plus fort.
“Oh allez, Clark ! Tu sais que je n’aime pas les surprises!” supplia-t-elle.
“D’accord. Juste un indice alors. Cuisine française.”
“Ouh !” s’exclama-t-elle, “Je suis impressionnée. Ta mère t’a aussi appris la cuisine française?”
“Non. J’ai appris ça en France, quand je voyageais dans le monde entier, avant de m’installer à Metropolis”, expliqua-t-il.
“Eh bien, je suis impatiente. Et puisque tu ne veux pas m’en dire plus, je crois que je vais essayer de me montrer utile.”
“Toi ? Utile dans la cuisine, Lois ?” plaisanta-t-il. “Je crois que nous avons prouvé l’autre soir que c’était impossible.”
Lois essaya de le regarder méchamment, mais ne put rester sérieuse bien longtemps, et gloussa avec lui. Elle aimait bien quand il la taquinait de cette façon.
“Tu sais… Je suis quand même capable de mettre la table. Tous les plats à emporter ne se trouvent pas dans de la vaisselle jetable”, répondit-elle sur le même ton de plaisanterie.
Elle se dirigea vers l’armoire de la cuisine et en sortit les assiettes. En chemin, elle alluma la radio et l’une de ses chansons préférées se fit entendre dans la pièce tandis qu’elle mettait la table. Mais la chanson finit rapidement, et la voix joyeuse du présentateur la remplaça.
“Waouh ! ‘Fly me to the moon’. Ça, c’est une chanson romantique ! Vous pensez que Superman la chante à sa femme ? Il a certainement l’air très amoureux. J’ai entendu dire qu’il était allé au commissariat aujourd’hui ! Elle lui manquait ! N’est-ce pas mignon ?”
Brutalement le silence revint dans la pièce. Lois regarda Clark qui venait juste d’éteindre la radio et qui la fixait d’un air inquiet.
Quand il l’a pris dans ses bras, et murmura des paroles de réconfort dans son oreille, elle se rendit compte qu’elle était en train de pleurer doucement, et elle commença à pleurer plus fort.
Clark se sentit mal. Tellement mal. Tout ça était sa faute. Elle pleurait de nouveau à cause de lui. Elle allait mieux, et il l’avait de nouveau fait pleurer. Il était allé au commissariat parce qu’il voulait arrêter de lui faire du mal, mais il l’avait rendue encore plus misérable. Evidemment que tout le monde penserait qu’il y était allé pour aller voir sa « femme ».
La culpabilité l’assaillit. Sentir de nouveau les larmes de Lois contre son épaule était de trop. Au diable Henderson ! Au diable le plan ! Au diable Intergang ! Il ne pouvait pas rester silencieux. Elle devait tout savoir. S’il lui disait tout, elle arrêterait de pleurer.
Il ouvrit la bouche pour parler, tout expliquer, mais aucun son n’en sortit. Consciemment, il ne comprit pas complètement ce qui le retenait. Mais au fond de lui, il savait pourquoi il lui était aussi difficile de tout lui dire. Comment pouvait-il expliquer autant de cruauté à son égard sans empirer les choses ? Ce ne serait plus juste Superman qui l’aurait trahie, mais Clark aussi. Et à cet instant, elle n’avait pas besoin qu’un autre homme à qui elle faisait confiance révèle qu’il l’avait trahie, qu’il lui avait menti.
S’il lui disait tout, elle serait vraiment seule pour faire face à la situation. Elle n’aurait plus son meilleur ami avec elle, et elle avait besoin de cette amitié. Henderson avait raison quand il disait qu’au moins, elle avait Clark avec elle pour la soutenir. Il ne pouvait pas lui retirer ça aussi. Il ne pouvait pas le faire. Il ne pouvait pas lui dire. Pas tout de suite. Pas quand elle était aussi émotionnellement fragile.
En puis il y avait aussi cette vieille peur de révéler à qui que ce soit qu’il était Superman. Et il n’y avait aucun moyen qu’il lui dise le reste en laissant ça de côté.
Clark était tellement plongé dans ses pensées et sa culpabilité qu’il n’avait même pas remarqué que, dans ses bras, Lois s’était lentement calmée, qu’elle avait arrêté de pleurer et qu’elle avait commencé à l’embrasser doucement dans le cou. Pas jusqu’à ce qu’elle dépose un léger baiser sur le coin de sa bouche.
Il la regarda, surpris.
“Lois, qu’est-ce que tu fais?” demanda-t-il, incertain.
“Je t’embrasse”, répondit-elle tranquillement avant de l’embrasser de nouveau, sur les lèvres.
Au début, Clark ne put s’empêcher d’y répondre, mais très rapidement, il retrouva ses esprits et rompit le baiser.
“Je suis désolé, Lois, mais… je ne veux pas être juste un moyen de l’oublier”, expliqua-t-il doucement, mais d’un air résolu.
Lois pouvait voir de la tristesse dans son regard, et elle sut qu’elle l’avait blessé. Ce n’était pas ce qu’elle voulait, mais clairement, c’était ce qu’elle avait fait. Néanmoins, en dépit du rejet exprimé par ses mots, rien dans son attitude ne la rejetait, et cela la rassura.
“Ce n’est pas le cas, Clark”, réfuta Lois. “Je t’aime.”
Les mots étaient sortis de sa bouche avant qu’elle puisse seulement y penser. L’expression stupéfaite de Clark la fit réaliser qu’elle avait donné l’impression d’une déclaration d’amour. Tous ses instincts la pressaient de le nier, d’expliquer ce qu’elle avait entendu par ces mots là. Elle l’avait déjà fait une fois. Elle lui avait dit qu’elle l’aimait… comme un frère. Mais elle ne se sentit pas capable de le faire cette fois-ci.
Surprise, elle se rendit compte qu’elle le pensait vraiment. Pendant la semaine qu’il avait passé avec elle, elle avait réalisé à quel point elle en était venue à l’aimer. Depuis le jour de son mariage raté avec Lex, elle savait qu’elle avait pour lui des sentiments plus forts que ce qu’elle voulait bien reconnaitre, mais cette semaine en sa compagnie lui avait vraiment ouvert les yeux sur la profondeur de ses sentiments pour son partenaire. Et elle ne voulait plus les nier. Il était temps qu’elle se montre honnête avec elle-même, et avec lui. Complètement honnête.
La voix tremblante, elle commença sa déclaration d’amour.
“Clark, tu es mon meilleur ami. Et je… je te désire. Je ne vais pas te mentir. J’aime Superman aussi, tu le sais. Je suis toujours en train de pleurer à chaque fois que j’entends parler de son mariage. Mais… Ecoute, je n’avais jamais cru que c’était possible d’aimer deux personnes en même temps, et pourtant… Je l’aime, lui, et je t’aime, toi. C’est la vérité, tu sais. Je suis tombée amoureuse de toi.”
Clark était sans voix. Instinctivement, il savait qu’il ne rêvait pas, et pourtant ça ne pouvait pas être vrai non plus. Il l’avait blessée ! Comment pouvait-elle l’aimer ? Il se sentait plus heureux et plus honteux que jamais auparavant dans sa vie. Il ressentait tellement de choses, et tout à la fois, qu’il ne savait plus comment il se sentait vraiment. Il ne pouvait plus bouger, parler, ou même respirer. C’était un rêve qui devenait réalité, et il n’était pas préparé pour la vague d’émotions qui le submergeait.
Lois avait peur que Clark ne la rejette. Elle était terrifiée que lui révéler ses vrais sentiments ne le fâche ou ne lui donne l’impression qu’elle l’utilisait pour oublier Superman. Il n’avait pas du tout réagi à ce qu’elle lui avait dit. Tous les hommes qui avaient compté pour elle dans sa vie l’avaient rejetée, et elle avait survécu. Mais cette fois-ci, elle savait que si Clark la repoussait, quelque chose mourrait au fond d’elle-même. Elle avait besoin de lui faire comprendre que ses sentiments étaient réels, et qu’elle ne l’utilisait pas…
“Clark, je sais que tu mérites mieux que ça, mieux qu’une femme amoureuse de deux hommes, et… je comprendrais si tu ne veux pas de moi”, ajouta-t-elle doucement même si ce n’était pas vrai. “Mais tu sais… j’ai réalisé autre chose, à part ce que je ressens pour toi. J’ai réalisé que je ne pourrais jamais être heureuse avec lui, alors que je sais que je peux l’être avec toi. Et je ne dis pas qu’il ne peut pas me rendre heureuse parce qu’il est marié avec une autre, mais parce que… je sais maintenant que, même si j’ai passé beaucoup de temps avec lui, je ne le connais pas vraiment. Je ne sais pas grand chose sur lui, et du coup, je ne peux pas… lui faire confiance. Pas de la façon dont je te fais confiance. Et je sais que je peux te faire confiance complètement.”
Lois était maintenant au bord des larmes. Elle n’avait jamais exposé son cœur autant de toute sa vie, et elle était totalement pétrifiée. Clark était toujours en train de la fixer d’un air choqué, sans parler, et elle pouvait le sentir trembler contre elle. Elle éprouvait le besoin de courir et d’aller se cacher, mais elle se força à rester et à terminer ce qu’elle voulait qu’il entende.
“Je t’aime, Clark. Je t’en prie, crois-moi”, supplia-t-elle. “Tu n’es pas mon second choix. Je peux comprendre si tu ne veux pas de moi à cause de mes sentiments pour lui, mais je t’en prie, ne doute pas que je t’aime aussi. Parce que c’est vrai.”
Sa gorge était serrée par les larmes qu’elle retenait, et elle était à peine capable de continuer à parler, mais elle avait besoin de le lui dire.
“Tu n’es pas juste un moyen de l’oublier. Je suis vraiment amoureuse de toi.”
Voilà. Elle l’avait dit. Et elle était tellement terrifiée par sa réponse qu’elle avait envie de mourir. S’il la rejetait, elle aurait tout perdu. Tout serait terminé. C’était le moment de vérité. Elle regarda Clark dans les yeux pour connaitre sa réaction à son discours, et elle vit des larmes silencieuses sur ses joues. Il leva une main tremblante pour caresser ses cheveux et lui sourit.
“Je t’aime aussi, Lois”, répondit-il, la voix enrouée par l’émotion. Il ne s’était jamais senti aussi heureux de toute sa vie.
Soulagée, elle fondit en larmes et pleura dans ses bras. Cette fois, c’était des larmes de bonheur. Elle avait eu si peur d’entendre sa réponse.
“Je t’aime aussi”, répéta-t-il.
Elle leva les yeux vers son visage heureux, et l’embrassa une nouvelle fois, plus fort, pour lui faire ressentir tout ce qu’elle éprouvait pour lui.
***
CHAPITRE 11: LE KIDNAPPING
Un bip incessant réveilla Clark. Il cligna des paupières deux ou trois fois pour s’éclaircir les idées. Il eut besoin d’une seconde pour réaliser que le bip provenait d’un réveil. Pourquoi n’était-il pas réglé sur l’option radio ? Le bip s’arrêta alors qu’il ouvrait les yeux sur un environnement non familier. Il tourna la tête et vit la femme à ses côtés. Il se souvint. Il était dans le lit de Lois. Il sourit.
Elle était allongée dos à lui, la tête toujours enfoncée dans l’oreiller. Elle avait éteint l’alarme du réveil automatiquement, et elle ne semblait pas avoir déjà remarqué sa présence. Il sourit, et l’enlaça. Elle sursauta légèrement.
“Bonjour, Belle au Bois Dormant”, murmura-t-il tendrement, en embrassant ses cheveux.
Elle se souvint et se détendit. La veille au soir, elle avait avoué à Clark ses sentiments grandissants pour lui, et il avait répondu qu’il l’aimait aussi. Ils avaient passé des heures à se câliner et à s’embrasser, en se disant des mots doux. Plus tard dans la nuit, ils étaient allés s’allonger sur son lit pour se câliner plus confortablement, et ils avaient fini par s’endormir. Rien de plus ne s’était passé, mais elle était vraiment heureuse, peut-être pour la première fois de sa vie. Elle se retourna vers lui, en souriant aussi.
“Bonjour, Prince Charmant. Je ne crois pas que tu sois supposé me réveiller en embrassant mes cheveux.”
Il rit doucement.
“Je crois que tu as raison.”
Il l’embrassa très tendrement, puis se recula, trop tôt au goût de Lois.
“Je t’aime, Clark.”
C’était fabuleux de pouvoir le dire, même après l’avoir répété pendant des heures la nuit précédente. C’était fabuleux de pouvoir le dire, en sachant qu’il ressentait la même chose.
“Je t’aime aussi, Lois. Et tu sais… Je suis vraiment content que tu aies finalement réalisé que tu m’aimais”, dit-il sur le ton de la plaisanterie, “Ton lit est définitivement plus confortable que ton sofa”.
Elle rit doucement et se pencha vers lui pour l’embrasser de nouveau, quand l’alarme de son réveil se remit en route. Les quelques minutes supplémentaires qu’elle s’octroyait chaque matin étaient écoulées. Il était temps de se lever et d’aller travailler. Elle éteignit l’alarme en soupirant.
“On a besoin de se préparer pour le travail”, annonça-t-elle sans aucun enthousiasme.
“Je crois. Tu peux prendre la douche en premier. Je vais préparer le petit déjeuner.”
“Merci, Clark.”
Ils se levèrent, toujours complètement habillés, et Lois se dirigea vers la salle de bains. Lorsque Clark entendit l’eau couler, il sortit par la fenêtre sans joie. Il était temps pour lui d’aller faire son show par la fenêtre d’Andrea, pour le bénéfice des paparazzis.
***
Lois essayait de se concentrer sur l’écran de son ordinateur, mais elle ne pouvait chasser Clark de son esprit pendant trop longtemps. Elle releva la tête de nouveau, et regarda à travers la salle de rédaction dans sa direction, pour le trouver regardant vers elle lui aussi. Il lui sourit, et elle sourit en retour, avant de baisser de nouveau les yeux vers son ordinateur, un peu embarrassée d’avoir été surprise une fois de plus en train de le regarder. Mais elle était aussi très contente. Il ne travaillait pas non plus; il la regardait aussi !
Clark ne pouvait pas chasser Lois de son esprit non plus. Toute la journée, il n’avait pensé qu’à elle. A leur nuit ensemble. C’était la plus belle nuit de sa vie. Il avait rêvé pendant longtemps de l’entendre dire qu’elle l’aimait, et de pouvoir le lui dire en retour. Et depuis la nuit précédente, ce n’était plus un rêve. Elle avait dit qu’elle était amoureuse de lui, avec les deux moitiés de lui qui plus est, et il avait finalement eu la possibilité d’admettre ses sentiments pour elle sans craindre d’être rejeté.
Il n’avait jamais été aussi heureux de sa vie. Tout était parfait. Enfin… presque, s’amenda-t-il en fronçant les sourcils. Il y avait toujours quelques nuages dans le ciel.
Il ne lui avait pas encore avoué qu’il était Superman. Il devait toujours prétendre être marié à Andrea, et voir Lois souffrir à cause de ça. Non. Plus maintenant. Il ne la laisserait pas continuer à souffrir. Il prit sa décision. Il était temps pour lui de lui dire la vérité. Toute la vérité. Et cette fois-ci, personne ne l’en empêcherait. Il n’en discuterait pas d’abord avec Henderson. Il le ferait, tout simplement.
Maintenant que la décision était prise, il ressentit un grand soulagement. Mais il était inquiet aussi. Comment Lois prendrait-elle la nouvelle ? Probablement pas très bien. Mais il ne pouvait pas laisser sa peur l’empêcher de passer aux aveux.
Il la vit le regarder de nouveau, et sourit. Apparemment, elle avait autant de mal que lui à penser à quoi que ce soit d’autre à part leur nouvelle relation. Son sourire s’élargit et il quitta son siège pour aller vers elle.
“Hey. Qu’est-ce que tu penses de quitter le travail plus tôt?” demanda Clark avec un sourire.
“Pourquoi ? Tu as quelque chose à l’esprit ?” demanda Lois de façon très suggestive.
“En fait, j’aimerais qu’on parle.”
“Parler ?” répéta Lois sur un ton taquin. “Tu n’es définitivement pas un mâle moyen.”
Clark sourit. Il aimer la voir plaisanter. C’était tellement mieux que de la voir triste ou en train de pleurer… et il avait trop vu ça ces derniers temps. Il appréciait énormément de la voir aller mieux, et il était heureux de savoir que c’était grâce à lui et aux sentiments qu’elle avait pour lui. Il ne pouvait pas encore réellement croire qu’ils étaient finalement ensemble. C’était un rêve devenu réalité, et il espérait que ce qu’il s’apprêtait à lui révéler ne lui ferait pas trop de peine. Il fallait qu’il le fasse.
“Pour être honnête, Lois, j’ai quelque chose d’important à te dire.”
Lois le sentit se tendre et s’inquiéta. Sûrement qu’il n’était pas sur le point de la quitter, comme tous les autres, si ?
“Waouh. Tu parais sérieux. Quelque chose ne va pas ? Je t’en prie, dis-moi que tout va bien.”
“Non, Lois. Ne t’inquiète pas. Tout va bien, je te le promets”, l’interrompit Clark. “Oui, c’est un sujet très sérieux, mais… rien de mauvais. En fait, il se peut même que ce soit une bonne chose. J’espère que tu le verras de cette façon, en tous cas.”
Clark s’interrompit quand il remarqua que Lois essayait de ne pas rire, et la fixa.
“Je suis désolée, Clark, mais tu es trop mignon quand tu babilles”, lui dit Lois en souriant.
Il répondit à son sourire. “Je crois que je suis un peu nerveux. Alors… Que penses-tu de quitter le travail plus tôt?” demanda Clark une seconde fois.
“Ça me va.”
Il n’était que 16h, mais peu importait. Elle sauvegarda son travail — bien qu’elle n’ait pas écrit grand chose durant la journée — et éteignit son ordinateur. Tandis qu’elle enfilait son manteau, Clark éteignait son ordinateur aussi, puis ils se dirigèrent ensemble vers les ascenseurs.
Tandis que les portes de l’ascenseur s’ouvraient, Clark entendit les nouvelles à la télévision derrière lui dans la salle de rédaction. Il y avait un problème à la centrale nucléaire de Philadelphie. Un gros problème. Il devait y aller.
“Clark?”
La voix inquiète de Lois le ramena à son environnement présent. Elle attendait à l’intérieur de l’ascenseur, et il n’avait toujours pas bougé d’un pouce pour la suivre.
“Oh non. Je connais ce regard. Ne me dis pas que tu as oublié quelque chose, Clark.”
“Euh, si”, répondit Clark. “Je suis désolé, Lois. Rentre, je viendrais à ton appartement aussi vite que je pourrais.”
Lois soupira de frustration alors que les portes de l’ascenseur se refermaient sans lui laisser vraiment le temps de protester.
***
Ils suivaient la voiture de police depuis des heures. Comme chaque jour. Et il en avait vraiment assez. Quand le patron lui avait parlé de sa mission, la première fois, il pensait que ce serait excitant. Ce n’était pas tout le monde qui pouvait se targuer d’avoir kidnappé la femme de Superman. Il deviendrait célèbre !
Mais maintenant, il était juste en train de s’ennuyer à mourir. Une semaine entière à la surveiller de loin sans rien faire. Les ordres du patron. Quelque chose à propos “d’attendre le bon moment”.
<Ouais ! Et je suis le père Noël ! Ils ont juste la trouille du Grand Bleu !>
Ricky grogna. Il préférait le temps où Lex Luthor était le patron de la ville. Au moins, il n’avait pas peur de ses propres plans, lui. Maintenant, il travaillait pour Intergang, et une chose était sûre, c’était des amateurs comparés à Luthor. Pas étonnant qu’ils n’arrivaient pas à faire leurs business à Metropolis jusqu’à ce que le Grand Homme meure.
Mais il avait reçu des ordres, alors il s’ennuyait à mourir en suivant la femme de Superman toute la journée, à attendre le bon moment, selon le patron.
Son portable sonna. Il regarda le numéro de l’appelant. C’était le patron. Probablement encore plus d’ordres ennuyeux ! Ce type n’était vraiment pas à la hauteur de la tâche comme Luthor l’était. Il décrocha le téléphone.
“Ouais, patron?” demanda-t-il avec un dédain qu’il ne pouvait complètement cacher.
Dans son bureau, Billy Church Jr entendit le mépris dans la voix de son homme de mains et se mit en colère. Il devrait lui enseigner le respect. Ou peut-être qu’il se contenterait de le tuer. Mais les images jouant devant lui sur l’écran de télévision lui rappelèrent qu’il avait des affaires plus importantes à régler dans l’immédiat. Il avait besoin de Ricky pour un petit peu plus longtemps. Il se força à ignorer sa colère pour l’instant.
“Vous suivez toujours la femme?”
“Ouais, patron.”
“Bien. Nous nous sommes assurés que Superman serait occupé pour un petit bout de temps. C’est le moment” annonça Billy.
“C’est finalement le bon moment, patron ?” demanda Ricky, surpris.
“Oui, c’est le bon moment”, répondit Billy, tout en regardant sur l’écran de télévision les images de Superman à la centrale nucléaire de Philadelphie.
“Oh! Et… Ricky ? Je m’en fiche si vous devez la blesser, mais je la veux vivante, compris?”
***
Andréa était à l’intérieur de la voiture de police avec ses deux collègues. Ils devaient finir leur patrouille puis ils pourraient retourner au commissariat écrire leurs rapports et finalement rentrer chez eux. Elle attendait ça avec impatience. Quand donc est-ce que ses collègues se fatigueraient-ils de lui poser d’embarrassantes questions sur son « époux » ?
Henderson avait insisté sur le fait qu’ils ne pouvaient pas connaître la vérité, qu’elle devait leur mentir de la même façon qu’elle mentait à tous les autres. Elle n’avait personne proche d’elle donc ce n’était pas très difficile, la plupart du temps. Mais elle aurait au moins aimé dire la vérité à ses collègues et à sa famille. Après tout, ces types étaient probablement ce qu’elle avait de plus proche comme amis, et ils risquaient leurs vies en travaillant avec elle. Elle pensait vraiment qu’ils pouvaient connaitre la vérité.
Mais Henderson était inflexible. Elle ne pouvait le dire à personne. Il avait ordonné à ses collègues de travailler avec une protection en kevlar discrète, mais ils restaient dans le noir. Alors maintenant, elle passait ses journées de travail à éviter les questions de ses partenaires, et ses jours de repos à éviter les questions de sa grande sœur.
“Allez, Andréa. Dis-nous. Tu sais que tu peux tout nous dire”, insista Michael, l’un des deux policiers avec qui elle travaillait, sur un ton cajoleur.
“Les mecs, pitié ! Je ne vous dirais rien ! De toute façon, pourquoi c’est si important pour vous de savoir à quel point Superman est bon au lit ? Vous fantasmez sur lui, ou quoi ?!” explosa Andrea, perdant finalement patience.
Ses deux collègues explosèrent de rire. “Non, on veut juste être sûrs qu’il te satisfait. Il n’y a rien de plus dangereux qu’une nana frustrée”, plaisanta Bryan, l’autre policier.
Elle en avait vraiment assez d’entendre ça depuis des jours. Elle espérait vraiment qu’Intergang n’attendrait plus trop longtemps avant de l’attaquer. Être leur otage ne pouvait pas être un sort pire que celui-là.
Soudain, un choc ébranla le véhicule. Plutôt surprise, elle secoua la tête, essayant de s’éclaircir les idées. Elle n’eut pas le temps de comprendre ce qui se passait qu’un second choc heurta la voiture, propulsant le véhicule hors de la route, contre un mur.
Andrea et ses deux collègues étaient plutôt choqués. Ils se regardèrent les uns les autres avec surprise et tournèrent la tête vers l’extérieur de la voiture de police pour trouver la source des chocs qui avaient provoqués l’accident. Ils sursautèrent en voyant quatre hommes armés de semi-automatiques dans leurs mains.
Michael fut le premier à retrouver ses esprits et dégaina, mais il n’eut pas le temps de tirer avant que les quatre hommes ne canardent le véhicule. Il courut hors de la voiture, se mettre à l’abri de l’autre côté du véhicule, rejoignant Bryan qui était déjà sorti. Andréa les suivit précipitamment.
La fusillade fut courte mais violente. Très rapidement les quatre hommes contournèrent la voiture pour leur tirer dessus directement. Trois d’entre eux visaient Bryan et Michael, tandis que le dernier attaquait et désarmait Andrea.
En quelques secondes, les deux policiers étaient à terre. Leurs gilets pare-balles les avaient protégés un minimum, et avaient probablement sauvés leurs vies, mais ils avaient reçu de nombreuses balles dans les jambes et les bras, et ils saignaient sérieusement. Ils étaient inconscients, et Andrea craignit le pire pour eux tandis que les quatre hommes l’emmenaient vers leur camionnette.
Comme elle criait et se débattait, l’un d’eux lui donna un coup de poing et elle s’évanouit à son tour.
“Ricky, t’es malade?!”
“Non. Le patron a dit qu’il s’en foutait si elle était blessée, tant qu’elle est toujours en vie” répondit le type qui l’avait cognée et mise KO. “Allez. Aide-moi à la porter.”
***
Clark revint au Daily Planet vers 18h. Tandis qu’il descendait les escaliers depuis le toit, il regarda sa montre et ne put s’empêcher de jurer.
Lois l’attendait chez elle depuis plus de deux heures. Il était mort. Son seul espoir était qu’elle comprendrait son besoin de partir, et lui pardonnerait la supercherie une fois qu’elle connaitrait la vérité. Mais il voulait quand même écrire l’interview de Superman à propos de Philadelphie avant de se mettre en chemin. Ça ne devrait pas être trop long, ce n’était pas un article pour la première page, grâce à sa rapide apparition sur les lieux. Autrement, ç’aurait pu être un gros désastre.
Lorsqu’il entra dans la salle de rédaction, le bruit de ses collègues courant partout le sortit de ses pensées. Apparemment, quelque chose d’énorme était en train de se passer, et il doutait que ce soit son sauvetage à la centrale nucléaire de Philadelphie qui provoquait un tel remue-ménage.
Avant qu’il ne puisse demander ce qui se passait, Perry le repéra.
“Kent ! Où étiez-vous ?” demanda le rédacteur en chef avec colère, en s’approchant de lui. “Dites-moi que vous étiez au commissariat.”
“Euh… Non, Chef. Pourquoi ? Qu’est-ce qui se passe ?”
“La femme de Superman a été kidnappée il y a une heure et demi. Sa voiture de police a été attaquée pendant qu’ils finissaient leur patrouille. Elle a été enlevée, et deux autres policiers ont été gravement blessés. Ils sont actuellement en salle d’opération. La police refuse de commenter mais il paraitrait que les criminels auraient laissé un message sur place pour Superman. Apparemment, quelqu’un essaierait de le faire chanter. Clark, je veux savoir exactement ce qu’ils veulent, et qui la police suspecte d’avoir fait ça, compris ? J’ai déjà appelé Lois pour l’envoyer au commissariat. Vous la rejoignez et vous me rapportez une exclusivité, compris ?”
“Oui, Chef”, répondit Clark brièvement.
Il ressortit immédiatement, se changeant de nouveau en Superman, tout en montant les escaliers vers le toit.
***
CHAPITRE 12: CHANTAGE
Superman atterrit sur le parking du commissariat, juste à côté de la porte d’entrée. Le parking était plein de journalistes qui devinrent surexcités dès qu’ils l’aperçurent.
Il n’avait même pas encore touché sol qu’ils lui lançaient déjà des questions, tous à la fois. Il n’aurait pas pu en comprendre une seule sans la faculté de se concentrer sur un seul son à la fois avec sa super-ouïe. Mais il n’était pas d’humeur à répondre aux questions, alors il ne se donna pas la peine d’essayer de mettre du sens dans tout ce brouhaha.
Il ne ressentait rien de plus pour Andrea que pour une simple étrangère. Ils n’étaient pas devenus plus proches durant la semaine qu’ils avaient passé à prétendre être mariés qu’ils ne l’étaient avant le soir de leur rencontre dans le bureau d’Henderson. Mais ça n’y changeait rien, il était tout de même plus inquiet pour elle qu’il ne l’aurait été pour une simple étrangère. Il se sentirait tellement coupable si quelque chose lui arrivait. Il ne pourrait pas se pardonner d’avoir accepté le plan du vieil inspecteur si Intergang lui faisait le moindre mal.
Il entra ainsi dans le commissariat, dès qu’il eut atterri, sans un mot ou un regard pour la foule de journalistes. Il avait des priorités plus importantes que de leur accorder une interview. Il ne se donna même pas la peine de répondre “sans commentaires”. Il entra simplement dans le bâtiment, et se dirigea tout droit vers le bureau d’Henderson.
***
Superman prit la lettre qu’Henderson lui montrait, et la lit. Le message était plutôt simple. On lui ordonnait de répondre au téléphone que les kidnappeurs avaient laissé avec la lettre dans la voiture de police qu’ils avaient attaqués, lui et personne d’autre, quand ils l’appelleraient à 20h.
“Il est 18h. Ça nous laisse deux heures à attendre avant qu’ils ne vous appellent”, dit Henderson.
“Pourquoi ?” demanda Superman.
Henderson ne comprit pas la question que Superman posait.
“Pardon ?”
“Pourquoi attendre? Je pensais que vous m’aviez dit qu’Andrea aurait un traceur”, insista Superman, un peu irrité par toute cette situation.
“Oui, effectivement. Nous lui avons greffé un petit émetteur sous la peau derrière son oreille pour savoir exactement où elle est à chaque instant”, expliqua Henderson.
“Alors je répète. Pourquoi attendre?”
Superman perdait patience rapidement. Une femme avait été enlevée parce qu’il avait dit au Monde qu’elle était sa femme. Il l’avait fait pour sauver Lois, mais maintenant, la vie d’une autre femme était en jeu. Il se sentait très coupable et Henderson voulait attendre deux heures de plus, avant d’aller l’aider. Il ne comprenait pas pourquoi, et ça le mettait en colère.
Henderson sentit l’humeur du super héro. Ce n’était pas difficile. Durant la première année qu’il avait connu Superman, il ne l’avait jamais vu perdre son sang froid, mais cette dernière semaine, il l’avait rarement vu en contrôle de ses émotions. Il n’avait jamais pensé que Superman pouvait être le genre d’homme emporté, mais durant ces quelques jours, il avait appris que même le super héro pouvait se fâcher ou avoir des mauvais jours.
Henderson savait que toute cette situation était vraiment très difficile à supporter pour lui, et que ça empirait chaque jour. C’était seulement la veille que le super héro était venu au commissariat, souhaitant tout arrêter. Ça ne s’était pas très bien passé. Jamais auparavant, il n’avait vu Superman si en colère. Il n’avait même jamais pensé qu’il était capable de se montrer aussi furieux.
Alors le vieux policier était tout à fait conscient que maintenant, avec le kidnapping qui avait eu lieu, Superman avait probablement les nerfs à vif. Et Henderson ne voulait pas que cette discussion évolue vers le même genre de dispute orageuse qu’ils avaient eu la veille. Il commença à expliquer sa décision, tout en faisant des gestes apaisants de la main en direction du super héro en colère.
“Ecoutez, Superman. Oui, nous savons exactement où se trouve Andrea. Et au moment où je vous parle, des policiers encerclent l’endroit, le surveillant le plus discrètement possible. Mais je ne peux pas ordonner l’assaut jusqu’à ce que je sois sûr que les têtes d’Intergang sont là également. Si nous ne pouvons pas les avoir, alors toute l’opération aura été pour rien. Ce coup de téléphone nous permettra peut-être, avec de la chance, de les localiser au même endroit. Ça pourrait être notre seule chance de les arrêter.”
Superman soupira, résigné. Il l’avait fait pendant une semaine, il pourrait le supporter deux heures de plus. Il inspira profondément, essayant de se calmer. Il avait besoin d’avoir l’esprit clair lorsqu’Intergang téléphonerait.
“Vous savez, Superman”, continua Henderson plus doucement, “Andrea n’est pas qu’un simple officier de police. Elle est aussi mon amie. Je n’aime pas ça plus que vous, mais elle sait comment on travaille. Tout ira bien, Superman.”
“Comment pouvez-vous en être aussi sûr, Henderson?” demanda Superman un peu plus sèchement qu’il ne le voulait.
“Je ne peux pas”, répondit Henderson le plus honnêtement possible, “mais j’ai besoin d’y croire. Et vous avez besoin d’y croire aussi.”
Superman soupira une fois de plus, mais il acquiesça finalement et s’assit. Après un petit moment, il releva la tête et fixa de nouveau Henderson. Il était à présent beaucoup plus calme.
“Et les deux autres policiers, sont-ils… Comment vont-ils?”
“Ils ont été touchés à de nombreuses reprises, et ils ont perdu beaucoup de sang. Mais les médecins disent qu’ils survivront à leurs blessures.”
***
Lois se tenait dans la foule de journalistes depuis plus d’une heure et toujours aucune nouvelle information. Elle envisageait de rentrer chez elle. Il paraissait évident que la police ne donnerait aucune information dans un proche avenir. Aucune raison de rester.
Clark avait dit qu’il la rejoindrait chez elle après en avoir terminé avec quoi que ce soit qu’il était en train de faire. Et elle voulait être avec lui plus qu’elle ne voulait écrire un article sur le kidnapping de la femme de Superman. Elle n’était même pas sûre d’en être capable, si Superman montrait une fois de plus ses sentiments pour sa femme.
Bien sûr, elle avait Clark maintenant, mais elle ressentait toujours quelque chose pour Superman. Elle ne pouvait pas le nier. Peut-être n’aurait-elle pas dû accepter de venir au commissariat quand Perry l’avait appelée pour lui demander de s’occuper de cette histoire. Elle aurait dû dire non et rester dans son appartement à attendre que Clark se montre. Il avait dit qu’il avait quelque chose d’important à lui dire, et elle voulait entendre ce que c’était.
Mais non. La journaliste en elle avait sauté sur l’article dès que Perry lui en avait parlé. Bien sûr, elle avait laissé une note dans son appartement pour Clark, au cas où il arriverait en son absence. Mais tout de même, elle aurait dû l’attendre. Et elle commençait à regretter de ne pas l’avoir fait. Elle se sentait de moins en moins confiante en sa capacité à écrire cette histoire.
Elle se retourna pour rentrer chez elle quand elle entendit la foule se mettre à hurler des questions. Son cœur s’emballa. Superman venait d’arriver au commissariat. Elle savait qu’elle aurait dû continuer à s’éloigner et partir, mais elle ne put s’en empêcher. Elle tourna la tête et le regarda atterrir devant le commissariat.
Elle pensait être submergée par ses sentiments à sa vue. C’était la première fois qu’elle le revoyait en chair et en os depuis la conférence de presse de la semaine précédente. Mais elle ne le fût pas. Elle vit son expression. Il était tendu, évidemment inquiet pour sa femme. Elle craignait ça. Elle pensait que le voir s’inquiéter pour elle la referait pleurer. Ce n’était que la veille qu’elle avait fondu en larmes juste parce qu’elle avait entendu à la radio qu’il était allé voir sa femme au travail. Mais cela n’arriva pas non plus. Tellement de choses avaient changé ces dernières 24 heures. En cet instant, elle comprit que Clark était encore plus important pour elle qu’elle ne l’avait déjà réalisé. Elle l’aimait bien plus que Superman.
Elle se sentit soulagée de le savoir. Bien sûr, elle s’était montrée très honnête avec Clark la veille au soir lorsqu’elle lui avait dit qu’elle était amoureuse de lui, mais qu’elle aimait Superman aussi. Et il l’avait accepté. Ça n’avait pas semblé l’ennuyer d’avoir à partager son cœur avec Superman, aussi longtemps qu’il y tenait une place.
C’était elle qui n’était pas confortable avec cette situation. Clark méritait mieux que ça, et elle se sentait coupable de ne pas être capable de lui donner le genre d’amour qu’il méritait. C’était terminé, maintenant. Elle savait dorénavant qu’elle pouvait s’engager complètement vis à vis de lui. Elle était consciente qu’elle ressentirait toujours quelque chose pour Superman, mais elle était réellement amoureuse de Clark. Et c’était parfait comme ça.
Mais maintenant que Superman était arrivé, même s’il n’avait pas parlé à la foule, des nouvelles pouvaient arriver d’un moment à l’autre. Elle ne pouvait pas rentrer chez elle maintenant, peu importait qu’elle voulait voir Clark immédiatement et lui dire pour la première fois qu’elle l’aimait sans l’ombre de personne d’autre à l’esprit. Mais ça devrait attendre.
***
On approchait finalement 20 heures. L’atmosphère était tendue dans la salle tandis que Superman, Henderson et d’autres policiers attendaient silencieusement que le téléphone ne sonne.
Durant les deux dernières heures, des appareils avaient été raccordés au téléphone pour enregistrer la conversation et tracer l’appel. Henderson lui avait donné des ordres quant à la façon dont il devrait agir lorsqu’ils l’appelleraient et la façon dont il devrait gérer la conversation.
Il devrait leur demander de pouvoir parler à sa femme pour être sûr qu’elle soit toujours en vie — et ô combien il souhaitait que ce fût le cas ! Il ne serait jamais capable de calmer son sentiment de culpabilité si elle n’allait pas bien — et pour savoir de façon certaine si les appelants étaient au même endroit que celui indiqué pas l’émetteur. Autrement, tracer l’appel leur donnerait un autre endroit où regarder. Deux fois plus de chances d’arrêter Intergang. Mais pour pouvoir tracer l’appel, il devait les garder en ligne un long moment.
Maintenant qu’il était presque l’heure, tout le monde était très tendu. Il y avait tellement de choses en jeu. La vie d’Andrea, et la chance d’arrêter Intergang, l’une des plus dangereuses organisations criminelles mondiales. Et tout le monde était bien conscient des enjeux élevés de ce qui était sur le point de se passer.
20 heures. Le téléphone sonna. Superman respira profondément et décrocha.
“Allo?” répondit nerveusement le super héro.
“Vous vous taisez, et vous écoutez, Superman. Vous ne dites pas un mot. Nous savons que la police est en train d’enregistrer cet appel et d’essayer de nous localiser. C’est sans espoir, ne comptez pas là-dessus. Nous avons votre femme, vous le savez, et nous sommes sérieux, alors écoutez attentivement. Autrement, elle mourra”, expliqua la voix avant d’ordonner: “Dites “d’accord”.”
“D’accord”, obéit Superman.
“Voilà la règle. Désormais, vous travaillez pour nous. Vous gardez le téléphone avec vous, toujours, à chaque instant. Chaque fois que nous aurons besoin que vous fassiez quelque chose, nous vous téléphonerons. Et vous obéirez immédiatement. Vous le faites, et vous recevrez chez vous une vidéo de votre femme, saine et sauve. Vous ne le faites pas, et vous recevrez chez vous une vidéo de son exécution. Dites “d’accord”.”
“Je veux lui parler.”
“Mauvaise réponse. C’était votre premier essai, nous vous donnons une seconde chance. Ce sera la dernière. Nous venons de vous donner un ordre au téléphone. Vous obéissez, ou vous refusez? Choisissez votre vidéo.”
Superman ressentit le besoin primaire de l’envoyer au diable, mais son bon sens prévalut.
“D’accord”, répondit il avec colère.
Immédiatement, l’appel prit fin. Superman se tourna vers Henderson.
“Dites-moi que vous avez eu assez de temps pour les localiser.”
“Non”, répondit le vieux policier après avoir consulté ses hommes. “Ils ont interrompu la conversation trop tôt, et ils avaient protégés la ligne pour nous empêcher de les localiser. Nous n’avons rien.”
Ce n’était pas la réponse que Superman espérait, et ce n’était pas ce qu’il avait besoin d’entendre pour se calmer. Si Henderson voulait davantage de preuves, il devrait continuer de jouer le jeu plus longtemps, et c’était totalement hors de question ! Il avait accepté de dire à tout le monde qu’il avait épousé Andrea pour arrêter Intergang lorsqu’il l’attaquerait. Elle avait été enlevée. Fin du plan. Il n’avait jamais accepté de faire plus, et il ne collaborerait plus. Il était temps d’aller sauver Andrea, même si ça ruinait leurs chances de stopper Intergang.
“Je vous le dis tout de suite, Henderson. Je ne joue plus. Vous sauvez Andrea tout de suite, ou je le fais moi-même. C’est terminé, point final”, annonça catégoriquement Superman.
“Ne vous inquiétez pas Superman”, répondit Henderson. “Je suis tout à fait d’accord avec vous. Nous n’aurons jamais une meilleure opportunité d’arrêter Intergang. J’ordonne de donner l’assaut immédiatement.”
***
Aussitôt que l’ordre fut donné, la police assaillit l’entrepôt des supermarchés Costmart qu’ils encerclaient. Le traceur d’Andrea indiquait que c’était le lieu où elle était retenue en otage.
Ils avaient été briefés très soigneusement avant l’attaque. Ils savaient tous à quel point il était important de trouver le plus de preuves possibles impliquant les kidnappeurs dans les activités criminelles d’Intergang. On leur avait ainsi demandé d’être plus rigoureux qu’à l’accoutumée.
Ils avaient passé les trois dernières heures, depuis l’enlèvement, à être briefés sur le plan du bâtiment Costmart. Ils savaient tous exactement où il leur fallait aller pour couvrir le plus d’espace possible assez rapidement pour empêcher les criminels de détruire les preuves dont ils avaient besoin ou de s’échapper.
L’ordre arriva peu après 20 heures, et ils se mirent aussitôt en action. Ils entrèrent dans le bâtiment, arrêtant tous ceux qu’ils rencontraient sur leur chemin, et se dispersèrent dans les couloirs. Certains coururent dans les bureaux et commencèrent à rechercher des preuves d’activités criminelles, tandis que d’autres descendirent dans les sous-sols, d’où provenait le signal d’Andrea.
Alors qu’ils tournaient dans l’un des couloirs du sous-sol, approchant la pièce où elle était retenue en otage, ils se retrouvèrent face à face avec une bande de gardes armés qui leur tirèrent dessus immédiatement.
La fusillade dura longtemps, et de nombreux policiers furent sérieusement blessés. Ils demandèrent des renforts par radio, mais on leur répondit que personne ne pouvait venir puisque tout le monde était déjà sur place.
Dans le bureau d’Henderson, d’où Superman suivait l’action par radio en compagnie du vieil inspecteur, le super héro entendit l’appel à l’aide des policiers du sous-sol, et s’en alla les aider.
Il mit rapidement un terme à la fusillade, ôtant leurs armes aux gardes criminels et les arrêtant. Puis, il commença à emmener les hommes les plus gravement blessés à l’hôpital, tandis que les autres policiers continuèrent à rechercher Andrea.
Sans surprise, ils la retrouvèrent dans la salle qui était gardée par les hommes armés. Elle était ligotée, et portait un bâillon. Sa joue était enflée et portait une affreuse marque noire là où Ricky avait frappé.
Elle avait été inconsciente un long moment. Ce fut le bruit de la fusillade de l’autre côté de la porte qui l’avait réveillée. Elle était toujours un peu groggy lorsque ses collègues entrèrent dans la pièce et la libérèrent.
Elle était toute ankylosée. Elle avait mal partout. Il n’y avait pas un seul endroit de son corps qui ne lui faisait pas mal. Elle pouvait voir les marques laissés sur ses poignets par les liens trop serrés qui l’avaient retenue. Et la douleur dans sa joue était lancinante. Mais elle savait qu’elle allait malgré tout plutôt bien.
Ses collègues l’aidèrent à se relever avec sollicitude.
Plus tard dans la nuit, à l’hôpital, Andrea finissait de remplir les papiers dont l’hôpital avait besoin avant qu’elle ne puisse rentrer chez elle.
Après avoir été secourue par ses collègues, Superman l’avait emmenée à l’hôpital pour être examinée, comme il l’avait fait avec les policiers blessés durant l’attaque.
Elle passa les deux, trois heures suivantes à être examinée rigoureusement pour être sûr qu’elle n’avait rien de sérieux. Le coup à la tête inquiétait particulièrement les médecins.
Finalement, lorsque tout le monde fut rassuré sur son état, ils lui donnèrent des cachets contre la douleur. Ils voulaient qu’elle passe la nuit à l’hôpital, au cas où, mais elle refusa. Elle n’avait jamais aimé les hôpitaux, et elle ne se sentait pas trop mal en point. Aucune raison de rester.
A contre cœur, ils lui avaient donné les formulaires qu’elle devait compléter et signer pour pouvoir sortir.
Superman se tenait devant elle. Quand son aide n’avait plus été nécessaire à l’entrepôt de Costmart, il était retourné à l’hôpital demander comment allaient les policiers blessés ce jour-là. Heureusement, un seul était mort. Il prit des nouvelles d’Andrea aussi. Il se sentait tellement responsable de ce qui lui était arrivé qu’il resta dans les couloirs à attendre tandis qu’elle se faisait examiner.
Il n’avait plus besoin de jouer le rôle du mari, mais il se sentait tellement coupable qu’il avait besoin de s’assurer que l’on prenait bien soin d’elle. Quand il l’entendit demander aux médecins la permission de rentrer chez elle, il lui offrit naturellement de la ramener lui-même.
Alors il attendait à présent qu’elle soit prête à partir. Entre temps, il pouvait entendre la meute de journalistes encerclant l’hôpital. Ils avaient appris pour l’assaut de la police sur Costmart, où Andrea avait été retrouvée, et ils voulaient maintenant connaitre tous les détails sur l’état de santé de « Mme Superman ».
Ils avaient besoin d’expliquer au Monde que tout n’était qu’une façade, qu’ils ne s’étaient jamais mariés, mais il ne s’en sentait pas le courage en cet instant. Il était près de minuit. Ça avait été une très longue journée, qui avait suivi une très longue semaine extrêmement stressante. Parler à la presse pourrait bien attendre une journée de plus.
Là, il voulait juste rentrer voir Lois. Il y avait des heures qu’il l’avait quittée, en tant que Clark, lui disant qu’il avait oublié quelque chose et qu’il irait chez elle dès que possible. C’était presque huit heures plus tôt. C’était le plus longtemps qu’il était resté éloigné d’elle depuis le début de toute cette histoire.
<Elle doit probablement s’inquiéter à mort ! Elle va me tuer !>
Il avait créé le personnage de Superman pour rendre sa vie plus simple, mais ces derniers jours, ça l’avait vraiment compliquée !
“Fini ! On peut y aller”, annonça Andrea, fatiguée.
Sa voix rompit le cours de ses pensées. Il la regarda.
“D’accord. Allons-y”, répondit Superman.
A cet instant, Henderson entra dans la salle d’hôpital avec une autre jeune femme blonde.
“Andrea. Superman. J’aimerais vous présenter Mayson Drake, assistante du procureur. C’est elle qui est en charge du dossier de l’Intergang”, dit Henderson.
Ils se serrèrent tous la main.
“Nous venions juste pour vous dire ce que nous avons, à l’heure actuelle”, expliqua l’assistante du procureur. “Nous pensions que vous voudriez être tenus au courant. Il y avait un bureau dans les sous-sols avec de nombreux papiers et fichiers informatiques à propos de la plupart des activités criminelles d’Intergang. Nous avons plus de détails et plus de noms que nous n’aurions jamais cru possible. L’opération a été un complet succès. Nous aurons besoin de temps pour tout remettre en ordre, mais il semble déjà évident à ce stage de l’enquête, qu’Intergang était dirigé par la famille Church. Nous les avons arrêtés, et la police est arrivée juste à temps pour les empêcher d’exécuter un homme, Ricky Ramirez. Il a un long casier judiciaire, mais il a accepté de témoigner contre eux. Nous les tenons !”
“Génial !” s’exclama Andrea avait autant d’enthousiasme qu’elle pouvait en témoigner dans son état de fatigue.
CHAPITRE 13: L’EXCLUSIVITE
Clark s’arrêta devant la porte de Lois et inspira profondément. Il était passé minuit depuis longtemps. Lois le tuerait pour avoir disparu si longtemps sans lui avoir rien dit.
Plus tôt, il envisageait de lui révéler la vérité sur le mariage et son alter-ego. Mais il était très tard, et il aurait préféré attendre le lendemain pour se confesser. Ce n’était plus une option. Elle allait réclamer une explication, et il n’en avait pas d’autre à lui donner. Alors il était temps de lui dire la vérité.
Il frappa à la porte, mais ne reçut pas de réponse. Il utilisa les clefs que Lois lui avait données quelques jours plus tôt pour entrer par lui-même. L’appartement était dans le noir. Elle n’était pas là. Il alluma la lumière et vit une feuille de papier avec son nom dessus mise en évidence sur la table.
Il la lut. C’était une lettre de Lois. Elle disait que Perry l’avait appelée pour qu’elle aille au commissariat couvrir le kidnapping de la femme de Superman. Il reposa la lettre, inquiet. C’était plusieurs heures plus tôt, et elle n’était apparemment toujours pas revenue. Il craignait que quelque chose ne lui soit arrivé pendant qu’il était occupé à sauver Andrea et à arrêter Intergang.
Il entendit la serrure de la porte et se retourna pour voir Lois entrer dans la pièce. Sans aucune blessure, à son grand soulagement.
“Oh, Clark! Je sais qu’il est tard. Je suis désolée. Je voulais rentrer plus tôt, mais…” Elle s’interrompit au beau milieu de sa phrase. “Oh mon Dieu! Il s’est passé tellement de choses, tu ne vas jamais me croire.”
Elle s’assit sur son canapé d’un air las. Clark la suivit. Il était surpris par sa chance soudaine après une semaine si difficile. Lois ne semblait pas avoir remarqué qu’il venait lui aussi tout juste de rentrer, et par conséquent, elle ne lui demanda pas ce qui lui avait pris si longtemps. Eh bien, il pouvait s’accommoder d’un petit peu de chance pour changer. Il lui dirait tout le lendemain.
Quand il fut assis près d’elle sur le canapé, elle reprit.
“Clark, tu ne devineras jamais ce qui est arrivé ! Le mariage de Superman était bidon !” annonça Lois rapidement.
“Comment le sais-tu?” ne put-il s’empêcher de demander, surpris qu’elle le sache déjà.
“Henderson a parlé aux journalistes présents à l’hôpital, il y a une demi-heure de ça. Il a dit que tout n’était qu’une farce pour piéger Intergang, et apparemment, ça a marché.”
Clark pouvait entendre à sa voix que Lois retenait sa colère. Eh bien, il n’était pas en train de devenir chanceux ! De toute évidence, Lois prenait très mal la duperie de Superman. Elle le tuerait quand il lui dirait qui il était. Il était déjà mort !
“Mais tu ne sembles pas très surpris par la nouvelle, Clark. Tu le savais déjà?” demanda suspicieusement Lois, ce qui le ramena immédiatement à la réalité.
“Euh… Je… euh… J’ai parlé à Superman tout à l’heure, pendant qu’il attendait An… euh… Agent Flynn, pendant qu’elle se faisait examinée. Il me l’a dit. Et… Ils nous donneront une interview exclusive” répondit Clark, espérant que la dernière phrase détourne l’attention de Lois de sa piètre excuse. Il n’était pas fier de lui. Un mensonge de plus à ajouter à la liste. Mais ce n’était vraiment pas le bon moment pour tout avouer.
“Fabuleux”, dit Lois avec un manque total d’enthousiasme. De toute évidence, elle ne voulait pas avoir à parler avec Superman, même pas pour une interview. Il avait un sérieux problème.
***
Le jour suivant, Lois était assise dans la salle de conférence, face à Superman et à la femme policier dont il avait prétendu être le mari, pour leur interview exclusive. En temps normal, elle aurait été extatique. Elle aimait obtenir des exclusivités, surtout celles concernant Superman. Mais pas cette fois-ci.
Elle était fâchée, vraiment en colère, de devoir interviewer Superman. Mais elle n’avait pas le choix. Clark avait disparu de la salle de rédaction un peu plus tôt. Il n’avait même pas pris la peine de lui expliquer pourquoi quand elle le lui avait demandé. Il avait juste semblé mal-à-l’aise et avait promis de lui dire plus tard, en privé. Ça la mettait en colère. Elle voulait savoir où il était allé, et il n’avait rien dit. Alors maintenant, elle devait interviewer Superman et Andrea Flynn elle-même alors qu’elle aurait préféré, et de loin, laisser Clark s’en charger. Parler à Superman ne lui faisait pas particulièrement plaisir.
Ainsi, elle était en colère contre Clark, et contre Superman aussi. Il aurait pu lui dire quelque chose plus tôt. Il aurait *du* lui dire quelque chose plus tôt. Elle pensait qu’ils devenaient plus proches dans les dernières semaines. Elle pensait qu’elle était spéciale pour lui. Mais à présent, il était plus qu’évident qu’elle ne comptait pas à ses yeux, et qu’il n’avait jamais eu la moindre confiance en elle. Et ça faisait mal. Il ne s’était même pas préoccupé de ses sentiments. Il lui avait laissé croire qu’il était marié. Pourtant, il devait bien savoir que ça la blesserait profondément de le croire marié à une autre, mais il ne s’en souciait pas assez pour lui parler, pour apaiser la douleur qu’il lui avait causée.
Superman n’était pas le type bien qu’elle avait imaginé tous ces mois. C’était un salaud. Un menteur. Un vrai connard ! Il l’avait laissée souffrir pour rien, sans dire un mot. Elle avait même pleuré en pleine rue, devant de nombreux autres journalistes, venus de tous les journaux auxquels elle pouvait penser. Comment avait-il pu lui faire ça ?
Mais elle était une professionnelle. Cette interview était une grosse exclusivité pour le Planet. Un article de première page qui resterait longtemps dans les mémoires. Elle ne pouvait pas le laisser passer. Perry la tuerait. C’était trop gros pour refuser d’écrire l’article. Et puisque Clark n’était pas revenu à temps, elle devait le faire. Elle fit de son mieux pour cacher sa colère, sa douleur, et pour agir comme une vraie professionnelle durant l’interview.
Ils avaient déjà répondu à la plupart de ses questions donc elle pourrait bientôt mettre fin à l’entretien. Ils lui avaient dit qu’ils avaient appris qu’Intergang essayait de trouver un moyen de forcer Superman à travailler pour eux, alors ils avaient prétendu être mariés, rendant clair aux yeux du Monde qu’il serait prêt à faire n’importe quoi pour Andrea. De cette façon, ils détournaient Intergang de l’attaque de pauvres innocents pour le faire chanter.
C’était une explication logique et pleine d’attention, mais quelque part, Lois était sûre qu’il y avait plus derrière tout ça que ce qu’ils disaient. Elle ne croyait pas que Superman aurait accepté aussi facilement de tromper le Monde juste à cause d’une vague menace contre les gens de Metropolis. Ils avaient probablement quelque chose de plus consistant pour le faire collaborer. Quelque chose de gros, lui criaient ses instincts. Mais elle n’était pas d’humeur à creuser plus loin. Elle voulait terminer l’interview le plus tôt possible. Et elle avait déjà assez d’information pour écrire la version officielle.
Juste à cet instant, Superman s’excusa. Il avait entendu une urgence où ils avaient besoin de lui.
“Aucun problème, Superman. Je finirais seule de répondre aux questions de Miss Lane.” répondit Andrea en souriant.
Il s’envola, laissant Lois et Andrea seules dans la pièce.
“J’ai fini de toute façon”, dit Lois à la jeune femme, toujours jolie en dépit de l’affreuse marque noire sur sa joue. Mettant un terme à l’interview, Lois se leva de son siège et commençait à montrer la porte à Andrea, quand cette dernière l’interrompit.
“Vous êtes vraiment furieuse contre lui, hein?” demanda doucement Andrea.
“Pardon?” répondit Lois, atterrée. Est-ce cette femme était vraiment en train de fourrer son nez dans sa vie personnelle ?
“Vous ne devriez pas lui en vouloir.”
Lois sentit sa rage enfler. Andrea ne la connaissait pas. Elle ne savait rien d’elle et de sa relation avec Superman. Comment osait-elle lui dire ce qu’elle devait ou non ressentir?
“Ecoutez. Ce que je ressens n’est pas vos oignons, alors j’apprécierais si…” commença Lois très sèchement.
“Il voulait vous le dire”, l’interrompit Andrea, retenant l’attention de Lois. “Nous l’avons forcé à garder le silence”, continua Andrea. “Il voulait vous le dire. Vraiment. Il ne pouvait pas supporter de vous faire de la peine. Ça l’a démoli. Ça l’a rendu vraiment fou, mais nous ne lui avons pas laissé le choix”
Sa colère contre Superman se dissipait lentement, mais elle se sentait toujours sérieusement blessée.
“Personne ne peut forcer Superman à faire ce qu’il ne veut pas. S’il voulait vraiment me dire la vérité plus tôt, vous n’auriez pas pu l’en empêcher”, répondit Lois amèrement.
“Vous avez presque raison. Il n’y a qu’une façon de contraindre Superman à faire ce que quelqu’un veut lui faire faire. Vous mettre en danger, vous” constata doucement Andrea.
“Pardon?” Lois n’était pas sûre de l’avoir entendue correctement.
“C’était vous qu’Intergang voulait enlever pour le faire chanter. Ils n’étaient pas sur le point de blesser d’innocents inconnus pour forcer Superman à obéir à leurs ordres. Ils étaient sur le point de vous blesser. C’est la seule raison pour laquelle Superman a accepté de collaborer à notre plan. Et c’est pour ça qu’il n’a rien dit. C’était votre sécurité à vous qui était en jeu. Tout ce qu’il a fait, il l’a fait pour vous.”
Lois était hébétée. Elle ne s’attendait pas à ça.
“Il vous aime, vous savez”, reprit Andrea après un court silence.
Lois sourit tristement.
“Vous savez, il y a quelques jours, j’aurais été aux anges d’entendre ça. Mais… J’ai quelqu’un d’autre dans ma vie maintenant. C’est un type génial, et je l’aime vraiment. C’est trop tard pour Superman”, dit Lois.
Andrea parut un peu déçue.
“C’est dommage. Vous savez, je vous ai vu très souvent avec Superman durant l’année qui vient de s’écouler. Et vous paraissiez tous les deux très amoureux l’un de l’autre. J’aurais été contente de savoir que vous étiez finalement ensemble.”
“Eh bien, ça n’arrivera pas”, répondit Lois. “J’ai déjà trouvé mon Prince Charmant.”
“Alors j’espère que vous serez heureuse avec lui. Et j’espère aussi de toute façon que vous n’êtes plus furieuse contre Superman pour vous avoir menti. Ça l’a blessé profondément, lui aussi.”
A sa grande surprise, Lois réalisa qu’elle ne lui en voulait plus. La douleur n’avait pas complètement disparu — bien sûr que non — mais les mots d’Andrea avaient eu un effet apaisant sur ses sentiments blessés. Elle l’en remercia d’un sourire.
Lois était maintenant plus confortable avec toute cette situation, et n’était plus aussi impatiente qu’avant de mettre un terme à l’interview. C’était un énorme scoop. Elle ne pouvait pas le bâcler.
“Euh… Je viens de réaliser qu’il y a toujours quelques aspects de l’histoire que je n’ai pas encore couverts dans l’interview. Ça vous gêne si je vous pose quelques questions de plus, tout compte fait?” demanda Lois en changeant de sujet.
“Ça ne me gêne pas. Allez-y.”
Lois profita d’avoir Andrea seule dans la pièce pour la questionner sur les aspects de la situation qui l’avait touchée personnellement. Cela pourrait être intéressant d’écrire l’article de son point de vue à elle, plutôt que de se concentrer sur Superman, comme toujours.
Elle lui posa des questions sur comment ça avait affecté sa vie quotidienne et sa vie professionnelle d’être perçue par tout le monde comme la femme de Superman. Elle lui posa des questions sur l’attaque de sa voiture de police et sur son enlèvement. L’affreuse marque sur son visage étant un triste rappel de ce qui était arrivé la nuit précédente. Heureusement, elle était indemne, excepté pour quelques bleus.
Leur conversation dura longtemps, et glissa peu à peu vers des sujets personnels. Lois fut surprise de réaliser qu’elle appréciait en fait beaucoup Andrea. C’était une personne sympathique, avec un fort sens de l’humour. Mais elle était aussi très seule, parce qu’elle avait choisi de faire de son travail la grande priorité de sa vie. Elles avaient beaucoup de choses en commun. Lois commença à penser à elle comme à une amie potentielle. C’était étrange de se souvenir que quelques jours plus tôt, elle la haïssait complètement.
Il prit à Clark plus d’une heure pour revenir de son sauvetage. Il revint en tant que lui-même, pas en tant que Superman, et fut surpris de voir que Lois et Andrea étaient toujours en train de discuter dans la salle de conférence. Il s’arrêta pour les regarder quelques secondes.
Lois sembla le sentir. Elle tourna la tête et regarda dans sa direction. Elle le vit et sourit. Elle était heureuse de le voir.
Clark sentit son cœur fondre quand elle lui sourit. C’était le sourire d’une femme amoureuse, et ce sourire lui était destiné, à lui. Il n’était toujours pas habitué à l’idée qu’elle l’aimait. C’était trop fabuleux pour être vrai. Il repoussa rapidement la pensée qu’il devait toujours lui révéler son secret.
Clark vit Lois dire quelque chose à Andrea, puis les deux femmes sortirent de la salle de conférence. De toute évidence, Lois avait mis un terme à l’interview dès qu’elle l’avait aperçu. Elles vinrent vers lui, et Lois fit les présentations.
“Andrea, voilà Clark Kent, mon partenaire. Clark, c’est Andrea Flynn, l’officier de police qui a prétendu être mariée à Superman.”
“Bonjour. Ravi de vous connaitre.”
“Oui. Moi aussi. Eh bien… Je dois y aller. Au revoir Lois. Mr Kent.” dit Andrea avant de se diriger vers les ascenseurs.
Clark était étonné. Une heure plus tôt, quand il les avait laissées seules, Lois était presque hostile, et elles se disaient “Agent Flynn” et “Mademoiselle Lane” quand elles s’adressaient l’une à l’autre. Et à présent, c’était “Andrea” et “Lois” et elles semblaient être de vieilles amies. Il ne l’aurait jamais cru s’il ne l’avait pas vu de ses propres yeux.
“Alors, Clark. Où étais-tu?” demanda Lois dès qu’Andrea les quitta.
“Je… euh… Mon voisin. Il est… en vacances. Je lui ai promis d’arroser ses plantes”, répondit Clark en bégayant.
<Lamentable, Clark ! Réfléchis !> se réprimanda-t-il lui-même. Mais rien de mieux ne lui était venu à l’esprit quand Lois lui avait posé la question.
“Tu étais en train d’arroser les plantes de ton voisin?” répéta Lois incrédule. “Tu es parti presque deux heures, Clark !”
“Je… C’est à cause de son chat. Je… je dois le nourrir aussi. Et… Il s’est échappé. J’ai eu du mal à le retrouver”, expliqua Clark encore plus lamentablement.
Lois gloussa.
“Tu sais, Clark. Parfois, tu donnes vraiment l’impression que tu mènes une double vie et que tu essaies de la garder secrète”, constata Lois.
Près des ascenseurs, Andrea fixait Clark, incrédule. Lui et Lois s’étaient maintenant éloignés, allant vers leurs bureaux, et elle ne pouvait plus entendre leur conversation. Ça n’avait aucune importance de toute façon: la conversation était apparemment passée sur des sujets professionnels puisque Lois était en train de lui montrer ses notes.
Mais c’était la partie de la conversation qu’elle avait entendue alors qu’elle s’éloignait qui l’avait tellement choquée.
La façon dont Clark avait bégayé quand il expliquait à Lois ce qu’il faisait… Non, ce n’était pas possible ! Elle avait souvent entendu cette façon de babiller ces derniers jours, mais elle venait juste de rencontrer Clark Kent pour la première fois.
Elle le fixa attentivement. La façon dont il regardait Lois, avec amour. Elle avait vu le même regard sur le visage de Superman, également lorsqu’il regardait Lois…
Son visage… Tellement identique aussi.
Le jour où Superman avait laissé échapper qu’il avait des parents, et avait tout de suite paniqué à l’idée qu’elle puisse le répéter à quelqu’un, elle avait compris qu’il n’était probablement qu’un type normal avec une vie normale quelque part. Mais le rencontrer en costume-cravate, avec des lunettes… ce n’était pas pareil que de l’imaginer. Mais combien y avait-il de chances de rencontrer deux hommes attractifs, peu sûrs d’eux, bégayants, et qui se ressemblaient tellement? Et amoureux tous les deux de Lois Lane ? Ça devait être lui.
Andrea gloussa. Elle avait été triste pour Superman quand Lois lui avait dit qu’elle avait tourné la page et qu’elle était tombée amoureuse d’un autre homme. Quand elle avait vu Lois regarder et sourire à son partenaire, elle n’avait pas douté une seconde qu’il était l’autre homme. Et en fin de compte… Lois était la petite amie de Superman. Mais elle ne semblait pas en être consciente.
Elle entra dans les ascenseurs en souriant. Elle ne dirait jamais son secret à personne. Superman, ou Clark Kent, qui qu’il soit, était un homme bien. Il méritait son intimité.
***
A la fin de la journée, Lois et Clark étaient en chemin pour aller chez lui. Ils voulaient passer une agréable soirée ensemble pour compenser leur séparation de la nuit précédente.
Ils entrèrent dans l’ascenseur, et dès que les portes se refermèrent, Lois prit sa main et s’approcha pour l’embrasser. Elle ne se sentait pas encore assez confortable avec leur relation pour démontrer ses sentiments en public, surtout devant leurs collègues. Elle lui en avait parlé le premier matin après lui avoir avoué ses sentiments, mais elle avait de la chance, il était un homme très compréhensif et patient.
Une petite sonnerie leur signala que l’ascenseur avait atteint le rez-de-chaussée, et ils se séparèrent.
Tandis qu’ils sortaient du bâtiment et qu’ils entraient dans un taxi, Lois se remémorait le peu de temps qu’elle avait passé avec Clark depuis le changement de leur relation. Cette première nuit, quand ils avaient passé des heures à s’embrasser. La veille, quand il avait suggéré de rentrer plus tôt…
“Clark, de quoi voulais-tu me parler ?” demanda brusquement Lois, se souvenant juste qu’il voulait rentrer plus tôt pour lui dire quelque chose.
“De quoi tu parles, Lois ?” demanda Clark, sans comprendre.
“Hier. Tu m’as dit que tu avais quelque chose d’important à m’annoncer.”
Clark resta silencieux, hébété. C’était là. Il devait lui dire ce soir. Pas maintenant, ils étaient dans un taxi, mais dès qu’ils seraient dans son appartement.
<Mais je ne suis pas prêt ! Je n’ai même pas eu le temps de réfléchir au meilleur moyen de lui avouer ! Oh mon Dieu ! Mais comment je fais ça ?> paniqua-t-il.
Il resta silencieux un peu trop longtemps, alors Lois décida le pousser un peu.
“Clark, tu as dit que tu voulais parler à propos d’un sujet très sérieux”, insista-t-elle.
“Oui. En fait, j’ai vraiment besoin de te dire quelque chose, Lois”, répondit Clark, sa voix lui revenant quand sa panique fut sous contrôle. “Mais… On parlera en privé”, ajouta-t-il avec un regard discret vers le chauffeur de taxi.
“Oh. D’accord.”
Lois était perplexe. De quoi voulait-il parler, en privé ? Il était nerveux depuis qu’elle lui avait demandé ce qu’il avait à lui dire, tout comme il était nerveux la première fois qu’il avait abordé le sujet. C’était surprenant. Elle devint impatiente d’entendre ce qu’il avait à dire, quoi que ça puisse bien être.
Il lui avait déjà dit qu’il n’était pas sur le point de la quitter. Sauf s’il avait changé d’avis, s’amenda-t-elle mentalement.
<Non ! Il n’a pas changé d’avis !> Lois se gifla mentalement. <D’accord. Qu’a-t-il dit d’autre?>
Il avait dit que c’était un sujet sérieux, mais pas une mauvaise chose. Il a dit qu’il espérait qu’elle verrait même ça comme une bonne chose. Mais ça le rendait terriblement nerveux. Il l’avait même admis. Qu’est-ce que ça pouvait être?
<Oh mon dieu, non ! Sûrement qu’il n’était pas sur le point de… faire sa demande, si ? Oh mon dieu ! C’est trop tôt ! Mais comment dire non sans le blesser ? Tout pourrait être fini si je fais ça ! Oh mon dieu !>
Quand le taxi atteint finalement l’appartement de Clark, Lois était aussi nerveuse que Clark. Ils s’assirent sur le canapé, et Clark commença à parler, très vite.
“Je t’aime. Je n’ai jamais voulu te blesser. Je n’aurais jamais fait ce que j’ai fait si j’avais eu le choix, je te le jure. Je ne voulais pas. Je t’en prie, pardonne-moi”, supplia Clark, oubliant presque qu’elle ne savait pas encore la vérité.
“Clark, tu me fais peur”, répondit Lois. “Tu as dit que je pourrais le prendre comme une bonne chose, mais j’ai l’impression au contraire que tu as fait quelque chose de vraiment horrible ! Qu’est-ce que tu as fait, Clark ?” demanda-t-elle, craignant d’entendre sa réponse.
Il prit une profonde inspiration et le lui dit.
“Lois. Je suis Superman.”
Elle le fixa sans aucune réaction. Il enleva les lunettes, et commença à déboutonner sa chemise, mais avant qu’il ne puisse lui montrer son emblème, elle se releva rapidement et courut jusqu’à la porte.
“Lois !”
Remettant ses lunettes sur son nez, il la suivit.
“Lois, je t’en prie ! Pardonne-moi ! Lois !” supplia Clark.
Comme elle continuait de courir sans se retourner, il s’arrêta. Il savait qu’elle serait encore plus furieuse s’il essayait de la rattraper. Elle avait besoin de temps pour se calmer et digérer le choc avant qu’ils ne puissent en parler.
Soupirant de frustration, il retourna dans son appartement, la laissant s’enfuir loin de lui.
***
Quand Lois rentra chez elle, elle pleurait à chaudes larmes. Ce salopard ! Comment avait-il pu ? Il était vraiment le pire homme qu’elle n’ait jamais connu !
Il lui avait menti. Il l’avait dupée. Il s’était amusé à ses dépens !
Séchant ses larmes, elle alla dans la cuisine et prit un pot de crème glacée dans le congélateur, puis s’assit sur son canapé pour la manger. Rapidement, elle se remit à pleurer, de rage. Il s’était moqué d’elle pendant plus d’un an ! Elle ne s’était jamais sentie aussi humiliée de toute sa vie. Etait-il possible d’humilier quelqu’un plus que ça ? De faire souffrir quelqu’un plus que ça ? Est-ce qu’il avait pris plaisir à la faire souffrir? A quel point elle le haïssait !
Elle commença à pleurer de plus en plus fort, en mangeant sa crème glacée, ressassant tout ce qui s’était passé depuis qu’elle l’avait rencontré l’année précédente, et davantage encore, tout ce qui s’était passé durant cette dernière semaine.
Après quelques heures, elle se calma un peu et commença à y penser plus rationnellement. Elle se souvint de ce qu’Andrea lui avait dit plus tôt: “Tout ce qu’il a fait, il l’a fait pour vous.” Es-ce que c’était vrai ?
Elle repensa à ce qui s’était passé durant la semaine. Perry lui avait annoncé le mariage de Superman, puis, alors que toute la salle de rédaction la regardait en espérant la voir s’effondrer, Clark était à ses côtés pour la soutenir.
Il l’avait laissée aller seule à la conférence de presse. Evidemment. Mais alors, il avait joué le rôle du mari parfait devant elle ! Elle sentit une nouvelle vague de rage l’envahir à ce souvenir. Pourtant, Andrea lui avait dit qu’il l’aimait. Peut-être était-elle tellement absorbée par sa peine qu’elle avait manqué quelques indices montrant qu’il n’appréciait pas tant que ça de jouer au mari et à sa femme avec Andrea ?
Mais alors, juste après la conférence de presse, quand elle s’effondrait, il était là pour la soutenir. Il la réconfortait pendant qu’elle pleurait sur son épaule. Il l’avait fait souvent dans les jours qui avaient suivi. Elle ne pouvait pas nier qu’il avait été là pour elle quand elle avait eu besoin de lui.
Elle sentit sa colère fondre un peu en se souvenant comment Clark avait pris soin d’elle. Pendant des jours, il l’avait soutenue. Il s’était vraiment soucié d’elle. “Tout ce qu’il a fait, il l’a fait pour vous.” Considérant la façon dont Clark avait agi avec elle, c’était probablement vrai. Elle était de moins en moins en colère contre lui.
Il avait vraiment passé tout son temps avec elle. Et elle était tombée amoureuse de ce gars qui avait toujours mis ses besoins à elle avant les siens. Pouvait-il vraiment être le même type qui lui avait menti et l’avait fait pleurer comme personne avant lui ?
“ça l’a blessé profondément, lui aussi.” Lois entendit encore la voix d’Andrea. Et elle devait bien admettre qu’il paraissait vraiment déprimé chaque fois qu’elle pleurait à cause de sa supercherie. Il aurait pu lui dire n’importe quand, pensa-t-elle avec une nouvelle montée de douleur. Il ne l’avait pas fait, mais elle ne pouvait pas nier que, quoi que ses raisons aient pu être de continuer à faire semblant avec elle, ça le rendait malheureux également.
Il avait été tellement fabuleux durant ces derniers jours. Elle était tombée amoureuse de ce gars-là. Dommage qu’il soit aussi ce menteur…
<Il t’a avoué la vérité> la contredit sa conscience.
“ Il vous aime, vous savez.” Lois entendit de nouveau la voix d’Andrea. Et elle ne pouvait pas nier ça non plus. Clark le lui avait dit encore et encore depuis qu’ils s’étaient avoué leurs sentiments. Mais ce n’était pas ce qui la convainquait de sa sincérité. Elle savait que c’était vrai à cause de la façon dont il s’était occupé d’elle, et du fait qu’il était resté avec elle quand elle avait besoin de lui. Elle savait que c’était vrai grâce aux émotions qu’elle avait pu lire dans ses yeux quand elle lui avait avoué ses vrais sentiments.
“Je t’aime. Je n’ai jamais voulu te blesser. Je n’aurais jamais fait ce que j’ai fait si j’avais eu le choix, je te le jure. Je ne voulais pas. Je t’en prie, pardonne-moi.”
Cette fois-ci, c’était la voix de Clark dont l’écho se fit entendre dans son esprit. Et elle sut. Il était amoureux d’elle, et elle était amoureuse de lui. Alors, pourquoi était-elle seule dans son appartement ? C’était un type merveilleux, même s’il n’était pas parfait. Mais elle avait besoin de lui dans sa vie. Elle savait qu’elle avait besoin de lui. Et le fait qu’il soit Superman n’était en fin de compte qu’un bonus. Résolue, elle quitta son siège et s’en alla directement à l’appartement de Clark.
Elle frappa à la porte et attendit anxieusement quelques instants avant que la porte ne s’ouvre. Elle remarqua immédiatement ses yeux rougis. Il semblait qu’il avait pleuré lui aussi depuis qu’elle l’avait quitté quelques heures plus tôt. Son cœur fondit à cette preuve évidente de ses sentiments pour elle. Il paraissait surpris de la voir.
“Lois ?”
“Ça fait mal, Clark. Ce que tu m’as fait, c’était très mal”, lança-t-elle immédiatement.
“Je sais. Je suis tellement… tellement désolé, Lois. Si je pouvais, j’effacerais toute la peine…” répondit Clark sur un ton suppliant. Il voulait tellement qu’elle lui pardonne.
“Je sais et… je comprends”, lui dit doucement Lois. “Ça ne veut pas dire que je ne suis plus en colère contre toi”, ajouta-t-elle plus sèchement. “Mais… Je crois que… Ce que j’essaie de dire, c’est que… je t’aime toujours quand même.”
Il la regarda avec un nouvel espoir naissant dans son cœur. “Je t’aime aussi, Lois”, déclara Clark solennellement.
“Je peux te pardonner, Clark.” Heureux, il l’embrassa, mais elle se recula rapidement. “Cette fois-ci”, ajouta-t-elle sur un ton menaçant.
“Il n’y aura pas d’autre fois, Lois. Je te le jure. Je ne te briserais plus jamais le cœur. Je ne te mentirai plus jamais”, promit-il. “J’ai eu tellement peur de t’avoir perdue. Je veux juste qu’on vive heureux.”
C’était la promesse qu’elle voulait entendre. Elle l’embrassa en retour, acceptant le futur qu’il lui offrait.
FIN.
Disclaimer : J’ai utilisé sans vergogne des scènes et des dialogues de la série TV Lois & Clark, les nouvelles aventures de Superman, dans l’écriture de cette fanfic. Cette série ne m’appartient pas (je le regrette !), mais j’aime jouer avec.
Je me suis inspire d’un episode de “The Adventures of Superman” avec Georges Reeves pour écrire cette histoire. J’ai même emprunté le titre de l’épisode. Donc toutes les ressemblances ne sont pas dûes au hasard…